Grenelle Environnement : on s'est bien moqué des Français
Véritable opération de blanchiment écologique pour les uns, révolution parée de toutes les vertus pour les autres : le Grenelle Environnement fut au centre de l’agenda politico-médiatique durant 3 longues années. Fin octobre 2007, l’Etat, les collectivités locales, les syndicats et certaines associations se réunissaient afin de sceller "les accords du Grenelle" : 268 engagements marquant une véritable rupture... en matière de radicalité et de positionnement associatif. Les non-dits, reculs et engagements virtuels ont fini par justifier les craintes de celles et ceux qui avaient émis des doutes sur l’objectif caché de ce Grenelle. "A la veille du troisième anniversaire du Grenelle Environnement, l’heure n’est plus à l’enthousiasme des débuts ni au maintien d’illusions d’une révolution écologique sans cesse annoncée et sans cesse reportée", constate Stéphen Kerckhove, Délégué général d’Agir pour l’Environnement et auteur d’un livre intitulé "Grenelle de l’Environnement : l’histoire d’un échec" (éditions Yves Michel / oct. 2010)...
La "parenthèse verte" du Grenelle s’est refermée le 6 mars dernier lorsque le chef de l’Etat, jugeant sans doute que l’option écologique de son quinquennat n’était pas assez "rentable" électoralement, a affirmé, devant un parterre d’agriculteurs, que "l’environnement, ça commence à bien faire". Au regard de l’emphase des débuts du processus où Nicolas Sarkozy annonçait un Grenelle mondial et mettait sur le même plan l’adoption de la Taxe carbone et l’abolition de la peine de mort, les 3 ans du Grenelle représentent, pour Agir pour l’Environnement, un anniversaire posthume et la fin des illusions.
A l’approche de l’adoption de la loi Grenelle 2 et durant tout l’été 2010, le gouvernement et la majorité parlementaire ont largement participé au rabotage des modestes avancés du Grenelle. Pire, les ambiguïtés du Grenelle et son écriture diplomatique ont autorisé le gouvernement à relancer un programme massif d’infrastructures de tout type : incinérateur à Fos-sur-Mer, aéroport à Notre-Dame-des-Landes, 1 000 km de nouvelles autoroutes, un nouvel EPR à Penly s’ajoutant à celui actuellement en construction à Flamanville, une ligne à très haute tension dans la Manche...
En ajoutant l’abandon de la fiscalité écologique (contribution climat-énergie, taxe poids lourds, baisse du bonus à l’achat de véhicule moins polluant, baisse du crédit d’impôt bénéficiant aux énergies renouvelables), l’autorisation accordée aux camions de 44 tonnes de circuler sur les routes françaises, l’inscription de nouveaux OGM au catalogue officiel de semences, la ré-homologation de certains pesticides tueurs d’abeilles, la pose réclamée par le Ministre de l’agriculture en matière de réduction de l’utilisation des pesticides, l’effondrement du fret ferroviaire, l’absence de financement à la hauteur des objectifs de recyclage des déchets annoncés... le bilan du Grenelle est largement négatif !
Malgré une communication vantant les mérites du Grenelle qui confine parfois à de la propagande, le grand public n’est pas dupe : selon un sondage publié par le magasine TerraEco, 74% des Français estiment que le Grenelle est un échec. "Avant d’être une grande négociation entre acteurs aux intérêts divergents, le Grenelle Environnement est une opération de greenwashing politique visant à verdir une politique qui n’a jamais cessé d’être éco-prédatrice", conclut Stéphen Kerckhove. Dommage...
Pour télécharger un extrait du livre de Stéphen Kerckhove, rendez-vous ici.