Et si le recyclage textile revenait à la mode ?…
A la mode de chez nous… Car enfin : “un éco-organisme textile pour favoriser l’insertion, c’est très bien. Mais c’est en triant les 500 000 tonnes incinérées chaque année que nous pourrons créer des emplois et mieux respecter l’environnement”. Telle est la devise de Mehdi Zerroug, Directeur Général d’Ecotextile
Côté collecte, la France n’est, parait-il, pas en avance…
Alors que la France s’est résolument engagée dans le développement durable, qu’elle est exemplaire en matière de rejets de CO2, de recyclage d’emballages ménagers, de normes de construction…, elle reste très en retard sur le recyclage des textiles usagés.
Le Bénélux (27 millions d’habitants) collecte 150 000 tonnes par an
L’Allemagne (82 millions d’habitants) collecte 700 000 tonnes par an
Les USA (302 millions d’habitants) collectent 1 500 000 tonnes par an
La France (64 millions d’habitants) collecte 100 000 tonnes par an
Avec seulement 100 000 tonnes collectées chaque année, la France ne récupère que 15% des textiles usagés, contre près de 38% pour l’Allemagne.
De plus, seulement 20 millions de Français ont accès à des solutions d’apport volontaire ! Il y a bien sûr la collecte en porte à porte, soutenue principalement par les organisations caritatives. Ce type de ramassage, s’il est générateur de revenus pour les associations, nécessite une logistique et une main d’oeuvre très importante. Il s’appuie donc presque exclusivement sur le bénévolat. La part du porte à porte dans la collecte du textile est en baisse constante depuis les années 90, au profit de la collecte par containers, moins coûteuse et jugée plus pratique par les habitants.
La France compte 36 700 communes. De source Federec (chiffres 2006), moins de 7000 sont équipées de containers de collecte !
Pouvez-vous rapidement retracer l’épopée Framinex ?
Framimex est l’un des acteurs historiques du recyclage textile. Dès 1957, la société distribue des vêtements usagés. Alors que la collecte était pratiquement inexistante en France (seuls les apports volontaires aux vestiaires et récupérateurs chiffonniers existaient), Framimex importait déjà ses vêtements des USA.
Au début des années 60, le développement de la collecte en Allemagne et au Bénélux lui permet de diversifier ses approvisionnements.
Framimex peut alors commencer une activité de tri.
En 1996, la collecte en porte à porte ne suffisant pas à alimenter ses lignes de tri, l’entreprise se lance dans la collecte par containers. C’est la première à le faire en France. Pour cela, elle crée la société Ecotextile. Les deux entreprises deviennent filiales du groupe qui porte le même nom.
En 2000, Framimex investit plus d’un million d’euros dans une unité de triage robotisée.
Cette usine lui a permis de :
Développer sa capacité de tri de 23 à 60 T/jour avec le même effectif de personnel
Améliorer la qualité du tri (85% des textiles valorisés)
Améliorer les conditions de travail de ses collaborateurs
Garantir la traçabilité des volumes traités
Garantir l’absorption des volumes collectés par Ecotextile
Dès lors, 85% des textiles collectés sont recyclés : réemploi des vêtements usagés (43%), valorisation matière des chiffons d'essuyage industriel (30%), recyclage des chiffons pour la récupération de fibres (12%) et valorisation thermique pour les refus de tri (15%)
Les enjeux ne manquent pas ; et il faudra y répondre dès demain …
L’ouverture du marché français à l’importation de vêtements à bas prix et de faible qualité, a entraîné une augmentation du pourcentage de déchets destinés à l’incinération et a provoqué une crise de la filière de la récupération textile.
La création d’ECO-TLC a permis de pérenniser une filière fragilisée par la baisse de qualité des textiles. Ces dernières années, les sociétés de collecte les plus fragiles ont disparu. Seules les sociétés qui assurent également le tri ont supporté la crise du secteur. Elles sont à l’initiative de la création d’ECO-TLC et ont les moyens de relever ces défis.
Aujourd’hui, les métiers du tri et du recyclage ont un rôle majeur à jouer pour l’insertion des personnes non qualifiés ou en difficulté face à l’emploi. En cette période de crise économique, c’est même l’un des rares secteurs à continuer sa politique d’embauche. Aujourd’hui, les estimations affichent un chiffre de 3 000 personnes employées par le secteur du recyclage des textiles, dont un tiers en insertion ».
Je précise que 56% des collaborateurs d’Ecotextile rencontraient des difficultés face à l’emploi lors de leur embauche. Depuis sa création en 1957, la société a privilégié les filières d’insertion lors de ses recrutements de personnels non qualifiés.
On estime que 150 tonnes/an supplémentaires collectées représentent 2 emplois créés, collecte et tri associés. Le gisement de textile usagé dans notre pays est de 700 000 tonnes par an, soit un potentiel de progression de 600 000 tonnes. La filière de recyclage textile a la capacité de créer 4000 emplois en France !
Chacune des 3 familles de recyclage de la filière textile participe à la préservation de l’environnement.
Le chiffon d’essuyage Industriel remplace la consommation de papier (ouate de cellulose). Il va de soi, aussi, que l’utilisation de ce chiffon d’essuyage réduit la consommation de bois destiné à la production de papier…
L’effilochage et l’utilisation des fibres issues des vêtements usagés apporte des solutions écologiques pour la fabrication d’isolants dans le bâtiment, comme par exemple la feutrine et offre la matière première nécessaire aux marques de prêt-à-porter souhaitant adopter une démarche éco-responsable de vêtements en fibres recyclées.
