Etats-Unis : quand charbon rime avec pollution...
Ces derniers temps, le charbon fait couler beaucoup d'encre aux USA, notamment suite à des éco-catastrophes récentes survenues au niveau des bassins de stockage de centrales électriques. La combustion de charbon, employée pour la moitié de la production électrique du pays, est à l'origine de l'émission de nombreux produits dérivés de toxicité variable...
Avec le renforcement des seuils de toxicité concernant les polluants atmosphériques et en l'absence de réglementation précise de la part de l'EPA (Agence pour la Protection de l'Environnement), les déchets issus de la combustion du charbon sont généralement stockés sous forme de boue dans des étangs artificiels. Cette solution permet aux centrales électriques de contenir au mieux les dispersions aériennes de polluants et de respecter ainsi les seuils de toxicité imposés par la loi du "Clean Air Act".
Cette solution de stockage présente cependant quelques inconvénients, étant donnée l'absence d'étanchéité de ces étangs vis-à-vis du milieu environnant. En effet, selon un rapport fédéral paru en 2006, seule la moitié de ces étangs utiliserait des membranes synthétiques réduisant radicalement le risque de fuite vers le milieu extérieur. La rupture du bassin de stockage de cendres de la centrale électrique de Kingston (Tennessee), survenue le 22 décembre 2008, en est d'ailleurs un exemple : l'effondrement de la digue de confinement du bassin aurait déversé prés de 4 millions de m3 de boues sur plus de 120 hectares de terrains, contaminant les eaux de surfaces et les eaux souterraines.
Selon de récentes analyses, cette boue aurait répandu des quantités importantes de métaux lourds tels que l'arsenic, le mercure, le sélénium et le plomb. Un second incident est survenu le 9 janvier dernier à la centrale électrique de Widows Creek (Alabama) : une fuite a été enregistrée au niveau du bassin de stockage de gypse (sulfate de calcium), produit obtenu après combustion du charbon. Si cette fuite a été contenue rapidement, il semblerait que le gypse ait atteint les eaux de surfaces de Widows Creek.
Ces deux événements mettent en évidence une carence de réglementation à l'échelle fédérale concernant le stockage des produits dérivés issus de la combustion du charbon. Ces fuites soulignent également la nécessité de séparer les produits n'ayant pas le même niveau de toxicité (extraction des métaux lourds). Selon les données en possession du Département de l'Energie des Etats-Unis, 156 centrales électriques présenteraient des bassins de stockage tel que celui s'étant rompu dans le Tennessee.
Par ailleurs, un rapport de l'EPA publié en 2006, a identifié 63 sites répartis sur 26 états dont les eaux de surface ont été contaminées aux métaux lourds en l'absence de surveillance. Actuellement, rares sont les états considérant les cendres de charbon comme des "déchets solides" à caractère dangereux. En effet, la gestion des produits dérivés de la combustion du charbon dépend de la réglementation de chaque état fédéré, celle-ci étant inexistante dans certains états comme l'Alabama ou le Texas.