Energies : et la biomasse maritime dans tout ça ?
On le sait : les ressources fossiles sont limitées dans le temps et leur combustion génère un impact négatif sur l'environnement, la faute aux émissions de CO2 qui en résultent. On le sait également, l'alternative à ces énergies se trouve dans l'exploitation de la biomasse. Problème : la biomasse utilisée aujourd'hui, comme le blé et le maïs, est également une ressource alimentaire mondiale dont la demande est forte et la production limitée. Afin de ne pas créer de déséquilibre, il est donc nécessaire de développer des méthodes de production alternatives, spécifiquement destinées à la production énergétique. Et si on allait faire un tour sous l'eau ?...
C'est ce qu'a fait une équipe de chercheurs danois de l'Institut National de Recherche Environnementale (NERI-DMU), qui travaille actuellement sur un projet étudiant la laitue de mer (Ulva lactuca) comme nouveau matériau potentiel pour la production de bioénergie. Les premiers résultats sont assez prometteurs. D'abord, les estimations ont montré qu'il est possible de produire 700 fois plus de biomasse par hectare comparé à un champ de blé traditionnel. De plus, cette macro-algue a une croissance très rapide et contient un pourcentage plus élevé d'hydrates de carbone comparé au blé, qui est le substrat utilisé actuellement pour la production de bioéthanol. Le potentiel est là... Il n'y a plus qu'à...
L'ulva et les espèces liées sont largement répandues dans la plupart des régions du monde et sont souvent dominantes dans des zones eutrophiques où elles posent (gros) problème aux écosystèmes locaux. Dans les zones à très fort taux de biomasse, ces algues pourraient donc être cultivées et utilisées pour la production de bioéthanol, résolvant ainsi un problème environnemental.
L'objectif du projet des chercheurs est maintenant d'acquérir les connaissances et les techniques optimales pour la production et la fermentation de cette biomasse. Etape suivante : développer des plateformes de production de cette algue, qui utiliseraient le CO2 excédentaire produit par les centrales électriques et l'engrais. Avantage notable : ces cultures sous-marines permettraient d'augmenter considérablement la production de biomasse au Danemark, celle-ci étant à l'heure actuelle très limitée, faute de surfaces cultivables disponibles. La laitue de mer semble donc avoir de beaux jours devant elle...