Gestion des déchets : de l’art et la manière de compter, recompter et décompter
A chaque nouvelle filière mise en place, les collectivités locales responsables de la gestion des déchets ménagers sont surprises de constater l’apparition de nouveaux paramètres de calcul : gisement de référence, taux moyen de valorisation, densité de référence, population de référence, taux d’habitat collectif selon la définition INSEE, gisement national sec d’imprimés visés à ne pas confondre avec le tonnage d’imprimés graphiques humides collectés sélectivement… On en passe et des meilleures : à cette collection de paramètres vient s’ajouter le résultat d’une batterie de calculs, grâce auxquels l’habitat rural est défini en fonction du taux d’habitant collectif et le tonnage éliminé à partir d’une référence nationale à laquelle on retranche des données locales... Un casse tête qui lasse… et qui en dépasse plus d’une !
A chaque médaille son revers…
Le résultat le plus clair des pratiques le plus souvent mises en œuvre, consiste à produire des formules magiques. Mais…… qui donnent la migraine à n’importe quel élu ou technicien, décidé à les comprendre.
La complexité est de mise, on l’a bien compris.
C’est si vrai que l’on est en droit de se poser la question de savoir s’il est prévu que les représentants des collectivités comprennent les calculs présentés. « Faites-nous confiance, nous nous occupons de tout » semble être le principe selon lequel certains des nouveaux dispositifs ont été conçus.
« Il est d’ailleurs plaisant de constater que, parfois, la machinerie échappe à ses concepteurs et que ces derniers peinent à effectuer leurs propres calculs » soulignent des représentants des collectivités locales.
La gestion des déchets serait de plus en plus conçue comme une activité abstraite, modélisée, sans aucun contact avec la réalité sur le terrain.
Le sommet en la matière reste encore à ce jour la proposition de définir et de gérer les circuits de collecte à partir de données issues des observations satellites.
Autant dire depuis la lune. On imagine aisément que dans ces conditions et à cette hauteur de vue, il est impossible de s’embarrasser de détails triviaux comme les ponts, les sens uniques ou les voies étroites. C'est bien ce que reprochent les défenseurs des collectivités...
Et un tableau en guise de cadeau
« Messieurs et mesdames les représentants des divers éco-organismes, le Cercle National du Recyclage souhaite vous rappeler que « les collectivités locales n’ont pas pour vocation de produire simplement le support à des statistiques confortables ».
De fait, elles collectent de vrais déchets, qui sentent parfois mauvais, qui sont souvent humides, avec du personnel non virtuel et des véhicules obligés de circuler dans les encombrements des villes et qui ont de temps à autre le mauvais goût de tomber en panne.
Elles sont confrontées à de vrais dépôts sauvages et à de réelles pratiques d’incivisme.
Sans compter le vandalisme, devenu depuis quelques années, une réalité quotidienne pour bon nombre d’entre elles…
Tel est le tableau qui prévaut.
« Nous vous rappelons un petit détail : la collecte a lieu même quand il pleut ou quand il neige et si le produit des collectes contient parfois beaucoup d’eau, ce n’est pas parce que le personnel de collecte les a arrosés, mais qu’il a travaillé sous la pluie.
Nous ne contestons pas la nécessité de se donner les moyens de vérifier les données fournies et de procéder aux contrôles nécessaires. Nous vous demandons de sortir davantage de vos bureaux parisiens et de venir voir la réalité quotidienne des services de collecte et de traitement des déchets. Ne vous en faites pas, si nécessaire, nous vous prêterons des bottes » !
La fin de l’année est de longue date une période pendant laquelle il est coutumier de faire des cadeaux. Nul doute que celui du CNR est soigné tout autant qu’original… Allez savoir s’il sera apprécié par qui vous savez…