Un appel d’offres pour démanteler deux bateaux bien connus des amoureux de la mer a été récemment publié au JO… La fin de vie de la Jeanne et du Colbert, qui fut un temps, recyclé en musée à Bordeaux, est bel est bien programmée… Les deux coques, 19.000 tonnes, désarmées, qui ont compté parmi les fleurons de la marine françaises sont basées en Bretagne. Inutile de dire que les ronds dans l’eau du Clemenceau ont marqué les esprits ; aussi, pas question de refaire la Une des médias… Le cahier des charges est bordé ; les candidats n’ont plus qu’à…
Un appel d'offres pour le démantèlement de la Jeanne d'Arc et du Colbert deux bâtiments de 180 mètres, est lancé. La saga du Clemenceau (et ses 700 tonnes de matériaux amiantés) ayant laissé des traces (pisté de 2003 à 2010, par les écologistes et les associations de victimes de l'amiante), le Service de soutien de la flotte a lancé un appel d'offres couvrant transport, dépollution, déconstruction et vente des matériaux, pour un contrat qui portera sur 19 000 tonnes et devant être passé fin 2013.
Ces deux bâtiments, construits au début des années 1960, s'annoncent en effet délicats à démanteler du fait d'une forte présence d'amiante (interdite depuis 1997, mais largement utilisée avant cela pour ses vertus isolantes et pare-feu) : dans les dalles de sols et les matelas de calorifugeage entourant les machines et les kilomètres de canalisations.
Parce qu'il vaut mieux l'écrire de manière explicite, il est précisé dans l'appel d'offres que le démantèlement de l'ex-Jeanne d’Arc et de l'ex-Colbert - soit - et le traitement des déchets doivent être réalisés dans un pays membre de l'Union européenne. Il est souligné que les bassins des bases navales de la marine «ne sont pas mis à disposition» du titulaire du marché. Il s'agit d'un démantèlement complet des deux navires condamnés «depuis leur prise en charge sur leurs lieux de stationnement actuels, jusqu'à l'élimination et la valorisation du dernier déchet ou matériau». En d'autres termes, le transport vers le(s) sites(s) de démantèlement fait partie du programme, tout comme les opérations de dépollution, de déconstruction, de ségrégation des déchets, d'élimination des déchets dangereux ou non recyclables, et de recyclage ou la vente des matériaux valorisables. Le texte précise encore que dans l'hypothèse où le démantèlement ne se ferait pas en France, le marché prendra en compte «les exigences imposées par la réglementation relative au transfert transfrontalier des déchets».
Qui peut prendre le marché ? Celui qui présentera «l'offre économiquement la plus avantageuse» en tenant compte du cahier des charges et de contraintes inscrites dans l’appel d’offres, c’est évident. Toujours est-il que si les candidats existent, ils ne sont pas très nombreux.
Le chantier Able UK d'Hartlepool, en Grande-Bretagne a réussi une belle prestation avec la déconstruction du «Clem». Le chantier franco-belge Galloo et sa filiale Van Heyghen Recycling ont remporté le marché de la déconstruction de l'ex-Bouvet (voir notre dépêche), prévue dans le port de Gand, en Belgique, lequel sera le lieu aussi, du démantèlement de l’ancien méthanier Tellier de GDF Suez.
Mais il y a aussi Bartin Recycling, rachetée fin 2007 par Veolia, installée à Bassens, près de Bordeaux, qui s’occupe actuellement du démantèlement du Matterhorn (cargo de 105 mètres remorqué depuis Brest en juillet)…
Une chose est sûre, de belles perspectives s'annoncent à l'horizon : une centaine de bâtiments de toutes tailles, soit environ 100 000 tonnes de ferrailles et autres matières pouvant connaître le recyclage, actuellement sous forme de vieilles coques désarmées, doivent être déconstruites dans les prochaines années.