Filière biomasse-énergie : un développement trop rapide ?
Le 28 février dernier, le quatrième appel d’offres de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) pour l’installation de sites de production d’énergie à partir de biomasse a été clôturé. Le 16 mars, les 16 réponses reçues (pour un total de 440 MW produits) ont été publiées (voir notre article). Dans un communiqué, France Nature Environnement (FNE) s’interroge sur l’adéquation entre les projets et les territoires d’implantation...
3 appels d’offres ont déjà été lancés fin 2003, 2006 et 2008 pour des mises en service avant 2007, 2010 et 2012. Aujourd’hui, sur la quarantaine de projets retenus (dont une vingtaine pour le 3ème appel), seulement quelques-uns ont réellement vu le jour. Le quatrième appel récemment clôturé serait-il donc celui de trop ? "Il va plus loin dans la logique du 'toujours plus' en passant un cap significatif puisque seules les installations supérieures à 12 MW sont éligibles. La puissance moyenne des projets proposés est de 27,5 MW", argumente FNE.
Plus les projets sont importants, moins ils aboutissent. "Est-ce bien nécessaire de continuer dans ce sens alors que la stratégie semble vouée à l’échec du fait de la taille des projets retenus et au final de leur non adéquation avec la ressource locale ?", s'interroge Eloïse Simon, chargée de mission Forêt à France Nature Environnement. "Il est absolument nécessaire d’avoir un suivi des projets par la CRE pour savoir s’ils sont abandonnés et pourquoi. Il s’agit d’une transparence indispensable pour la crédibilité de la politique en cours", ajoute Sébastien Genest, Vice-Président de l'association.
Avec près de 3 ans entre l’étude d’avant-projet à déposer à la CRE et la réalisation de l’installation, chaque nouvel appel est lancé sans savoir si la ressource envisagée sera encore disponible. Il est donc impossible de déterminer si la taille de chaque projet est adaptée au territoire d’implantation. FNE craint alors une surexploitation des forêts, l’augmentation des distances de transport, et un passage au gaz des centrales à biomasse en cas de pénurie de ressource.
"Une pause est urgente afin de faire l'état des lieux des nouvelles consommations de bois et de la ressource réellement disponible. Dans ce laps de temps, il est nécessaire de recadrer les projets sur l'efficacité énergétique, depuis la forêt jusqu'à la cendre, en prenant en compte les impacts sur le vivant", conclut Sébastien Genest. Une position qui contraste avec celle exprimée récemment par la filière biomasse-énergie et qui demande au Gouvernement des engagements durables en la matière (voir notre article)...