Gebetex : une autre façon de collecter les textiles

Le 06/12/2012 à 10:39  

Gebetex : une autre façon de collecter les textiles

 Si l’entreprise est encore jeune, puisqu’elle a vu le jour en 2005, l’homme qui en est à l’origine et qui tire les ficelles, connait le métier comme sa poche puisqu’il affiche plus de trente ans d’expérience dans le secteur de la collecte et du recyclage des vêtements et textiles usagés… S’il y a quelque chose qui le dérange, ce sont ceux qui déshabillent Paul, pour habiller Jacques; aussi, il choisit d'opérer avec des règles simples mais rémunératrices pour chacune des mailles de la chaine. Ce qui nécessite quelques explications...

 Le recyclage textile est une activité qui lui va comme un gant ; il faut dire qu’il pratique le métier depuis plus de trente ans…
Collaborateur de plusieurs structures d’importance qui ont disparu aujourd’hui, Georges Bourgeois s’est pris quelques vestes dans sa vie professionnelle sans pour autant avoir commis de faute…
C’est sans doute la raison pour laquelle il n’a pas choisi de rester dans ses petits souliers : baisser les bras, jeter l’éponge n’est vraiment pas son truc. Aussi, il a crée sa propre structure, avec ses deniers, dans une conjoncture délicate puisqu’à l’époque (on est en 2005), on disait la collecte et le métier de « chiffonnier » mal en point. Seulement voilà : ceux qui le connaissent disent volontiers de lui « qu’il en a dans la culotte »…

Gebetex, alias Georges Bourgeois Textiles, a vu le jour en juin 2005 ; basée dans l'Eure, à Vernon, elle propose une étude personnalisée des besoins exprimés en terme d’écoulement, des enlèvements réguliers (évitant les saccages et autres pillages), des engagements sur le long terme, une assurance de paiement ainsi qu’une logistique adaptée à la structure partenaire. En 2012, elle aura collecté et rémunéré 7850 à 8000 tonnes de vêtements collectés par des associations ; cette entreprise familiale travaille en effet, avec 207 structures caritatives (Emmaüs, Croix Rouge, Secours Populaires, Secours Catholique) et de nombreuses autres petites associations locales réparties partout en France, mais également avec 32 entités d’insertion (soit 750 emplois) dont 17 sont membres du collectif « Tissons la Solidarité ». Cette année, Gebetex affichera un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.

L’ensemble de ces associations collectent les textiles, linges de maison, chaussures et accessoires de mode, prélèvent le cas échéant le nécessaire pour satisfaire les besoins de celles et ceux pour lesquelles elles oeuvrent et sont rémunérées pour ce faire par Gebetex qui leur fournit les sacs de collecte ou même, les conteneurs (financés et mis en place par l’entreprise de Georges Bourgeois à la porte des associations ainsi que sur la voie publique à la demande des collectivités locales).
Environ 400 de ces conteneurs sont aujourd’hui installés un peu partout en France ; ils permettent de collecter 30% environ du tonnage récupéré par l’entreprise.
Ces conteneurs peuvent être implantés dans de toutes petites communes : l’important étant que le tonnage escompté soit suffisant pour justifier l’installation…
Si le conteneur est géré par l’association qui en a fait la demande, son contenu est bel et bien acheté par Gebetex, au prix du marché… Ces quantités de matières récupérées sont ensuite dispatchées sur des centres de tri (par caisses mobiles, camions remorques ou véhicules plus légers).

Huit centres de tri (4 en Belgique, 2 en Hollande et 2 en France -Hersand, à Sarcelles en région parisienne et Cobanor Tritex, non loin de Caen). Si l’on connait bien la société Hersand, on ne pourra en dire autant de Cobanor, une association d’insertion qui monte, mise en place par une association de basse Normandie qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot ; alimentée en textiles par des associations locales mais aussi par Gebetex, elle trie aujourd’hui 10 tonnes par jour en moyenne ; cette activité bien organisée a rapidement permis de créer 30 emplois…
Il faut dire que les "petites mains" de Cobanor trient 250 catégories de ces déchets textiles afin de les orienter vers une seconde vie adaptée à la matière dont ils sont composés, mais aussi au vu de leur état…

« L’économie solidaire a besoin de l’économie marchande, tout comme les associations d'insertion, qui prélèvent sur les quantité récupérées ce dont elle a besoin, a besoin d’un exutoire pour les surplus, et donc de l’économie marchande, pour écouler ce qu’elle a collecté. Point n’est besoin d’opposer les deux façons de faire, puisqu’elles sont interdépendantes et complémentaires », exprime Georges Bourgeois.
En 2012, « retenons le montant d’1,3 millions d’euros ; telle est la somme qui aura été versée par Gebetex pour racheter la marchandise collectée par les associations qui travaillent avec nous »…
On l’aura compris, après avoir récupéré la marchandise, Gebetex la transmet a des classeurs, lesquels organiseront ces stocks en 4 grandes catégories : la fripe (environ50%), le chiffon d’essuyage industriel, l’effilochage (qui permet la fabrication de feutre isolant) et le « vrai » déchet (5% en France contre 1% en Hollande : on a donc de la marge pour réduire encore cette fraction). Partenaire de Federec et de Eco-TLC, Gebetex ne travaille qu'avec des entreprises de recyclage ouest-européenne (France, Belgique, Italie, Hollande, Italie), sélectionnées pour leur solidité financière, leur capacité d'écoulement régulier, leur moralité économique...

Les entreprises françaises de développent ; on ne peut que s’en réjouir. Et Georges Bourgeois de conclure que « Gebetex sélectionne les entreprises avec lesquelles elle travaille : la traçabilité est pour nous une exigence. Elle est la clé de la reconnaissance d'une profession qui a quelquefois été décriée et une manière de démontrer un vrai savoir-faire. Elle est une nécessité absolue, ne serait-ce que parce que nous croyons en l’avenir de notre métier dès lors qu’il sera exercé de manière irréprochable »…