ENVIE d'une nouvelle filière d'économie circulaire... C'est parti!
Les dépenses de santé sont passées en France de 2,5 à 9 points de PIB entre 1950 et 2015 (1). Et pourtant... De plus en plus de personnes ne peuvent s’équiper en matériel médical, indispensable à la compensation d’un handicap ou la perte d’autonomie. De plus, le système actuel de financement et d’attribution des aides techniques coûte cher : à la Sécurité Sociale, d'une part, car il est basé sur un système d’acquisition définitive des aides techniques neuves sans possibilité de les réutiliser si les usagers n’en ont plus l’utilité (évolution du handicap, décès…), mais aussi aux bénéficiaires, d'autre part, puisque le montant du reste à charge, après remboursement de la Sécurité sociale et des éventuelles complémentaires santé représente en effet 7,3 milliards d’euros sur les 13 milliards d’euros dépensés annuellement en France sur les aides techniques médicales.
C’est sur la base de ces constats que le réseau agit depuis 2015 en s’appuyant sur des sites pilotes à Angers, Rennes, Nancy, Saint-Etienne et Strasbourg mais également au travers d’études de faisabilité soutenues par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie. Il propose désormais une alternative intelligente aux acteurs concernés, autour de trois principes qui relèvent du bon sens, ce que nous ne pouvons que saluer :
Le système de santé ne distribuera plus systématiquement du matériel neuf : chaque matériel pourra servir plusieurs fois en fonction du besoin des utilisateurs,
Le matériel n’appartiendra pas à la personne lorsqu’il bénéfice d’une prise en charge : le bénéficiaire le restituera lorsqu’il n’en aura plus l’utilité,
Le matériel inutilisé sera récupéré, entièrement rénové, aseptisé et remis à disposition du système de santé, suivant des normes de qualité reconnues.
Si l'idée est très intéressante, elle impose des étapes indispensables et interdépendantes pour que soient rénovés ces équipements dans les meilleures conditions. Tout commencera on peut s'en douter, par la collecte puis le tri de ces équipements. De fait, la collecte est centrale, puisqu'elle nécessite à la fois des moyens logistiques, des compétences ainsi que des surfaces de stockage. "Elle s’organise différemment s’il s’agit d’un établissement (EPHAD, hôpitaux) ou d’une collecte chez des particuliers, ou auprès de sociétés de service à la personne. La création d’une filière connue et reconnue agissant pour la réutilisation du matériel médical est un enjeu majeur pour la réussite du développement. Celle-ci doit se faire à partir de chaque territoire et viser aussi bien les établissements locaux que les particuliers. Elle doit s’organiser pour maitriser les coûts". Le tri est tout aussi important dans le schéma : il conditionne en effet, la qualité́ de la rénovation qui exige "une connaissance précise des aides techniques, de la règlementation, de l’usage du matériel et des besoins du territoire".
Après un premier tri effectué à partir de critères "qualité́" et liés de l’état des aides techniques collectées, une procédure de rénovation ou réparation permet d’organiser la remise en état des appareils, les déchets qui en résultent pouvant bénéficier d'un recyclage pour les matériaux qui peuvent être recyclés. Il s’agit de réparer ce qui est en panne, changer les pièces usagées et mettre en œuvre un protocole de test pour garantir le niveau de qualité́ attendu. Le contrôle final vise assure que chaque appareil est conforme à la règlementation et que toutes les fonctionnalités de l’appareil soient maintenues et conformes à l’origine.
A la suite de quoi, il sera procédé à une étape d'aseptisation, un procédé utilisant la vapeur sèche (qui fait référence et se développe aujourd’hui dans le milieu hospitalier et les établissements d’accueil). Le nettoyeur en vapeur sèche est proposé́ par la société́ Sanivap. Ce matériel permet l’utilisation d’une vapeur à 140° avec une pression pouvant aller jusqu’à 6 bars. L’apport conjugué d’eau et d’une grande quantité́ de chaleur provoque la dénaturation irréversible des protéines bactériennes par hydrolyse de liaison.
Une fois ces différentes étapes passées, les équipements sont dispos à la vente ou à la location : le réseau propose un site internet et des espaces d’exposition à ce jour, à Angers, Rennes, St Etienne, Nancy, Strasbourg, et La Roche Sur Yon ; en partenariat avec les professionnels de santé́, les équipes d’intervenants veillent bien évidemment au respect de la règlementation et des règles de bonnes pratiques de distribution de matériel médical.
"Cette nouvelle filière ambitionne de devenir une solution globale d’économie circulaire permettant d’optimiser le système de financement autour de la distribution du matériel médical, d’améliorer l’équipement et l’accompagnement des personnes ", conclut Philippe Robin, Envie précisant que l'inauguration officielle aura lieu le 3 décembre prochain, sur le site d’Envie Autonomie Angers, en présence de Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’Économie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale auprès du Ministre d'État, Ministre de la Transition écologique et solidaire.