Ferrailles : une fragile reprise des cours
Attention à ne pas crier victoire trop vite... Après l'effondrement des cours de l'acier et des ferrailles depuis cet été, on note une nette reprise des valeurs des ferrailles depuis plusieurs semaines. Mais, est-ce à dire que le plus bas a déjà été atteint et que l'on peut tabler sur une situation stable voire en progression sur les prochains mois ? Pas si sûr. La prudence est de mise...
Le manque de quantités de ferrailles en Europe peut entraîner de nouvelles hausses de prix en janvier prédisent de nombreux négociants internationaux. Mais, on peut craindre que cette reprise des prix des ferrailles ne soit pas durable si les volumes négociés n'augmentent pas dans le même temps ajoutent-ils.
Depuis le crash des cours des ferrailles au mois d'octobre, on note une reprise de leurs prix et ceci malgré une baisse de la demande des sidérurgistes et sur les marchés à l'exportation. En même temps, la crise ne touche pas tous les secteurs sidérurgistes à la même vitesse. La baisse d'activité du secteur automobile a été immédiatement ressentie sur les aciers plats et donc majoritairement pour les hauts fourneaus plus faibles consommateurs de ferrailles que la sidérurgie électrique. Quant au secteur du BTP, les effets de la crise sont peut-être plus lents. Ainsi, à titre d'exemple les aciéries de la région parisienne appartenant au groupe Riva et qui fabriquent du rond à béton ne femeront qu'à la veille de Noël.
En tout cas, sur le marché des ferrailles les prix européens progressent. En Italie, chaque semaine on note une augmentation, avec un prix courant pour de la ferraille broyée de l'ordre de 300 $/tonne rendue four électrique indique un trader italien.
Mais, le manque de quantités substantielles sur le marché pourrait bien poser le problème de la durabilité de cette reprise des cours. " A mon avis, la récente remontée des prix est conduite par le manque de disponibilité de ferrailles. La collecte a fortement baissé, et de nombreux sidérurgistes européens ont réduit leur production ce qui conduit à une réduction de mise sur le marché de ferrailles. " commente un trader européen.
Les négociants, acheteurs et exportateurs ne font pas état d'ordres importants au niveau international sur la dernière semaine, qui est en général une période calme. De plus, le comportement des exportateurs européens est influencé par la parité €/$ qui renforce l'euro et augmente l'attractivité des exportations de ferrailles depuis les Etats-Unis.
Le manque de demande pour les produits d'aciers finis est le principal constat sur le marché. " Si les sidérurgistes ne parviennent pas à augmenter leurs volumes de ventes, les prix des ferrailles s'affaibliront irrémédiablement " affirme un négociant italien. " Nombreuses sont les personnes qui prévoient des hausses en janvier. Moi, je suis plus intéressé par les quantités. Nous verrons... " ajoute-t-il. "Je ne sais pas ce qui va se passer, mais si les producteurs ne voient pas leurs ventes de produits finis reprendre, nous n'aurons pas une reprise durable des ferrailles " confirme un autre commerçant européen.
Autre son de cloche, chez un trader en Turquie " La demande pour les produits finis reste basse. Les fours ne peuvent pas continuer à monter les prix pour la billette et le rond à béton. "
" Bien sur la confiance reviendra sur le marché, mais cela va prendre du temps " conclut-il !