Energies renouvelables : le plus dur est devant nous
Pour les professionnels, l’affaire est entendue : le plus dur reste à faire ! De fait, les dirigeants des 27 pays européens se sont fixés l'objectif "contraignant" de parvenir à 20% d'énergies renouvelables dans l'Union européenne d'ici 2020, contre 6,5% actuellement. Cet objectif est présenté comme étant « ambitieux » ; André Antolini, qui préside le Syndicat des énergies renouvelables (SER), n’y va d’ailleurs pas avec le dos de la cuillère lorsqu’il affirme qu’il « va falloir se retrousser les manches pour le tenir car on n'a pas progressé depuis des années »...
« Si la production a augmenté dans certains pays, leur part dans le bouquet énergétique global est restée pratiquement inchangée compte-tenu de l'augmentation de la consommation. Parvenir à l'objectif de 20% suppose de tripler la production actuelle des grands pays qui sont aussi les plus gros consommateurs - Espagne, France, Allemagne, Italie, Pologne et Allemagne -, actuellement autour de 5 et 6 % d'énergies renouvelables », a fait valoir le président du SER qui ajoute que le Royaume Uni, pour ne citer qu’un exemple, se situe autour de 1,5.
« Dans le secteur électrique, il va falloir développer résolument l'éolien et arrêter de chipoter; il faut aussi reconsidérer l'hydraulique à la hausse et développer le solaire photovoltaïque… Il faudra impérativement et rapidement développer la chaleur collective - eau chaude et chauffage - d'origine forestière et de la biomasse en général», … Et dans ce domaine, « il revient aux poids-lourds que ont le Danemark, le Portugal, l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie, la Grèce, la Pologne et l' Angleterre, de parvenir voire de dépasser l'objectif de 20% pour que l'UE les tiennent. Mais ce seront alors des centaines de milliers d'emplois créés », a-t-il assuré en indiquant qu'à moins de 7% d'énergies renouvelables au sein de l'UE, le secteur a déjà généré plus de 200.000 emplois.
L'argument sera t-il entendu par l'ensemble des pays européens? Nul ne le sait; une chose est sûre, c'est que l'exploration des énergies renouvelables de toutes sortes n'est tirée aujourd'hui que par une poignée de pays en dépit des efforts de l'exécutif européen qui a déjà tenté de promouvoir ces énergies. Pour mémoire, il y a 6 ans, il s'était même fixé pour objectif d'arriver à 12% de part d'énergies renouvelables d'ici 2010.
Mais cet objectif ne sera pas atteint et la part ne dépassera pas 10%, constatent les experts de la Commission, qui mettent en avant le "coût élevé" des investissements et « la complexité, la nouveauté et du caractère décentralisé » des énergies renouvelables.
La Commission remarque d'ailleurs que les progrès réalisés sont essentiellement « le résultat des efforts de quelques Etats membres ayant fait preuve de détermination ».
Il existe également un décalage important entre les secteurs. Par exemple, l'électricité a enregistré « une croissance vigoureuse » dans l'UE ces dernières années, et pourrait s'approcher du but communautaire fixé, peut-être à 19%. Seuls l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la Hongrie, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède, soit 9 pays seulement, sont en passe d'atteindre l'objectif national qu'ils s'étaient fixé. Dans le secteur du chauffage et du refroidissement, non seulement les énergies renouvelables représentent aujourd'hui moins de 10% de la consommation, mais en outre, elles progressent très peu. Et le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso de conclure que « l'heure n'est pas à l'autosatisfaction » et que « la majorité des Etats membres restent très en retard dans leurs efforts ».