Environnement : manque de crédibilité de la politique française
Suite à l'annonce par le Sénat au mois de mars 2006, du risque pour la France d'être contraint de payer entre 143 millions d'euros et 1,89 milliard d'euros pour manquements constatés à ses obligations communautaires dans le domaine de l'environnement (voir notre rédactionel), une communication devant la commission des finances du Sénat a précisé au début du mois de mai la situation française...
La France n'applique pas correctement le droit communautaire de l'environnement. Elle a déjà dû payer une astreinte de 57,8 millions d'euros, en plus d'une somme forfaitaire de 20 millions d'euros, dans le cadre d'une affaire de pêche dite de "poissons sous taille". Elle s'expose à de fortes pénalités financières. Désormais, on estime le risque financier à une enveloppe comprise entre 109 millions et 1,2 milliard d'euros pour les condamnations forfaitaires au titre de 10 affaires litigieuses.
Il faut changer de méthode. Fabienne Keller, rapporteur spécial des crédits de l'écologie et du développement durable explique cette situation à cause de trois principaux problèmes : une mauvaise appréhension des enjeux lors de l'élaboration de la législation communautaire, des modalités de transposition des directives insatisfaisantes, un pilotage insuffisant lors de l'application des mesures. Elle formule onze propositions.
Sensibiliser les agents publics et développer l'évaluation 1) sensibiliser davantage les agents publics à l'importance du droit communautaire dans le domaine de l'environnement et accroître, de manière générale, leur « culture communautaire sensibiliser davantage les agents publics à l'importance du droit communautaire dans le domaine de l'environnement et accroître, de manière générale, leur « culture communautaire> » ; 2) dès le départ et tout au long de la procédure d'élaboration de la législation communautaire, réaliser des études d'impact, non seulement juridiques mais également budgétaires et organisationnelles - pour l'Etat comme pour les collectivités territoriales - afin de disposer d'une vision claire des enjeux et des difficultés éventuelles ; 3) en aval, développer systématiquement une analyse coûts/bénéfices des mesures communautaires dans le domaine de l'environnement, afin d'apprécier pleinement les effets de la législation communautaire dans ce domaine en aval, développer systématiquement une analyse coûts/bénéfices des mesures communautaires dans le domaine de l'environnement, afin d'apprécier pleinement les effets de la législation communautaire dans ce domaine et d'en tirer les conséquences ; Faire coïncider le temps national et les exigences communautaires 4) se saisir très en amont, dès les livres verts et les livres blancs, des propositions de la Commission , afin de peser réellement sur le cours des débats ; 5) adapter les modalités de transposition des directives, afin d'utiliser pleinement le délai de transposition et de banaliser les transpositions de directives ; Renforcer l'analyse politique des projets de législation, en resserrant les liens entre les institutions 6) conforter la place du Parlement national au sein du processus d'élaboration des textes communautaires, en demandant, par exemple, à chaque ministre de présenter systématiquement les enjeux des propositions de législation communautaire devant la commission compétente et/ou la délégation pour l'Union européenne ; 7) renforcer les relations entre le gouvernement, le Parlement national et le Parlement européen, afin d'établir de véritables relations de travail entre ces trois acteurs, ce que la présence du siège du Parlement européen sur le territoire national devrait favoriser ; 8) associer davantage au processus d'élaboration de la législation communautaire les collectivités territoriales, qui supportent de nombreux coûts résultant de dispositions communautaires dans le domaine de l'environnement : le Sénat, représentant des collectivités territoriales, devrait jouer un rôle majeur en la matière ; Revoir l'organisation actuelle pour assurer une application effective et rapide du droit communautaire de l'environnement 9) renforcer la coordination interministérielle, tant au niveau de la transposition des directives que de l'application des mesures communautaires : dans un contexte de dépendance du ministère de l'écologie et du développement durable vis-à-vis des services d'autres ministères, cet élément est essentiel pour atteindre l'objectif d'appliquer pleinement le droit communautaire ; 10) simplifier l'organisation des polices de l'environnement, aujourd'hui très éclatées simplifier l'organisation des polices de l'environnement, aujourd'hui très éclatées ; 11) assurer, dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), un suivi systématique des actions entreprises par le ministère de l'écologie et du développement durable pour traiter les dossiers faisant l'objet de litiges. |
Aff. C-172/04 Mise en décharge : Infraction 2002/2249 - Arrêt du 15 décembre 2004 Non transposition de la directive 1999/31 du Conseil, du 26 avril 1999, concernant la mise en décharge des déchets. Risque faible. Transposition en cours. Somme forfaitaire maximale : 95 millions d'euros Aff. C-449/03 : Décharge de Saint-Laurent du Maroni Infraction 2001/2127 - Arrêt du 10 mars 2005 Manquement aux obligations résultant des articles 9, 4 et 8 de la directive 75/442/CEE du Conseil relative aux déchets telle que modifiée par la directive 91/156/CEE du fait de l'exploitation de la décharge de déchets ménagers et assimilés de Saint-Laurent du Maroni en Guyane française (absence d'autorisation et d'adoption de mesures permettant d'assurer la valorisation ou l'élimination des déchets sans mise en danger de la santé humaine ni préjudice à l'environnement). Risque fort. Somme forfaitaire maximale : 63 millions d'euros. |
Pour en savoir plus : Rapport de Fabienne Keller