Etonnante, la canne à sucre ne sera pas supplantée de sitôt…
Cette plante étonnante peut aussi bien produire du carburant, des bioplastiques, tous les trésors de la chimie verte… sans oublier le sucre, le rhum ! Normal dans ces conditions, qu’elle figure en bonne place au Salon de l’agriculture…
Le Cirad trône cette année au Salon International de l’Agriculture qui se tient comme d’accoutumée à Paris, du 23 février au 2 mars 2008 et met à l’honneur la canne à sucre dont la culture présente de multiples atouts dans de nombreux domaines qu’ils soient agronomiques, alimentaires énergétiques ou pharmaceutiques.
« C’est une plante propre, à forte résistance variétale qui nécessite peu de traitement. Elle est anti-érosive et préserve donc la biodiversité dans les zones tropicales et sub-tropicales » déclare d’emblée Régis Goebel, coordonnateur de la filière canne à sucre au Cirad.
Pour les chercheurs, la canne à sucre encore peu connue du public français, est la plante idéale. Sa résistance aux bioagresseurs due à un long passé de sélection variétale, sa grande capacité adaptative, sa forte production de biomasse assurent la durabilité de sa production. Ce sont des atouts majeurs mais pas les seuls…Tout un inventaire !
Présente dans plus de cent pays sur quatre continents, la canne à sucre a longtemps été cultivée pour le marché du sucre et du rhum. Depuis quelques années, se sont ouverts bien d’autres débouchés. La production d’agrocarburants n’en est pas le moindre. C’est le Brésil qui fut le pionnier de la filière bioéthanol en ciblant sa production de canne à sucre dès le premier choc pétrolier de 1973. Il produit actuellement 17 milliards de litres de bioéthanol et garde sa place de premier producteur devant les Etats-Unis. D’autres pays, comme l’Inde et la Chine, se lancent sur le défi de l’énergie verte. La canne en effet est utilisable dans sa totalité ce qui réduit le risque de surproduction au dépens des cultures alimentaires. Le Cirad travaille actuellement à la valorisation de la plante entière, avec comme objectif d’œuvrer pour l’obtention d’un carburant dit de deuxième génération.
Outre cette production de rhum agricole et industriel, la masse végétale imposante de la canne permet donc de nombreuses utilisations. La bagasse qui résulte de l’extraction du jus de la canne est un résidu fibreux utilisé notamment comme combustible dans les chaudières pour produire de l’électricité, ou comme fourrage pour les animaux. Elle peut servir à la fabrication de papiers, cartons, matériaux isolants etc. Le plastique végétal ou bioplastique issu du saccharose de la canne intéresse tout particulièrement les producteurs de sacs et emballages. Grâce à la chimie verte, la canne à sucre révèlera bien d’autres secrets !
La canne à sucre fournit par ailleurs l’essentiel du marché mondial en sucre, loin devant la betterave. En France, la canne à sucre est cultivée dans ses départements d’Outre-mer : Guadeloupe, Martinique et La Réunion, premier producteur européen de sucre de canne. Comme l’explique Robert Domaingue, Chef de l'UPR (Unité propre de recherche), « la canne à sucre a structuré les paysages, tissé les liens sociaux, contribué au développement économique dans les DOM, on dit encore : les îles à sucre ». On s’efforce désormais à « produire mieux », à pérenniser les bonnes pratiques culturales. L’Ong « Sucre éthique», qui prône l’amélioration des conditions des communautés rurales et l’utilisation de pratiques respectueuses de l’environnement dans les pays du sud, sera présente sur le stand du Cirad durant le Salon de l’Agriculture.
Depuis plus de 30 ans, des équipes du Cirad se consacrent à la recherche pour faire progresser la performance de cette plante et mettre des outils d’aide à la décision à la disposition des acteurs de la filière. La recherche, c’est aussi un dispositif de quarantaine internationale à Montpellier et l’étude du génome de la canne, avec une équipe mondialement reconnue. Enfin, certains chercheurs utilisent les systèmes d’information géographiques et la télédétection spatiale pour mieux piloter cette culture, tandis que d’autres travaillent à la mise en place de bonnes pratiques culturales, qui minimisent l’impact l’environnement et font appel à la connaissance des processus écologiques.
(Hall 3 – Allée N – Stand n° 9).