Le vélo, ça ne pollue pas mais on ne peut pas en dire autant du Tour de France (sa caravane, ses milliers de suiveurs et ses millions de spectateurs), avec à la clé une empreinte environnementale (et notamment des tonnes de déchets) qui laisse à désirer, un constat qui gâche un peu le paysage, qui agace les collectivités, et que la Grande Boucle tente d'atténuer...
« La prise de conscience date du début des années 2000. On s'est dit à un moment donné qu'il fallait qu'on rende la route et les paysages dans l'état dans lequel on les trouvait », a confirmé Philippe Sudres, directeur de la communication de l'organisation du Tour, en évoquant des photos du Mont Ventoux maculé de déchets ayant fait beaucoup de mal à l'image de la course.
Outre les critiques du public, ces tonnes de déchets provoquaient aussi la « l'exaspération, voire la colère » des collectivités locales « car cela coûtait beaucoup d'argent » de les ramasser, affirme André Bancala, coordinateur de l'Assemblée des départements de France sur le Tour, en rappelant le cas de la Savoie, obligée d'envoyer des agents en rappel le long des falaises pour ramasser papiers gras et bouteilles.
En collaboration avec les départements, autour de 100 000 sacs sont désormais distribués sur les routes durant le Tour et les déchets sont ramassés « le jour même ou à J+1 alors qu'avant on était sur une semaine».
Des zones spécifiques de collecte ont par ailleurs été mises en place depuis quatre ans après les zones de ravitaillement, ou en bas des cols, pour que les coureurs puissent y jeter leurs bidons.
« On s'est dit qu'il était important que les coureurs ne donnent pas l'image de gens qui jettent n'importe quoi n'importe où. C'est un discours qu'on tient désormais dans toutes les réunions avec les directeurs sportifs des équipes », assure Philippe Sudres.
Au delà de la question des déchets, le Tour et ses millions de spectateurs et de téléspectateurs représentent une empreinte carbone de 341 000 tonnes, selon la dernière estimation datant de 2013. Un chiffre qui descend à 22 500 tonnes si l'on ne prend en compte que la caravane, l'organisation, les équipes des coureurs et la presse (à titre de comparaison, l'empreinte carbone de la Coupe du monde de football au Brésil s'élevait à environ 2,7 millions de tonnes). Face à cette situation, le Tour - qui a signé cette année la charte des 15 engagements éco-responsables du ministère des Sports et du WWF visant à limiter l'impact sur l'environnement - « a à la fois une politique de réduction et de compensation », souligne également le directeur de la communication de l'organisation du Tour.
En premier lieu, le Tour tente de réduire le nombre de véhicules sur le parcours en incitant ses équipes au covoiturage et plafonne la vitesse maximale à 80 km/h, détaille-t-il, sans pouvoir donner de chiffres précis sur la réduction des émissions mais en assurant qu'à terme, l'organisation n'excluait pas de recourir à des véhicules électriques. Sur le plan de la compensation, la course s'est associée à un projet dans les forêts du bas du Mont Ventoux, lieu emblématique de la Grande Boucle, et recherche d'autres projets liés à la course. Mais pas question toutefois d'acheter des crédits carbone: « on ne veut pas tomber dans le green-washing! (...) Le maillot vert, on lutte pour l'avoir mais c'est une démarche progressive», conclut Philippe Sudres.
La course fait en outre des études d'impact sur les sites protégés Natura 2000 traversés par la course, évite de les survoler en hélicoptère, met des panneaux à destination des spectateurs et empêche la caravane d'y lancer des « goodies ».