Enjeux et stratégies sur le marché de la gestion des déchets
Cette nouvelle étude, 349 pages, éditée par Xerfi-Précepta propose un scénario prévisionnel sur l'activité des spécialistes de la gestion des déchets d'ici 2020, et une analyse financière selon les segments que sont la collecte, le recyclage, l'enfouissement, et l'incinération. Elle analyse aussi, les enjeux et leviers d'action des délégataires privés illustrés par des exemples concrets et dresse un inevtaire comparatif des principaux ratios de performance des 200 premières sociétés de gestion des déchets... Le document dresse également les conséquences du ralentissement macro-économique et de la restriction des importations de déchets par le gouvernement chinois sur le secteur, tout en inventoriant les implications de la montée en puissance des éco-organismes au sein de la filière des déchets sur le jeu concurrentiel. Enfin, l'étude s'interroge sur le dynamisme des créations de start-up spécialisées dans les déchets et esquisse le modèle d'affaires de demain.
Le marché entre dans un moment charnière...
Il est dans l'ordre des choses que les entreprises investissent ; confrontés à la restriction des importations chinoises de déchets noramment,les recycleurs doivent en effet améliorer encore le taux de recyclabilité mais aussi la qualité des matières premières recyclées pour faciliter les débouchés de ces MPR. Par ailleurs, les cartes du jeu concurrentiel sont en passe d'être redistribuées avec la remise en concurrence de nombreux contrats de délégation de service public, notamment sur le segment de l'incinération. Forts de leur savoir-faire dans la gestion des ressources humaines, des acteurs à l'image de Nicollin, Pizzorno ou Séché, sont en première ligne pour remporter un certain nombre d'appels d'offres. A cela s'ajoute une concentration du marché, vouée à se renforcer face à la position toujours plus centrale des éco-organismes. Bien conscients des mutations en cours, les leaders de la valorisation et du recyclage des déchets, tels que Suez et Veolia, Derichebourg et Paprec, misent plus que jamais sur la technologie afin de concevoir les services innovants et s'intégrer ainsi pleinement dans la ville intelligente et l'économie circulaire. Dès lors, à quelles évolutions de la concurrence faut-il s'attendre à moyen terme ? Et quelles sont les réelles perspectives de croissance du marché à l'horizon 2020 ? Les questions sont posées.
Comment va évoluer l’activité des professionnels des déchets en France ?
Après une forte augmentation en 2017 et 2018, en lien avec la reprise économique et l’envolée des prix des matières premières secondaires, l’activité dans la filière française des déchets (collecte, traitement et recyclage) plafonnera à l’horizon 2020. Dans le détail, nous prévoyons une hausse du chiffre d’affaires de 2% en 2019 puis un repli de 1% en 2020 (à comparer à une augmentation de presque 6% en 2018 selon nos estimations). En résumé, c’est la fin d’un cycle haussier pour la filière tricolore de la gestion des déchets, entamé en 2017. Les principaux moteurs de la croissance vont en effet s’essouffler. Le contexte macro-économique se détériorera, notamment dans le secteur de la construction, entraînant une stagnation de la production de déchets. Par ailleurs, la fermeture de la Chine aux importations de déchets (notamment des matières les plus difficiles à recycler) constituera un choc externe négatif pour l’ensemble de la profession à court terme. Les recycleurs seront contraints de limiter le volume de déchets traités en raison de la réduction des débouchés et de l’allongement des phases de traitement (tri et lavage supplémentaire) pour répondre aux attentes en matière de qualité exigée par les industriels. Quant aux prix des matières recyclées, ils continueront de refluer en raison de l’assèchement de la demande chinoise et du ralentissement économique mondial. Dans ces conditions, l’activité du recyclage sera orientée à la baisse en 2019 et 2020 tandis que le chiffre d’affaires dans la collecte des déchets sera stable sur la période, d’après nos prévisions. Grâce à un environnement réglementaire porteur, le compostage et la méthanisation resteront en revanche des segments en forte croissance.
Dépasser le modèle économique traditionnel fondé sur les volumes est donc un impératif ?
Aujourd’hui, l’innovation s’impose comme l’enjeu majeur pour l’ensemble de la filière des déchets, dans la collecte comme dans le traitement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si des groupes tels que Veolia, Suez ou Paprec, construisent leur business model autour de l’ingénierie. Ils ont ainsi massivement investi en R&D pour concevoir et développer de nouveaux services aux industriels. Grâce à la data et aux objets connectés, de nouvelles solutions émergent. Celles-ci permettent par exemple de mesurer en temps réel le taux de remplissage des conteneurs, réduisant au passage les coûts du service et son impact environnemental. Le nombre de jeunes pousses qui tentent également de percer dans la collecte, le traitement ou le recyclage n’a jamais été aussi important. Tributerre a ainsi élaboré un compostmètre, un appareil connecté pour aider les particuliers à fabriquer du compost à partir de leurs propres déchets organiques. Même les collectivités affichent des exigences en matière technologique dans leurs appels d’offres. A ce titre, la ville intelligente constitue un axe de développement majeur pour les leaders de la profession.
Quel rôle les éco-organismes vont-ils jouer à l’avenir dans la filière ?
Reposant sur le principe du pollueur-payeur, et donc sur la REP, ils collectent les éco-contributions des producteurs mais aussi des importateurs et distributeurs des produits concernés pour contribuer à la prévention et à l’élimination des déchets des secteurs respectifs. A but non lucratif, ils ont néanmoins construit peu à peu des rapports de forces avec les collectivités et les gestionnaires de déchets pour obtenir le meilleur taux de recyclabilité à moindre coût. Ils font donc pression sur les prix des spécialistes de la collecte et du traitement des déchets des entreprises. Et au lieu de traiter avec une myriade de clients, ils ont désormais face à eux des organismes en charge des éco-contributions d’une centaine à plusieurs milliers d’entreprises. Au-delà, un mouvement de regroupement des éco-organismes a été engagé en 2017 avec la fusion d’Eco-emballages et Ecofolio pour donner naissance à Citeo, premier contributeur privé au financement de la collecte et du traitement des déchets récupérés via les collectes sélectives. Une tendance qui devrait persister à l’horizon 2020. Enfin, ces éco-organismes ambitionneront certainement à l’avenir de prendre en charge les déchets le plus en amont possible, se substituant ainsi aux collectivités locales. En clair, ils pourraient bel et bien gérer directement le tri et le négoce des matières recyclées. Dans une telle hypothèse, les plus petits acteurs du traitement des déchets se retrouveraient rapidement en difficulté et une concentration du secteur deviendrait inéluctable.