Depuis qu’il a été arrêté, il se remet à cramer : car ce n’est pas la première fois.... C’est sans doute le fait du hasard, mais ça fout le bazar ! Hier en fin de journée, l’alerte était donnée avec à la clé : la D 7 coupée, des volutes de fumée visibles à des kilomètres de là, le tramway arrêté, plus de 150 pompiers sur site et une odeur persistante de caoutchouc brûlé… S’il n’y a aucune victime à déplorer, le feu a tout de même touché une zone d’environ 7500 m². Y’en a plein qui se seraient bien passés de ce genre de publicité...
L’incendie s’est déclaré avant 19h dans cette usine d’incinération de déchets désaffectée depuis 2006 et en cours de démantèlement. C’est désormais Isséane qui a pris le relais et traite les déchets produits par 1 million d’habitants.
Dans le collimateur, la vieille usine d'incinération d'Issy-les-Moulineaux en cours de démantèlement. « On a vu une flamme qui a grandi très vite et avons de suite appelé les pompiers. Heureusement, personne ne bossait à ce moment-là », explique l'un des vigiles qui assurent la sécurité du site. Très vite, des flammes gigantesque, une épaisse fumée noire s’élèvent du brasier et que l'on peut apercevoir à des kilomètres à la ronde. Les sapeurs-pompiers (164 personnes, 47 engins venus de 21 centres de secours) déploient les gros moyens.
Dans le même temps, la D 7 qui longe la Seine est fermée entre le pont de Billancourt et celui d’Issy.
Les autorités font interrompre le trafic du tramway T2 et coupent l’alimentation électrique.
« Le plastique de protection du chantier a brûlé. C’est ce qui a provoqué les grosses fumées », expliqye l'un des spécialistes de la mairie d’Issy-les-Moulineaux. « Des déchets de l’opération de démolition ont pris feu. On ignore encore comment. Heureusement, il ne reste rien à l’intérieur et la cheminée n’est pas endommagée. Il n’y a pas de danger pour les habitants, le site a été dépollué et désamianté », commente Marie-Anne Buhler, adjointe au maire.
Vers 21 heures, une dizaine de pompiers luttaient à l’intérieur, afin de noyer le foyer. « Le danger est que la chaleur fragilise les poutrelles, ont annoncé les pompiers. Il y a un risque d’effondrement. »
Peu de temps après, des membres de la commission locale d’information et de sécurité (Clis), rassemblant élus, associations et représentants de la préfecture, débarquaient sur les lieux.
Une réunion d’urgence de la Clis a d'ailleurs été demandée aujourd'hui. Déjà en mars 2006 un premier incendie (voir notre rédactionnel) avait hâté la démolition et entraîné la destruction de l’autre cheminée.
Le Cniid a immédiatement tenu à exprimer son point de vue, estimant que "si la combustion de plastiques semble en être la cause, ce deuxième épisode pose de nouveau la question des risques industriels liés à la présence de ce type d'usine en zone urbaine dense, et celle de leur surveillance et de leur démantèlement.
L'incendie d'hier rappelle brutalement à la population qu'un autre incinérateur, en activité, est toujours présent à quelques centaines de mètres de l’ancienne usine (1) : « la dissimulation des cheminées et des fumées (2) de l’incinérateur flambant neuf « Isseane » ne doit pas faire oublier que ce dernier rejette des polluants en permanence depuis sa mise en service en 2008 » rappelle Sébastien Lapeyre, directeur de l'association Cniid. Un incinérateur, en plus des pollutions aiguës liées aux risques d'incendie, génère des pollutions chroniques tout au long de sa période de fonctionnement (30 ou 40 ans). Dans les deux cas, la question de l'insuffisance de la surveillance et des contrôles se pose".
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(1) Les deux autres incinérateurs de l'agglomération parisienne se situent à Ivry et à Saint Ouen.
(2) Les cheminées affleurent au niveau du toit de l'usine et ne sont donc pas visibles. De plus, un système dit « d'atténuation des panaches » permet de rendre invisible à l'oeil nu les fumées qui sortent de ces cheminées.