Flamoval : le retour de flammes n'est pas un leurre ...
La taille de l'usine n'a pas été revue à la baisse, les travaux ont été menés comme indiqué et dix ans plus tard, l'UIOM recevait les premiers tonnages ; nous sommes en 2012...
2012 - 2016 : en quatre ans, les faits s'imposent et le constat est sans appel ; rien ou presque ne s'est passé comme prévu...
Dès la fin 2007, les élus comme les cabinets d'études tablaient sur une auto-suffisance : il ne serait pas question de faire venir des déchets d'ailleurs, tandis que la production de déchets ménagers était condamnée à augmenter d'un côté, au nom de la progression démographique, tout en diminuant pour ce qui est du ratio par habitant (via l'évolution du tri).
Quelques chiffres étaient d'ailleurs alignés pour démontrer la logique : 185 000 tonnes produites, environ 75 000 tonnes triées, et donc, restaient environ 110 000 tonnes à traiter (plus les refus de tri) par ce nouvel outil, calibré techniquement pour réceptionner et incinérer 100 000 tonnes, quand la préfecture avait délivré une autorisation pour 92 500 tonnes... On était « bon ».
Oui, mais voilà : la baisse des tonnages a été plus importante qu'initialement programmée, ce qui a pour conséquence que les déchets ménagers manquent (10 à 11 000 tonnes par an) à l'appel de l'outil de traitement, qui pour traiter les déchets à un prix correct, doit tourner à plein régime... Or, en 2013, le site n'a réceptionné que 82 000 tonnes...
80 à 85 euros/tonne incinérée ; c'est ce qui était prévu en terme de coût de traitement.
122 euros la tonne incinérée en 2015, et 119 euros en 2016, telle est la réalité : si la baisse sera sensible cette année par rapport à l'an passé, il reste que l'on est carrément hors budget initial, même s'il faut insérer dans ce prix le coût de l'amortissement de l'investissement.
Une partie de la solution passerait par l'incinération de déchets provenant de sociétés privées (DIB), afin de combler une partie de ce vide de four afin d'aider Flamoval à trouver son « point d’équilibre » ; pour cela, un arrêté préfectoral a été signé en janvier 2016.... Cela dit, quand bien même on en capterait des tonnes, cela ne serait pas encore assez pour obtenir le coût de traitement prévu d'entrée, estime notamment Philippe Brouteele, président du SMICTOM de Flandre, qui ne croit pas vraiment à un rééquilibrage de cette sorte...
Véritable casse tête, Flamoval coûte désespérément très/trop cher. Il faut dire qu'au départ, le projet avait été estimé à environ 70 millions d'euros (dont 50 millions pour le process et 18 millions pour le génie civil) ; il en aura coûté à la collectivité un peu plus de 93 millions d'euros qui s'est, pour mener à bien cette gigantesque entreprise, endettée d'importance : en 2016, il reste 82 millions à rembourser (d'ici à 2036, puisque la durée du crédit a été allongée pour ne pas augmenter la TEOM) pour une installation qui fonctionne bien techniquement parlant (des normes plus strictes que celles édictées en Europe ou par la préfecture sont appliquées qui plus est), mais qui manque de déchets.
Depuis lors, le choix des élus (qui ne sont plus les mêmes qu'au cours des années 2000) est cornélien : faut-il faire avec, améliorer ou abandonner l'utilisation de Flamoval ? Les opposants qui ont toujours considéré que le projet était surdimensionné, ne sont pas ravis d'avoir eu raison : beaucoup d'argent est en jeu, en effet. De la même manière qu'il est difficile de se positionner sur le statu quo.
Parmi eux, François Decoster, maire de Saint-Omer et président de son agglomération, avait défilé contre Flamoval. Aujourd'hui président du SMFM, il opte pour une amélioration des conditions d'utilisation de l’incinérateur tandis que l'ancien élu de la ville d'Hazebrouck, Thierry Willaey (aujourd'hui retiré des affaires politiques) pencherait pour un arrêt et une reconversion du site...
Tous en tout cas sont d'accord sur le fait que le gouffre financier est bel et bien là, quand certains craignent que le fait de devoir alimenter l'incinérateur en ajoutant aux OMR, des tonnages complémentaires afin de satisfaire ses besoins en déchets pourrait avoir pour effet néfaste de contrecarrer la politique visant par ailleurs à réduire les déchets et à en recycler davantage.