Alors que le marché de l’acier en Europe semble rester englué dans une certaine torpeur, un certain optimisme régnait la semaine passée tant à la tribune que dans les couloirs à l’occasion de la réunion à Bruxelles de la Division Ferrailles du Bir, Bureau International du Recyclage. S’appuyant sur les prévisions de la World Steel Organisation qui estimait il y a peu que la production d’acier en 2010 serait supérieure de quelque de 139 millions de tonnes à celle de 2009, on en concluait que la consommation de ferrailles en 2010 serait supérieure de quelques 62 millions de tonnes à celle de l’an passé.
Selon Blake Kelley, éminent membre de Sims Metal Management, 1er négociant de ferrailles au monde, il apparaissait évident que les prix des ferrailles sur le marché américain s’orienteraient à la hausse début novembre. C’est d’ailleurs ce que reflètent les quelques premières transactions du mois qui se sont soldées par des hausses de 15 à 25 $ la tonne longue : nous vous laissons le soin de faire la conversion en € par tonne « normale ».
Moins d’enthousiasme dans le propos de Tom Bird, Président d’EFR à propos d’un marché européen, sur lequel les prévisions sont de plus en plus hasardeuses. Un marché européen qui est essentiellement caractérisé par une disponibilité importante de ferrailles et des consommateurs qui s’approvisionnent sans difficulté sur un marché complètement « détendu ». Néanmoins, un certain nombre d’intervenants n’excluaient pas que les ferrailles puissent au début novembre sur le marché européen refaire un peu du chemin perdu au mois d’octobre. Un certain consensus semblait vouloir s’établir autour d’une progression des prix d’une vingtaine d’€. Le montant de cette hausse, qui semble importante eu égard au contexte sidérurgique, n’a pas encore entérinée par les marchés du sud de l’Europe : on convient néanmoins, en Espagne notamment, que les prix pourraient retrouver un peu d’allant au début novembre. C’est également le cas en Italie, où l’on estime que les prix devraient rebondir en raison de la faiblesse des stocks en usines. Des négociants empreints d’un optimisme prudent, on en trouve également en Allemagne, ce qui se justifie par la situation économique du pays et par le probable retour aux achats d’un important consommateur qui était sorti du marché en octobre, n’ayant consommé que peu de ferrailles en septembre pour cause de grève.
La réunion de la division ferrailles du Bir est également l’occasion d’avoir quelques nouvelles des marchés russes et ukrainiens. Andreï Moissenko estimait à ce sujet que la collecte de ferrailles en Russie pourrait atteindre 21 millions de tonnes en 2010. Une progression certes sensible par rapport au niveau de 2009, année au cours de laquelle la production russe de ferrailles s’était effondrée du côté des 17 millions de tonnes mais rien à voir avec les « grandes années » dont a profité le secteur entre 2005 et 2007 où l’on avait flirté avec les 30 millions de tonnes. Aujourd’hui, le marché russe a retrouvé un certain équilibre et l’accroissement de la demande du marché domestique a été compensé par un tassement des exportations. Des tensions ne sont cependant pas exclues en raison de la faiblesse des stocks détenus par les usines et de l’impact évidemment négatif de l’hiver qui commence manifester quelques rigueurs dans l’est du pays.
Voir Ferrailles : fin d'année tristounette... à moins que...