Fibres céramiques réfractaires : attention !
L’Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail vient de confirmer l’intérêt d’une valeur limite d’exposition professionnelle à 0,1 f/cm3, en moyenne sur une journée de 8 heures, pour les fibres céramiques réfractaires (FCR). Cette valeur a été adoptée le 30 juin dernier et elle représente une division par 5 de la valeur limite précédente. Elle place désormais la France en tête de la protection contre les risques des FCR. Cette nouvelle valeur correspond à un excès de risque résiduel de cancer du poumon de 5 cas pour 10 000 travailleurs exposés...
Ces fibres sont des agents classés par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogènes possibles pour l’homme (catégorie 2B). A l’heure actuelle, les FCR sont employées essentiellement pour des applications professionnelles dans l’isolation et le calorifugeage d’équipements au sein de divers secteurs de l’industrie lourde (principalement les fours dans le secteur des métaux ferreux et non ferreux, du verre, de la céramique, de la chimie, de la pétrochimie...), mais également en quantité moindre dans d’autres secteurs d’activité (transport ferroviaire, automobile...). Quelque 104 000 travailleurs seraient exposés aux fibres céramiques réfractaires en France.
Pour ce cancérogène sans seuil de toxicité, seule la valeur la plus basse possible est acceptable (principe "ALARA"). L’Afsset recommande donc au Ministère chargé du travail de réévaluer cette valeur régulièrement, afin de l’abaisser. En attendant, elle rappelle aux employeurs leur obligation de mettre en oeuvre des solutions de substitution pour limiter les expositions des travailleurs au strict nécessaire. Actuellement, sur le plan technique, des alternatives existent, notamment pour des températures inférieures à 1 200°C.
En complément de la valeur limite d’exposition professionnelle sur 8h, l’Agence recommande de ne pas dépasser, sur une période de 15 minutes, une concentration correspondant à 5 fois la valeur sur 8 heures (VLEP-8h) afin de protéger les salariés des effets d’éventuels pics d’exposition. Par ailleurs, l’Afsset recommande de passer de la microscopie optique à contraste de phase (MOCP) à la microscopie optique à lumière polarisée (MOLP) ou à la microscopie électronique à balayage analytique (MEBA) pour comptabiliser les fibres céramiques réfractaires dans le cadre de la réglementation du travail. Cela suppose encore un développement méthodologique.
En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Cancers et environnement : des liens avérés.