Ferrailles : l'extension de Galloo inquiète…
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’entreprise, elle a cette spécificité d’être installée à cheval entre deux pays, la France et la Belgique. Comme il ne s’agit pas d’un « petit » mais d’un leader, indépendant, dans son secteur, à savoir le recyclage des véhicules hors d'usage et des biens de consommation en fin de vie, on comprendra aisément que lorsque l’industriel décide d’une extension, ce n’est pas dans une moindre mesure. Ce qui ne se fait pas sans générer quelques inquiétudes au sein de la population locales, et ce quand bien même le recyclage est très en vogue…
Le groupe Galloo qui double actuellement la capacité de son site français spécialisé dans le recyclage des véhicules hors d'usage, au port fluvial, se développe également côté flamand. Il faut dire que l’entreprise ajoute une corde à son arc en installant une unité de traitement d'écrans plats. Cela n’allant pas sans poser quelques soucis dans les esprits de nos voisins… C’est vrai que la crise a différé le projet. Mais elle ne l’a pas annihilé. Et pour cause : le traitement des DEEE a le vent en poupe.
Si le groupe est connu pour s’être spécialisé dans le traitement des VHU, il va de soi que comme tout « ferrailleur », il a progressivement absorbé aussi, quantité de matériels électroménagers en fin de vie, lesquels appartiennent à la grande famille des DEEE. D’où l’idée de doubler la surface d'exploitation, de 7 à 14 hectares, pour un investissement qui dépasse les 5 millions d'euros. Si en France, l’affaire n’a pas suscité de crise, il n’en va pas de même côté belge.
Car Galloo Metal, située rue d'Ypres sur la zone industrielle meninoise, envisage concrètement d'étendre ses activités sur un site de 7 500 m² laissé vacant par une autre entreprise. Elle souhaite y implanter son unité de recyclage d'écrans plats en fin de vie, ce qui constituerait une première en Belgique. Le projet prévoit également une nouvelle ligne de tri, une zone de stockage de 1 500 tonnes, ainsi que diverses adaptations auxquelles sont soumis tous les sites industriels. Il faut savoir qu’en Belgique, les entreprises sont tenues de renouveler leur permis d'exploitation tous les 20 ans.
Le recyclage industriel est à la mode et suscite bien des vocations nouvelles. Cela étant, le problème se pose de manière récurrente : « oui… mais non, on ne veut pas de ça chez nous »… La raison invoquée est simple : les composants réputés dangereux de ces matériels soulèvent l’inquiétude et donc l’opposition de la population, au nom du principe de précaution. Comme si un industriel du recyclage qui se respecte, travaillait en dépit du bon sens et de la réglementation en vigueur… Sauf que les traumatismes liés aux PCB, dioxines et autres métaux lourds ont plombé l’ambiance dans la région, quand bien même Galloo n’est pas vraiment concerné dans ces scandales.
Et puis, il faut dire aussi, qu’avec le temps, les agglomérations ont grandi, ce qui fait que des sites jadis éloignés des habitations se retrouvent limitrophes de celles-ci, avec les inquiétudes qui ne manquent pas de germer et de contaminer les esprits.
Aussi, selon notre confrère La Voix du Nord, plusieurs associations de protection de l'environnement ont appelé à manifester dernièrement dans le centre de Menin car en dépit des nombreuses réserves exprimées dans le cadre de l'enquête publique, on a appris que la ministre flamande de l'environnement Joke Schauwlierger aurait donné un avis favorable au projet, avec cependant plusieurs obligations faites à l'industriel, et notamment d’élever des murs et de planter des végétaux qui auraient pour mission de retenir les poussières.
Loin de satisfaire les opposants, ces derniers (accompagné dans leur démarche par la ville de Menin) ont introduit un recours contre la décision du gouvernement en adressant un recours au Conseil d'État, dernière instance d'appel.
Bérénice Bogaert, l'échevine à l'environnement pour la ville de Menin, a expliqué à notre confrère que « l'entreprise Galloo Metal a toujours respecté nos demandes mais nous devons prendre toutes les précautions qui s'imposent pour préserver le cadre de vie et la santé des habitants. L'augmentation de la capacité de traitement de métaux produira incontestablement une plus grande quantité de ferraille et plus de risques de dégagement de poussière et des nuisances sonores. Menin est déjà très impactée par la dioxine et les PCB. Il ne s'agit pas d'accuser tel ou tel industriel mais nous devons être très prudents »...