Le réemploi, entre autres avantages économiques, évite la création de nouveaux vêtements, permettant de réduire l’utilisation de fibres vierges et artificielles, d’éviter une part importante de leur traitement (lavage, teinture, rejet de colorants, consommation d’énergie…).
Et puis, qu’on se le dise : aspect non négligeable, la collecte des textiles permet d’alléger les charges en réduisant le volume des ordures ménagères et le coût de leur incinération. Ce sont autant de tonnes qui ne seront pas facturées aux collectivités. « Pour nous, une tonne de textile collectée représente 150 euros d'économie pour la collectivité. 700 000 tonnes collectées à terme, ce seront 600 000 tonnes en moins dans les incinérateurs des collectivités » !
Quels sont les axes prioritaires pour développer la filière ?
Deux tiers des Français n’ont pas encore accès à un site de collecte permanent. L’apport n’est volontaire que s’il est facile. L’apport n’est volontaire que s’il est évident.
Les différentes filières (verre, emballages, piles…) en France ont déjà démontré que seule une offre de collecte de proximité peut mener à des résultats satisfaisants.
Pour une collecte optimale, il faut un container pour 2000 habitants !
L’objectif est réaliste. Les acteurs de la collecte par container proposent un service gratuit aux collectivités. Contrairement au verre, les containers de textiles n’occasionnent pas de nuisances sonores pour les riverains ; ils ne nécessitent aucun aménagement de voirie.
En revanche, ils sont régulièrement pillés par des « gens du voyage » qui se promènent dans leurs parages, histoire de récupérer le meilleur ; le reste étant laissé éparpillé à terre…
C’est vrai que de nombreuses communes sont réticentes à l’installation de containers sur leur territoire, craignant des débordements répétés et des nuisances constatées sur les points d’apport. Ce n’est pas la collecte textile qui entraîne des nuisances, c’est la façon dont elle est gérée.
Pour que les communes s’engagent sereinement dans la valorisation des textiles et offrir un geste vert supplémentaire à leurs habitants, Ecotextile a mis en place dès 2005 une démarche qualité stricte, garantissant des lieux de collectes propres et bien entretenus.
Au demeurant, pour offrir aux collectivités une collecte de qualité, nous nous engageons :
à sélectionner les sites appropriés. Nous travaillons en effet en concertation avec les services techniques pour être au plus près des habitants sans nuire au paysage communal.
à entretenir régulièrement les conteneurs et leur emplacement. Nos équipes débarrassent les emplacements de tout objet superflu et les containers sont remplacés régulièrement pour conserver leur aspect attractif.
à proposer des modèles inédits de containers. Nos containers sont dotés de mécanismes permettant de proposer aux communes un mobilier urbain totalement hermétique.
à prévenir les débordements. Une gestion informatique prévient les débordements en programmant des ramassages à la moitié de la capacité du container. Un numéro Azur permet aux usagers de prévenir en cas d’apport exceptionnel. Une équipe intervient alors dans les 24 heures.
sur la valorisation optimale des textiles récoltés. Les investissements importants réalisés ces dernières années dans des outils de haute technologie et l’expérience de nos 120 collaborateurs garantissent une valorisation moyenne d’au moins 85% des volumes collectés.
à les informer sur les volumes collectés. Un site extranet est à la disposition des collectivités pour consulter les tonnages collectés. Un reporting régulier est également envoyé sur demande.
Les collectivités reçoivent les volumes collectés au cours de chaque passage sur chacun des points. Elles peuvent facilement informer leurs habitants des bénéfices et des économies engendrés par le recyclage des textiles. Mais il va de soi que l’entreprise perpétue ses partenariats avec les associations pour une collecte en porte à porte, afin de pérenniser cette source de financement, indispensable à leurs activités caritatives. Nous travaillons depuis les années 90 avec l’Association des Paralysés de France.
C’est ainsi que dans de nombreuses collectivités partenaires d’Ecotextile, la qualité de la prestation des équipes de collecte et d’entretien a permis d’ajouter des containers supplémentaires, à la demande des habitants. Pour nous, c’est ça, le gage d’une collecte de qualité !
Pour vous, l’insertion n’est pas un vain mot…
Certes non ! Parmi les 120 collaborateurs du groupe Ecotextile, 56% répondaient aux critères de l’insertion des personnes en difficulté lors de leur embauche. Que ce soit dans un métier de collecte ou de tri, chez nous, ces personnes sont formées pour intégrer nos équipes de production.
Afin de proposer un emploi aux personnes qui en ont le plus besoin, nous avons créé des synergies avec différents organismes dédiés à l’insertion des personnes en difficultés.
Aujourd’hui, sur les 120 collaborateurs du groupe, 80% ont plus de 10 ans d’ancienneté. Les 20% restants sont en CDI ou en contrat d’insertion. Car nous souhaitons pérenniser les emplois créés, afin d’offrir une véritable stabilité à ses collaborateurs. C’est également un moyen de garantir, par la formation et l’expérience, un tri et une collecte de qualité aux collectivités.
J’ajoute qu’alors que le secteur était récemment touché par la crise, nous n’avons pas voulu engager de réduction du personnel…