Incinération des déchets... Grrrr ?!?!?!
L'article 10 précise en effet que « la capacité annuelle des départements ne peut pas être supérieure à 60% de la quantité des déchets produits, sauf dans le cas où le cumul des capacités des installations d'incinération et de stockage en exploitation est supérieur à cette limite ». Un « sauf » qui change la donne...même si on comprend bien qu'il est difficile de laisser tomber en carafe une installation qui a peut être coûté bonbon et qui mettrait en péril des investissements qui auraient sans doute généré des emprunts importants...
Pour, l'heure, on estime que l'incinération représente 30% du traitement des déchets ménagers dans notre pays, soit environ 13 millions de tonnes, tandis que l'enfouissement pèserait un peu moins de 30% des déchets éliminés par cette voie.
Il n'empêche : pour certaines associations, le projet serait purement et simplement vidé de sa substance initiale...
« Le projet de décret qui nous avait été communiqué stipulait que les départements n'avaient pas le droit d'être au dessus des 60%. Il y a une grande différence avec le texte publié le 12 juillet dernier », constate avec amertume Delphine Lévi Alvarès, chargée de mission incinération au sein du Cniid, Centre national d'information indépendante sur les déchets. « Nous trouvions déjà que cet objectif de 60% n'était pas très ambitieux, mais là, il est totalement vidé de sa substance »...
Sauf que la théorie des droits acquis n'est pas un leurre dans notre pays ; c'est un principe de droit fondamental que le ministère choisit d'appliquer...
C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles l'association Amorce est plus nuancée dans ses propos. Il faut dire que lorsqu'on représente les collectivités locales et qu'on sait ô combien, elle sont lourdement endettées, on est nécessairement pavé de bon sens. Aussi, Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce ne jette-t-il pas le pavé dans la mare...
« On peut difficilement demander à un territoire dépassant les 60%, de réduire la capacité de ses usines. C'est tout l'équilibre financier de ces structures qui serait remise en question »... Cela ne veut pas dire qu'on affiche une totale satisfaction : « ce qui nous interpelle le plus dans ce décret, c'est qu'au final, il comptabilise dans ces 60% les déchets des entreprises et du BTP, sur lesquels les départements n'ont pas de prise, en plus des déchets ménagers. Cela va amener de grosses disparités d'un département à l'autre », s'inquiète Nicolas Garnier...
On l'aura bien compris, à travers ce décret, c'est le principe même de l'incinération des déchets ménagers qui fait la grogne, puisqu'il reste un mode de traitement régulièrement source de polémiques, et ce, en raison des scandales anciens, liés aux rejets de dioxines qui ont largement alimenté l'actualité du moment... avec parfois des erreurs d'interprétation des données, et des exagérations faramineuses à la clé puisque certains ne sont pas à un zéro près quand il s'agit d'entretenir le feu... (Voir Incinération : histoire d'un naufrage évité...)
Il est souvent déprimant de constater qu'en dépit des investissements réalisés, des nouveaux procédés limitant considérablement les émissions, on continue à se focaliser sur de vieux exemples qui n'en sont plus...
Parce que dans ce domaine, aussi, on a progressé... au cas où on l'aurait oublié !
Au demeurant, le SVDU rappelle que les progrès techniques ont fait baisser les rejets de 99% en dix ans... Et comme on ne parle pas en tonnes mais en ppm...
Mais on ne désarme pas pour autant. « Avec l'incinération, on s'enferme dans un système qui empêche de faire tout autre choix. La durée de vie des usines étant d'au moins 40 ans (c'est heureux, car il s'agit d'investissements d'importance... et ce sont les contribuables qui financent, NDLR)... Cela veut dire qu'on ne compte pas réduire la production de déchets durant cette période. Or, seulement 9% de ce qui se trouve dans nos poubelles ne peut avoir actuellement d'autre destination que l'enfouissement ou l'incinération. Tout le reste est potentiellement réutilisable ou recyclable », assure Delphine Lévi Alvarès. Pour ce qui touche à l'aspect « valorisation énergétique », elle estime qu'il s'agit ni plus ni moins « de brûler des ressources, ce qui nécessite de re-fabriquer le même produit et le transformer par un processus industriel énergivore »...
Sachons raison garder...
Le mieux, selon l'association Amorce, ces serait d'empêcher la construction de nouvelles usines, au regard des déchets produits actuellement... « La part des déchets non recyclables économiquement parlant, tournant autour des 33%, et ce pendant encore quelques années, il est tout de même plus intelligent de transformer cette matière en énergie que de la stocker »...
Cela étant, restons vigilants... « Un tiers des départements vont bientôt être en manque de structures d'accueil pour les déchets »... Et alors, que fera-t-on ???