Incinération : des idées pour mieux faire…
Ils prônent la fiscalité incitative et non pas la taxation à tout va, ou à l’aveugle comme on voudra, quelle que soit la voie empruntée pour bien faire…
Dans ce contexte, le syndicat professionnel souhaite ardemment « donner à l'incinération toute sa place en qualité de productrice d'énergie renouvelable » et par voie de conséquence, que soient exonérés de TGAP les incinérateurs qui ont les meilleurs rendements énergétiques (supérieur à 60 %). « La mesure se ferait à coût nul, parce que les incinérateurs peu performants acquitteraient de leur côté une TGAP revue à la hausse ». Cela obligerait les « derniers » de la clase à rejoindre le peloton de tête...
Dans la même ligne politique, ils préconisent l’abolition des mesures du Grenelle limitant l’incinération pour ces mêmes incinérateurs ayant d’ores et déjà, les meilleures rendements énergétiques. A ce stade, il est bon de rappeler que la loi Grenelle 1 (août 2009) pose le principe d’une réduction de 15 % des tonnages incinérés, lesquels se voient en outre soumis à une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), étant entendu que l'Etat prévoit une hausse progressive de la taxe jusqu'en 2013.
« Aujourd’hui, la production d’électricité issue des incinérateurs équivaut à celle d’une tranche de la centrale nucléaire de Fessenheim. Notre projet est de doubler, a minima, la valorisation énergétique du parc, dont la production correspondrait alors à celle des deux tranches du site de Fessenheim. Il est clair que cet apport contribuerait à l’atteinte de l’objectif communautaire de 23 % de renouvelables dans le bilan énergétique français en 2020. Par rapport à l’éolien et au solaire, dont la production est intermittente, l’incinération est complémentaire car disponible en continu », explique bien volontiers Luc Valaize, qui préside aux destinées du SVDU, syndicat national de la valorisation des déchets urbains et assimilés.
Aussi, si on parvenait à doubler la « production énergétique des incinérateurs, on pourrait très bien fermer Fessenheim ».
Sauf que… Dans la mesure où les anti nucléaires ne sont pas souvent des pro incinération des déchets, il n’est pas certain qu’ils apprécieraient la plaisanterie… Aussi, à n'en point douter, il y aurait débat...
Voilà donc deux mesures à coût zéro, qui tireraient inévitablement le métier vers le haut…
Pour parvenir à cette optimisation des rendements, il faudrait pour compléter le dispositif, ajouter à la production d’électricité (achetée par EDF à un prix garanti) celle de chaleur, desservant des bâtiments (habitat, tertiaire, industrie) à proximité. Et donc raccourcir les distances souvent importantes qui séparent les lieux de production des lieux d’utilisation de l’énergie, avec à la clé une perte de chaleur importante lors de son acheminement : les incinérateurs sont en effet souvent en rase campagne; or, le transport de l'énergie coûte, sans compter la déperdition en cours de route... Parce qu’il faut savoir qu’à l’heure actuelle, en plus, environ la moitié de l’énergie provenant des déchets résiduels traités par incinération est perdue, ce qui correspond à un gaspillage « de plus 4 millions de tonnes équivalent pétrole par an »…
Dommage.. Parce des exemples, allant à l'inverse de cette tendance, il y en a:
A Copenhague, pas moins de quatre incinérateurs alimentent le réseau de chaleur de la ville... Ce qui satisfait tout le monde.
La Suède parle de fuel et non de déchets combustibles dans les appels d'offre, mettant en avant l'incinération des déchets.
Heureusement que dans noytre pays, il en est qui ne manquent pas de bons sens : ainsi, en Bretagne, la société laitière de Pontivy produit le lait destiné aux petits avec l'énergie provenant de l'UIOM de Pontivy... Quelque 8000 heures par an; ce qui signifie aussi que l'entreprise se déconnecte de l'énergie pétrole, et ce à moins cher...
A l'identique, le Sictom du Nord-Ouest Mayennais a confié, il y a quelques années, à Vinci Environnement les travaux d'extension de son UIOM de Pointmain : à l'issue de ces travaux, soit en 2003, l'usine a été en mesure de couvrir 80% des besoins de chaleur de la laiterie voisine.
« Le rendement énergétique devrait être meilleur dans notre pays ; beaucoup d’incinérateurs ne produisent que de l’électricité ce qui gâche l’énergie… Il faudrait davantage miser sur les réseaux de chaleur »…
Et puis, bien sûr, réévaluer le tarif de rachat de l’électricité produite à partir de l’incinération des déchets.
Et le mettre « à l’identique été comme hiver afin d'inciter à se creuser la tête pour trouver des solutions d'utilisation pour l'été, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. C’est sans compter qu’il est deux fois moins élevé que pour l’électricité issue du biogaz produit par les centres d’enfouissement, solution de traitement que Bruxelles juge pourtant la moins intéressante »...
On l'aura compris, il y a de quoi faire pour mieux faire...