Energies renouvelables : l'Europe affiche ses ambitions
Avec les prix records du pétrole, le développement de sources d’énergies alternatives aux énergies fossiles s’impose comme une urgence. Comme chacun le sait, le vent, le soleil, la pluie, la chaleur géothermique sont renouvelables ; et ils n’émettent pas de gaz à effet de serre. En mars 2007, les dirigeants européens ont adopté un plan énergétique ambitieux : non seulement les émissions de GES devraient être réduites de 20% d’ici à 2020, mais la part des énergies renouvelables devrait, elle aussi, atteindre 20% de la consommation énergétique totale de l’Europe...
Le 23 janvier dernier, la Commission européenne a donné suite à ces objectifs ambitieux en présentant une proposition législative visant à promouvoir les énergies renouvelables, que ce soit dans le secteur de l’électricité, du chauffage ou des biocarburants. Selon le projet présenté, chaque pays aura des objectifs nationaux et les sources d’énergies renouvelables devront disposer d’une garantie d’origine. Au Parlement européen, c’est le député luxembourgeois Claude Turmes (Verts/ALE) qui sera l’auteur du rapport sur la proposition législative.
La part actuelle d’énergies renouvelables dans la consommation des pays européens varie grandement : Malte ne tire aucune énergie de sources renouvelables, tandis que 39% de l’énergie consommée de Suède provient du solaire, de l’éolien ou du géothermique. Pour parvenir à l’objectif de 20% au plan européen, les efforts de chaque pays devront donc être différenciés : chacun aura des objectifs nationaux annuels à atteindre. "Dans la proposition législative, les objectifs nationaux sont très bien définis", a indiqué M. Turmes, après analyse des chiffres proposés. Mais lors du vote sur cette proposition à l’automne prochain, les membres du Parlement européen devront s’abstenir, selon lui, "de se transformer en lobbyistes de leurs intérêts nationaux : nous devrons défendre les intérêts européens."
Toujours selon le député luxembourgeois, l'objectif de 10% de biocarburants dans les transports européens d’ici à 2020 doit être abandonné au vue des dernières études scientifiques : "Les récoltes annuelles de betteraves et de blé ont un très mauvais bilan en terme d’émission de CO2", explique-t-il. L’euphorie initiale envers les biocarburants s'est d'ailleurs transformée en une approche beaucoup plus prudente (voir notre article : Biocarburants : vers la fin du conte de fées...). Cependant, la Commission européenne "n’a pas eu le courage d’abandonner" cet objectif de 10% dans ses propositions : le Parlement européen devra donc soutenir sa suppression de la proposition législative. Pour autant, la biomasse pourrait être utilisée efficacement dans les systèmes de chauffage et d’électricité, défend Claude Turmes. La Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie devrait se prononcer en juin prochain.