Incinération : et l’on reparle de Flamoval

Le 03/03/2010 à 17:53  
Incinération : et l’on reparle de Flamoval
Philippe Richard C’est reparti pour un tour : le projet d’incinérateur Flamoval fait de nouveau parler de lui et « en bien » comme vous allez pouvoir en juger : il paraît en effet qu’il s’agit là « d’un projet inutile, coûteux et dangereux pour la santé »… Si ce n’est pas un pavé dans la mare, ça y ressemble. La question est de savoir qui va encore être éclaboussé ???

 Le président de l'APSH, l'Association pour la protection de la santé des habitants, Philippe Richard, vient de faire le point sur le dossier Flamoval : hier après midi en effet, il a redit que le projet était « inutile, coûteux et dangereux pour la santé ».

L’opposition à ce projet fait des vagues… D’autant que Dany Dietmann, maire écologiste de Manspach, dans le Haut Rhin, bien connu pour son opposition pure et dure à l’incinération a été cité en exemple par Thierry Willaey, en ce début de semaine… Et rebelote hier, par la bouche de Philippe Richard qui va jusqu’à parler de « méthode Dietmann », en matière de gestion des déchets.
« Depuis 2000, Dany Dietmann a fait baisser le poids des ordures ménagères (des habitants de la communauté de communes de la Porte d'Alsace). En 2009, le poids par habitant des ordures ménagères résiduelles était de 83 kg alors que le projet de Flamoval prévoit 92 500 tonnes par an pour 282 570 habitants ce qui fait un total de 327 kg par an et par habitant ».

 Et comment qu’on fait ?
Et bien on met en place la pesée embarquée dans les camions, pardi!
Sitôt dit, sitôt fait !
In fine, grâce à ces machines qui espionnent notre mode de consommation avec à la clé les tonnages de déchets générées dans chaque foyer, et bien y’a plus qu’à calculer la taxe d’enlèvement sur les déchets ménagers. Et comme cette dernière incite notamment les habitants à ne sortir les poubelles que lorsqu’elles sont pleines, on fait des économies substantielles.
Dans les habitats collectifs, les poubelles ferment à clef...
Et puis, bien sûr, le tri auquel s’ajoute une ressourcerie : ce dispositif « a créé des filières, de l'emploi et entraîné l'arrêt d'un projet d'incinérateur à Aspach le Haut »…

 Côté pépettes, le président de l'APSH, ne désarme pas non plus. « À Manspach, il est de 52 € par an et par habitant alors que la moyenne française est de 93 € ; étant entendu que la tonne incinérée revient à 139 € »… Et d’asséner quelques remarques supplémentaires : « le préfet a pris un arrêté d'autorisation d'exploitation contre lequel nous avons déposé un recours devant le tribunal administratif mais aurait-il pris la même décision si un projet alternatif lui avait été présenté ? »
« Alors qu'on nous dit que le dossier est bétonné, que tout est au point, on découvre que la terre qui se trouve sur place est impropre à la construction et qu'il faut évacuer 70 000 m³ de boue. On va interroger les autorités - le préfet, le SMFM et la DREAL - pour savoir ce que contiennent exactement ces boues qui viennent du curage du canal. Quand on voit le problème de pollution aux PCB dans le Rhône, on peut s'interroger », explique encore Philippe Richard lors de la conférence de presse qu’il tenait hier.
« On nous d'un centre de valorisation énergétique, mais qui dit valorisation énergétique dit électricité et cogénération. Sur ce deuxième point, rien n'est finalisé, nous n'avons aucun chiffre. Or, les directives européennes réclament 65 % de rendement »,
poursuit l’orateur.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est chaud, là haut dans le Nord. De fait, les militants sont prêts à aller jusqu’au bout !
« On anticipe la décision du tribunal administratif. Si jamais il rejette notre recours, on ira plus loin : on fera appel et nous irons s’il le faut, devant la cour européenne de justice ! Notre objectif est clair : éviter de dépenser 90 millions d'euros pour brûler des matières premières ! »…
Et paf ! Le mot est lâché : matières premières… Et si la production de déchets n’était en fait qu’une masse de nouvelles matières premières, éternellement renouvelables, disponibles en permanence et à portée de mains, qu’il suffirait de valoriser et recycler de manière plus optimale ? Le tout dans un contexte politico juridique très nettement orienté vers le recyclage...
Oui, mais à quel prix?, répondront les tenants de l’incinération : produire de l’électricité fait de nous des producteurs d’énergie verte… Or, le prix de l’énergie n’a pas fini de grimper : qu’on y réfléchisse bien…
Comme on le voit, on n’a pas fini de débattre…