Et si le recyclage de la literie reposait sur un matelas d’or ?
Depuis juillet 2012, c’est dans la boîte : les fabricants et distributeurs de produits d'ameublement sont officiellement responsables de la fin de vie de ceux-ci. Pour ce qui concerne la literie, on affiche dans notre pays, 5 millions de sommiers et matelas enfouis chaque année, ce qui signifie 120 000 tonnes annuelles de déchets largement composés faut-il le rappeler, de textiles (coton, feutre et autres fibres), de bois, de métal, et de polyuréthane.
En clair, deux manières de voir ces mêmes objets : déchets encombrants ou assemblages de matériaux recyclables et donc à recycler… puisqu'il est possible de récupérer 85 % de la matière l'industrie automobile ou le secteur du bâtiment et de valoriser 7 % sous forme de bois de chauffe. Vous aurez deviné quelle est la réponse apportée par Recyc Matelas : depuis le 8 janvier 2013, la France dispose officiellement de deux sites dédiés au recyclage des matelas, ce qui fait de la France, un chef de file ou un modèle à suivre, comme on voudra…
Peu à peu, l’oiseau fait son nid…
En 2010 Franck Berrebi et son associé Jérémy Settbon établissent une co-entreprise avec Recyc-Matelas Canada, qui depuis 2007 déjà traite un million d'unités par an sur ses sites de Montréal, Toronto et Miami. Avec une machine adaptée aux produits européens et un site pilote, Recyc Matelas Europe voit le jour… Depuis lors, pas question de s’endormir : il y a tellement à faire…
Parce que d’un autre côté, après avoir réfléchi, deux syndicats français de traitement des ordures ménagères, le Syctom (Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis,Val-de-Marne) et le Setom (Eure) décident de devancer la législation : ensemble, ils décident de lancer le site pilote qui sera installé à Limay dans les Yvelines en octobre 2010. L’entreprise ayant réussi à capter l’attention et un gisement intéressant, elle affiche un certain succès. C’est ainsi que la société Recyc Matelas Europe fait coup double, duplique et installe un second centre à Mortagne-sur-Sèvre en Vendée, lequel a été inauguré en présence du président du Conseil général.
Cette nouvelle unité travaillera en collaboration avec le syndicat de traitement Trivalis et traitera environ 2 500 tonnes de produits par an, pendant 4 à 5 ans. A terme, lorsqu’elle aura atteint sa vitesse de croisière, elle traitera comme sa grande sœur, 300 000 unités par an
Les sites existants occupent environ 3.000 m² et disposent tous deux d’une capacité de traitement de l’ordre de 7 000 tonnes annuelles, soit 300 000 matelas par an ; ils embauchent chacun, en CDI, 25 salariés en ré-insertion professionnelle.
Pas question de s’endormir sous ses lauriers
On ne compte pas en rester là… Il faut dire que depuis l'été 2011 la démarche est soutenue par le fonds responsable et solidaire Bac Partenaires : Recyc-Matelas Europe a prévu d'ouvrir six autres sites dans l'Hexagone d'ici à la fin de l'année 2014, pour se rapprocher des gisements et abaisser les coûts. « Il faut compter environ 800.000 euros par site, pour un retour sur investissement de 4 à 5 ans », précise le boss, Franck Berrebi.
Avec le soutien d’Oseéo, des pouvoirs publics et de collectivités locales, cette nouvelle filière est susceptible de générer des centaines d’emplois directes et indirects en France …
Petit bémol… Aujourd'hui, il en coûte aux collectivités, hôteliers, fabricants et distributeurs de 145 à 170 euros par tonne en passant par Recyc Matelas, contre seulement de 90 à 110 euros par tonne pour l'enfouissement...
Demain, à compter de mars, une éco-taxe sera appliquée au consommateur, aussi, sur le modèle de celle qui existe, par ailleurs, sur l’électroménager…
Quoi qu’il en soit, le marché est européen. Des pourparlers seraient engagés entre Recyc Matelas Europe et la Belgique, l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore les Pays-Bas, laissent clairement entendre les dirigeants de l’entreprise. « Dans la mesure où il est fondamentalement important de bien connaître le pays pour accéder facilement aux gisements, nous étudions notre rapprochement et travaillons ces projets avec d'autres acteurs », a également indiqué Franck Berribi.