Et deux de moins pour l'Alliance !
L'Alliance pour la Planète est un collectif d'ONG qui a vu jour à la fin de l'année dernière. Elle rassemble près de 80 mouvements associatifs qui militent pour une meilleure prise en compte de la protection de l'environnement . Sa vocation est de dépasser les intérêts de chacun pour avoir plus d'influence et être une force de propositions plus efficace, "face à la toute-puissance des lobbies économiques, en particulier des multinationales, à l'inertie du monde politique". Elle se présente comme une organisation "souple, créative et démocratique". Or, alors que nous sommes en période de préparation pour le Grenelle de l'environnement, on apprend que la Fondation Nicolas Hulot et "Réseau Sortir du Nucléaire" se retirent de l'Alliance...
Dans son communiqué, FNE, la fédération française des associations de protection de la nature et l'environnement, s'empresse de préciser qu'il ne faut pas déduire du départ de ces structures "une quelconque division des associations qui ont des positions de fond communes ". Dont acte. Mais dans ce cas, puisque justement la " vocation première de l’Alliance est l’action, chaque ONG conservant son identité et sa stratégie particulière", il n'est pas donné d'explication précise ou suffisante sur la motivation du retrait des mouvements de Nicolas Hulot, "Réseau Sortir du Nucléaire".
Concernant le départ de Nicolas Hulot, l'Alliance indique simplement que " son type de fonctionnement n’est pas compatible avec la gouvernance associative de l’Alliance ".
Du coup on peut s'interroger : les intérêts des uns sont-ils les intérêts des autres ?
A la fin de son communiqué, FNE déclare qu'elle "souhaite l'union des associations" et assure qu'elle "continuera de participer au Grenelle de l'environnement ".
Yannick Jadot, directeur des campagnes France de Greenpeace et porte-parole de l'Alliance s'exprime sur Internet à propos du Grenelle de l'environnement. Principaux extraits : Quels vont être selon vous les dossiers les plus sensibles ? Incontestablement, les dossiers de l'énergie (économies d'énergie et renouvelables versus programme EPR), de l'agriculture (agriculture bio et réduction des pesticides versus OGM), des transports (transports en commun et ferroviaire versus programme autoroutier) et déchets (réduction à la source, réemploi et recyclage versus incinérateurs) seront les dossiers les plus durs, tant la France s'est empêtrée dans des logiques productivistes depuis plusieurs décennies, en soutien de quelques secteurs industriels très concentrés et finalement peu créateurs d'emplois. D'autres sujets moins médiatiques mais tout aussi importants seront dans la négociation , comme le statut de l'expertise indépendante qui nous fait tant défaut sur les sujets que nous traitons (nucléaire, OGM, toxiques, biodiversité...)
Greenpeace contribue très activement à la construction d'un front associatif au sein de l'Alliance pour la planète, capable de défendre collectivement une plateforme de mesures fortes et pertinentes, indispensables si l'on veut faire face à l'urgence écologique. Nous valoriserons non seulement les avantages environnementaux de nos mesures, mais également leur énorme potentiel en matière de création d'emplois qualifiés, décentralisés et non délocalisables. Pendant et surtout en amont du Grenelle, nous tenterons de mobiliser au maximum l'opinion publique, les experts, les militants, pour que le Grenelle ne soit pas seulement une négociation mais aussi un moment fort d'information, de débat et de mobilisation autour des solutions écologiques. Quelles seront les prochaines étapes du Grenelle de l'environnement ? Le calendrier "Juppé" prévoyait la mise en place de groupes de travail dès la fin juin, comprenant les différentes parties prenantes (Etat, collectivités territoriales, syndicats, patronat, ONG), et chargés d'identifier d'ici la fin juillet les mesures qui devraient être mises sur la tables des négociations lors du Grenelle en octobre. Les mois de septembre de d'octobre devaient être dévolus au débat public et à la négociation elle-même. Au lendemain de la nomination de JL Borloo, nous ne connaissons pas sa vision du Grenelle ni s'il va souhaiter modifier les échéances pour prendre de temps de s'imprégner pleinement des enjeux d'un tel rendez-vous. La nomination de Michel Barnier à l'agriculture est-elle d'après vous "intéressante" sachant qu'il a été précédemment ministre de l'environnement ? Pour la première fois depuis des années, le ministre ne sera peut-être pas le ministre des lobbies les plus productivistes et prédateurs de l'agriculture et de la pêche, mais un ministre qui pourrait davantage être à l'écoute de nos propositions en matière d'agriculture et de pêche durable, respectueuses des écosystèmes et créatrices d'emplois. Mais ce n'est qu'une hypothèse, et c'est sur les actes que nous jugerons JL Borloo et M Barnier. Nous devrions d'ailleurs savoir très rapidement si le ministre de l'agriculture défendra comme ses prédécesseurs les OGM ou bien s'il s'appuiera sur le principe de précaution et la volonté des citoyens en optant pour un moratoire. De plus, appliquera-t-il les décisions européennes de fermer la pêche du thon rouge en Méditerranée au 30 juin ou bien acceptera-t-il que le pillage de cette espèce menacée se poursuive en toute illégalité ? |