GES : les tourbières mettraient le climat en danger
Fin août dernier, en Indonésie, un sommet international s'est tenu sur les interactions entre l'homme, le changement climatique et les tourbières tropicales. En effet, il s'agit là d'un sujet extrêmement sensible, dans la mesure où les tourbières sont des puits de carbone très importants dont la dégradation pourrait entraîner un relargage massif de GES, avec les conséquences que l'on connait sur le climat...
Ce symposium international a réuni quelque 200 personnes (chercheurs, politiciens, législateurs et représentants des gouvernements, des collectivités locales, des Organisations Non-Gouvernementales et d'entreprises) originaires d'Indonésie, de Malaisie, du Vietnam et de treize autres pays, dont le Royaume-Uni.
Les participants ont pu aborder les différents problèmes auxquels le Sud-est asiatique doit faire face en raison de l'augmentation massive des émissions de CO2 en provenance de leurs tourbières, notamment liée aux feux de forêts. Ils ont ainsi pu déboucher sur des plans d'action d'envergure régionale ou locale afin de gérer ces situations, à travers des mesures de contrôle des incendies, de restaurations des zones forestières, de gestion de l'eau et d'utilisation raisonnée des tourbières. Ces dernières sont des écosystèmes très originaux et fragiles : il s'agit de zones humides caractérisées par l'accumulation progressive de la tourbe, d'où un sol caractérisé par une très forte teneur en matière organique majoritairement végétale, peu ou pas décomposée.
Le problème n'est pas à prendre à la légère : les tourbières tropicales de la région ANASE (l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est, dont les principaux membres sont l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge) contiennent un stock très important de carbone, estimé à environ 60% du stock mondial présent en tourbières tropicales !
Pour le coup, la conclusion principale du symposium est unanime : il est grandement nécessaire de promouvoir une gestion responsable des tourbières basée sur une approche écosystémique. Cette approche devrait favoriser la protection des zones humides forestières les plus importantes, à savoir les forêts semi-vierges et déjà exploitées, mais aussi la réhabilitation des régions tourbières dégradées. De leur côté, les représentants de la communauté scientifique ont appelé à une action urgente, en particulier de la part des entreprises d'exploitation forestière afin de sauvegarder les tourbières tropicales et de contribuer ainsi à la lutte contre le changement climatique. Cet évènement de forte ampleur, ainsi que les déclarations qui en ont émané, devraient permettre de sensibiliser les pays développés aux impacts environnementaux générés par la surexploitation des ressources forestières en zone tropicale.