La Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé hier qu’elle ne financerait plus les projets de la multinationale suisse Glencore jusqu’à ce que les résultats d’une enquête menée en interne permettent de faire toute la lumière sur les graves accusations portées contre cette dernière. Les Amis de la Terre et SHERPA saluent cette décision mais demandent que la BEI adopte de manière générale des critères plus stricts dans la sélection de ses projets.
« C’est un premier pas intéressant que la BEI s’engage à ne plus collaborer avec une entreprise telle que Glencore, réputée pour son comportement irresponsable, et qui, avec un des plus gros chiffres d’affaire suisse, n’a aucun besoin d’être soutenue par des fonds publics. Cependant, la BEI a soutenu bien d’autres compagnies minières peu recommandables en Afrique, ayant elles aussi des pratiques environnementales ou fiscales douteuses : Eramet, poursuivie pour pollution au Gabon, First Quantum Minerals, qui possède de nombreuses filiales dans les paradis fiscaux, ou Ambatovy Minerals, qui détruit des hectares de forêt primaire à Madagascar… La BEI ne doit pas se contenter d’une annonce symbolique, elle doit réformer ses pratiques en profondeur pour ne plus investir de fonds européens dans aucun projet controversé », annonce Anne-Sophie Simpere, des Amis de la Terre.
En 2005, la Banque européenne d’investissement (BEI), la banque publique de l’UE, a accordé un prêt de 48 millions d’euros à la société Mopani Copper Mines (MCM), filiale zambienne du géant suisse Glencore, afin de rénover la fonderie de sa mine de cuivre et à terme, promouvoir le développement de la région (1). Cependant, ainsi que l’a révélé une récente enquête menée conjointement par les Amis de la Terre France et l’association zambienne Centre for Trade Policy and Development (CTPD) (2), les espoirs suscités parmi la population locale seront rapidement dissipées : aux dommages environnementaux s’ajoutent d’importants soupçons d’évasion fiscale (3) - faits qui ont conduit cinq associations dont SHERPA et le CTPD a saisir le point de contact national suisse (4).
« La décision prise par la BEI revêt une importance considérable » juge Maud Perdriel-Vaissière, de l’association SHERPA. « Chaque année, les pays en développement perdent 400 à 440 milliards de dollars de revenus à cause de pratiques d’entreprises telles que Glencore. Créer un précédent est essentiel pour faire cesser ce scandale ».
Alertés par la situation, plus de cinquante députés européens ont demandé la semaine dernière un moratoire sur les financements de la Banque au secteur minier en Afrique (5).
Les Amis de la Terre et SHERPA soutiennent cette demande de « moratoire sur les financements public de l'Union européenne aux projets miniers – y compris via la BEI – tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne sont pas en place pour garantir que des cas comme Mopani ne se produiront pas ».
Notes :
(1) Voir http://www.eib.org/projects/pipeline/2004/20040101.htm?lang=-fr
(2) Voir le rapport du CTPD et des Amis de la Terre « Projet Mopani : l’Europe au cœur d’un scandale minier » : http://www.amisdelaterre.org/Projet...
(3) Voir : http://www.amisdelaterre.org/Un-aud...
(4) Voir: http://www.asso-sherpa.org/archives/1423
(5) Voir : http://www.amisdelaterre.org/Scandale-Glencore-Mopani-plus-de.html