Gestion des déchets : terril en la demeure !!...
Début septembre, nous avons eu droit à l’évacuation médiatisée d’une montagne de déchets située à Limeil-Brévannes (voir notre article), celle-ci braquant les projecteurs sur un cas de stockage illégal de déchets. France Nature Environnement (FNE) et 2 de ses associations membres (Ile-de-France Environnement et FNE Midi-Pyrénées) ont décidé de profiter de l'occasion pour dénoncer l’existence de dizaines d’autres sites illégaux qui mettent en danger la santé des riverains, la qualité de l’eau, de l’air et des sols. Un constat qui fait froid dans le dos...
Petit rappel des faits : la société LGD a reçu une autorisation en 2002 pour exploiter un site de transit des déchets de chantiers à Limeil-Brévannes (94). Il s'est avéré par la suite qu'elle recevait toute sorte de déchets (déchets organiques, plastiques, métal, voire des déchets dangereux...) qui, loin de "transiter" pour une période limitée, se sont accumulés pendant 9 ans (voir notre article : Val-de-Marne : un stock de déchets qui inquiète...). Comme d'habitude, ce sont toujours les mêmes qui banquent : la société LGD ayant été placée en liquidation judiciaire, le nettoyage et la dépollution du site va coûter environ 20 millions d’euros aux contribuables. C'est pourquoi, en même temps qu'elle officialisait le lancement des travaux d’évacuation des 150 000 m3 de déchets accumulés, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé le renforcement des obligations de garanties financières en la matière. Si cette mesure permettrait de faire payer les exploitants et non plus les citoyens, ce qui est préférable, elle n’empêchera pas les atteintes à l’environnement et la mise en danger des riverains...
Selon FNE, la décharge de Limeil-Brévannes est loin d'être un cas isolé ; elle ne serait que la colline qui cache la montagne... Par exemple, la société BMR a déposé une demande d’autorisation en 2010 pour exploiter une plateforme de traitement de déchets végétaux à Villeparisis (77). En réalité, elle réceptionne des déchets non dangereux et non inertes (bois, cartons, plastiques, ferraille) sans autorisation et sans aucun encadrement en matière de protection des sols et des eaux. Toujours à Villeparisis, la société Paté SAS a reçu une autorisation en 2000 pour exploiter une station de transit de verres alors qu’elle reçoit notamment des verres de tubes cathodiques de téléviseurs, qui sont des déchets dangereux. Autre exemple : la société Gerlero et Fils est une entreprise de démolition qui avait le droit de stocker temporairement des déchets du BTP à Saint-Alban (31). Un contrôle a permis de révéler qu’elle stocke des déchets amiantés de manière totalement illégale. Il semble en être de même sur le site de l’ancienne carrière à Bessens (82) où a été détectée la présence de plusieurs types de déchets dangereux (goudrons, déchets amiantés, plastiques...) stockés à quelques mètres de la nappe phréatique, en toute illégalité également.
"Cette liste n’est pas exhaustive, les 1 200 inspecteurs des ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) n’étant pas en mesure de contrôler les 500 000 installations classées françaises. C’est pourquoi, les entreprises peuvent parfois continuer à exploiter une activité sans autorisation ou avec des autorisations n’ayant rien à voir avec la réalité de cette activité", souligne France Nature Environnement.
"Aujourd’hui, ce sont très souvent les associations de protection de l’environnement, les riverains ou les employés de ces sociétés qui jouent un rôle d’alerte quand les inspecteurs des installations classées n’ont pas les moyens de contrôler efficacement les installations soumises ou lorsqu’on laisse des situations critiques perdurer. Renforcer les garanties financières c'est bien, mais le faire sans renforcer les moyens de contrôle, c’est résoudre partiellement le problème", indique Pénélope Vincent-Sweet, pilote du réseau 'déchets' de FNE.
"Ce sont les départements de la grande couronne francilienne qui servent d'exutoire aux déchets industriels et commerciaux puis aux déchets ménagers dans les centres d'enfouissements. Rien qu'en Seine-et-Marne (77), 7 nouvelles demandes de zones d'enfouissement viennent d'être déposées auprès de la préfecture de Melun. Réduction, réutilisation et recyclage doivent être la priorité des priorités en matière de gestion des déchets alors que l'enfouissement ou l’incinération est la solution de facilité et une manne financière pour les entreprises spécialisées", dénonce de son côté Michel Riottot, Président d'Ile-de-France Environnement.