Guy Dauphin Environnement : le Cave se rebiffe !
Qui est le Cave ? Qui est le Dabe ? C’est bien la question dans cette encore triste mais déjà célèbre affaire et dans laquelle GDE joue les vedettes. Scénario classique (du déchet, pas catholique, enfoui bizarrement et pour pas cher), et des personnages, parmi lesquels Alain Schmitt, directeur de la Drire locale, René Hamel, consultant déchet, Alban Grosvallet, alias Monsieur environnement chez GDE, acteur principal de cette nouvelle série…
Etrange affaire que celle de la brocante près de Falaise dans le Calvados (voir notre dépêche) : après les soupçons, ce sont des présomptions de preuve qui accablent l’entreprise Guy Dauphin Environnement (GDE pour les initiés). Les RBA, des déchets toxiques ? Pas du tout mon bon Môssieu : ce sont des plastiques et du caoutchouc mélangés, rien de plus… et donc rien de bien méchant.
Plaisant non...?
Toute la question est maintenant de savoir qui est le cave et qui est le dabe dans cette affaire…
40 000 tonnes de RBA auraient été stockées chez Yvan Gauthier (propriétaire de la brocante et du terrain) qui aurait sollicité l’entreprise de recyclage pour combler un trou d’une centaine de mètres sur 7 de profondeur. « Quand GDE m’a proposé d’y mettre des gravats et de me donner en sus 2 euros par tonne, j’ai bien sûr accepté »…
Sauf qu’il y a une sacrée différence entre des gravats et des RBA, résidus de broyage automobile.
René Hamel de l’OREEAT, association écologiste n’a pas de doute : ce sont bien des RBA et apparemment il y en aurait d‘autres, enfouis dans une ancienne mine du coin.
La Drire saisie de l’affaire prend les choses très au sérieux et mène les investigations.
Et dans cette affaire, on va de surprise en surprise : des professionnels qui perdent la boule et qui ne savent plus ce qu’ils font, c’est quand même pas ordinaire…
Car GDE dit ne pas savoir s'il a enfoui des résidus de broyage automobile près de Falaise en 2002. « Je ne peux pas vous dire ce qui a été déposé sous le parking de la brocante de Versainville. Nous n'avons aucune trace de ces dépôts ». Responsable environnement du groupe GDE, Alban Grosvallet a d’ailleurs une bonne explication à fournir : en 2002, année au cours de laquelle les 40 000 tonnes de RBA auraient été enfouies sur le terrain en question, « la société n'assurait pas la traçabilité des déchets comme elle le fait depuis 2005 ». Surprenant, à croire que les bascules cela n'existent pas.
On s’appelle GDE ou on ne s’appelle pas GDE…Et quand on s’appelle GDE, on décide « de mener ses propres investigations sur place. S'il s'avère qu'il s'agit bien de RBA et non de gravats, nous assumerons », avait ajouté Monsieur environnement qui avait rappelé aussi, qu’il n'était pas présent en Normandie en 2002.
Inutile de préciser que la toxicité des résidus en question, dénoncée par l'écologiste René Hamel, est contestée par le responsable de l'environnement de GDE : « Pour nous, ces déchets sont inertes ».
On est heureux de l’apprendre car le site GDE de Rocquancourt en génère quelques 30000 tonnes annuelles (tout de même) et ce depuis plusieurs années. Et peut-être, convient-il de ne pas oublier d'autres sites de broyage comme celui de Limay en région parisienne qui en produisent tout autant. Il n’empêche que «normalement», les RBA doivent être stockés dans des décharges de classe 2.
Ne reculant devant aucun sacrifice, notre responsable environnement n’hésite pas à cafter : il soupçonne en effet, pour ce qui touche au site de Versainville, une dénonciation de la concurrence « que notre développement inquiète ».
Sauf que les soupçons de René Hamel étaient fondés : hier, des inspecteurs des Drire et des techniciens y sont allés à grands coups de pelleteuses et ont ouvert « le pot aux roses ». Les constats visuels et olfactifs ne laissent aucun doute, explique en substance Yvon Quédec, de la division environnement de la Drire Basse Normandie.
Des analyses seront évidemment effectuées tandis que préfet du Calvados et le Procureur de la république seront saisis de cette affaire… à suivre.