Ile-de-France : les enjeux des déchets dangereux
L'Ile-de-France a récemment adopté, après 3 années d’analyses, d’états des lieux, de concertation et de réflexions, ses 3 Plans régionaux d’élimination des déchets. Nous vous proposons aujourd'hui un focus sur son PREDD : Plan régional d’élimination des déchets dangereux...
Les déchets dangereux, identifiés dans la loi en raison de leur toxicité ou encore de leur caractère cancérogène, présentent des risques environnementaux et sanitaires élevés. Leur traitement nécessite donc des installations particulières et adaptées. En Ile-de-France, on compte ainsi 2 incinérateurs, 2 centres de stockage, ou encore 4 centres de traitement biologique des terres polluées. Pour information, environ 750 000 tonnes de déchets dangereux sont produits chaque année dans la Région.
Dans les faits, les déchets dangereux ont diverses provenances :
les ménages : les pots de peinture, les piles, les produits phytosanitaires... ;
les activités industrielles et artisanales produisant peu de déchets : les huiles de garages, les produits chimiques utilisés en imprimerie, les boues de pressing ;
les secteurs industriels "lourds" : les solvants de l’industrie de la chimie, les bains de traitement de surface, les résidus des procédés thermiques ;
les activités de traitement des eaux et des déchets qui produisent à leur tour des déchets dangereux : les résidus d’épuration des fumées des incinérateurs, les boues chargées en polluants issues du traitement des effluents dangereux ;
le secteur du bâtiment des travaux publics : les terres polluées et les déchets d’amiante.
A l’heure actuelle, seulement 20% des déchets dangereux des ménages et 30% des déchets dangereux des activités (artisanat...) sont correctement séparés du reste des déchets et peuvent donc suivre une filière de traitement adaptée. Ces déchets peuvent générer d’importantes nuisances pour l’environnement et des risques pour le personnel chargé de leur collecte et de leur élimination. L'objectif de la Région est de collecter d’ici 10 ans 65% des déchets dangereux produits par les ménages au lieu des 18% actuels. Le PREDD francilien fraîchement adopté prévoit ainsi les mesures suivantes :
Mettre en place des déchèteries accueillant les déchets dangereux.
Développer l’information sur la reprise de certains déchets dangereux (piles, lampes, électroménager) chez les distributeurs.
Mener des actions communes avec les magasins de jardinage/bricolage pour la promotion de produits générant moins de déchets dangereux.
Transporter moins de déchets dangereux par la route, et plus par des péniches ou des trains : actuellement, les déchets dangereux ne sont pas transportés par la voie d’eau ou le rail. L'objectif du plan est que, d'ici 10 ans, jusqu’à 15% de certaines natures de déchets (piles, huiles...) soient transportés par la voie d’eau ou le rail.
Utiliser préférentiellement les installations de traitement franciliennes pour les besoins de la région et des régions limitrophes : certaines filières de traitement reçoivent beaucoup de déchets dangereux provenant hors de l’Ile-de-France. A titre d'exemple, les 2 incinérateurs franciliens reçoivent 70% de déchets provenant de l’extérieur de la région. Dorénavant, 80% des déchets admis sur les installations devront provenir de l’Ile-de-France et des régions limitrophes
Valoriser les déchets dangereux pour une seconde vie : certains déchets dangereux tels que les huiles et les solvants usés peuvent faire l’objet de régénérations qui permettent de produire à nouveau des produits commercialisables. A titre d’exemple, 2 litres d’huiles régénérées peuvent être obtenues à partir de 3 litres d’huiles usagées. Les objectifs du plan sont d’améliorer les taux de recyclage de certains déchets et de favoriser l’émergence de nouvelles filières de valorisation.
Cet article est à lire en complément de nos 2 précédentes dépêches : L'Ile-de-France adopte ses Plans régionaux d’élimination des déchets et Ile-de-France : la problématique des déchets de soins.