Grenelle : les écolos satisfaits ? Pas si sûr...
Cap 21 (Citoyenneté, Action, Participation pour le 21ème siècle), parti écologiste présidé par l’ancienne Ministre Corinne Lepage, se satisfait dans un communiqué de la richesse des contributions et de la qualité des échanges qui ont eu lieu dans le cadre de la préparation du Grenelle de l’Environnement entre les associations, l’Etat, les collectivités, les entreprises et les syndicats. L'ensemble est tout de même teinté d'un "Oui mais..."...
Selon Cap 21, des avancées significatives sont apportées en matière de gouvernance et d’organisation de la décision publique : arbitrage des décisions publiques en fonction de leur impact sur le climat et la biodiversité, charge de la preuve inversée, transparence totale des informations environnementales, principes de précaution et de responsabilité affirmés, examen des grands projets par les collèges du Grenelle, place des associations dans le Conseil Economique et Social, liberté d’expérimentation pour les collectivités, contrôle de l’action de l’Etat par le Parlement, et mise en place de commissions parlementaires sur l’environnement et le développement durable.
Le parti approuve également l’ambition affichée en faveur d’un plan national de développement des énergies renouvelables qui irait au-delà des objectifs européens, d’un plan Marshall du développement durable avec des investissements conséquents en matière d’innovation et de recherche (1 milliard d’euros sur 4 ans), le retour du soutien de l’Etat aux investissements sur les transports urbains, le financement de nouvelles lignes ferroviaires et liaisons fluviales accompagné de la taxation des camions, le lancement d’un plan national de rénovation des logements anciens en particulier les logements HLM.
En ce qui concerne l’agriculture, Cap 21 est satisfait du moratoire annoncé sur les cultures commerciales d’OGM pesticides qui semble devoir se prolonger jusqu’aux résultats d’une expertise publique indépendante placée sous le contrôle d’une haute autorité mais regrette que les expérimentations en plein champ puissent se poursuivre. Quant à l’annonce d’un débat parlementaire pour une loi sur la dissémination des OGM fondée sur les principes de responsabilité et de transparence ainsi que sur l’obligation de prouver l’absence d’impact environnemental et sanitaire, cela irait dans le bon sens.
Cap 21 regrette également que le programme de réduction des pesticides soit en deçà de celui que le Parlement européen vient de voter en première lecture (réduction de 50% d’ici 2013 et non en dix ans si alternatives) et qu'un moratoire ne soit pas instauré sur les incinérateurs de déchets. Par ailleurs, il aurait souhaité que soit annoncée la création de la contribution "climat-énergie" qui ne reste qu’au stade de la réflexion par rapport à une révision générale des prélèvements obligatoires.
Pour Eric Delhaye, porte-parole du parti écologiste, "le changement est notable dans le discours, la volonté est affichée, reste à en attendre désormais la traduction en actions et en moyens dans la loi et dans l’ensemble des décisions publiques pour savoir si la révolution écologique tant attendue est en marche."
Pour Ulrike Lunacek, co-porte parole du PVE (Parti Vert Européen), le bilan est également en demi-teinte : "Le PVE reconnaît comme positif le fait qu’un pays européen majeur, qui jusque là était sensiblement en retard par rapport à d’autres dans la prise de mesures aptes à lutter contre le changement climatique et d’autres formes d’atteintes à l’environnement, semble désormais prendre ces questions au serieux en organisant une conférence à ce sujet. Nous réservons toutefois un accueil prudent à certaines mesures annoncées par le président Sarkozy à l’issue du Grenelle : prudent parce que ces mesures n’ont pas encore été transformées en décisions politiques concrètes. En matière d’environnement les faits comptent bien davantage que les mots, et les déclarations d’intentions optimistes doivent être suivies par des actes législatifs réels. En particulier, nous espérons que le gouvernement du président Sarkozy parviendra à imposer une "taxe carbone" sur les combustibles fossiles et autres polluants, qu’il tienne sa promesse de geler la construction d’aéroports, et celle d’un plan national pour favoriser le transfert du fret routier vers le rail. Le président a aussi semblé annoncer le gel de la construction de nouvelles autoroutes, mais malheureusement le gouvernement a énuméré un tel nombre d’exceptions qui laisse penser que la plupart des projets autoroutiers en projet ne seront pas stoppés. L’intention de reduire de 50% l’utilisation de pesticides doit être accompagnée d’un calendrier indiquant les étapes de sa réalisation pratique."
Conclusion : le Grenelle Environnement est définitivement une affaire à suivre et sur laquelle il va falloir rester très vigilant.