Incinération : le public ne va pas se priver...

Le 29/10/2013 à 16:03  
Incinération : le public ne va pas se priver...
incinération des déchets  Public ou privé ? Telle est la question. Pour l'heure et depuis des années, une seule réponse possible. Les collectivités locales optant pour l'incinération de leurs déchets ménagers doivent solliciter des entreprises privées, dont c'est le métier. Mais demain ? Et bien... Depuis ce soir, elles auront le choix. La Semardel a en effet annoncé officiellement ses fiançailles avec un Allemand dont la philosophie est similaire à la sienne. Une joint-venture, spécifiquement créée, permettra désormais au secteur public de se mettre sur les rangs afin de répondre à des appels d'offres qui seront passés en vue d'incinérer les OM. Cerise sur le gâteau qui ne sera peut-être pas du goût de tout le monde... Ce sera moins cher.

 Y aura-t-il tout prochainement du grincement de dents? On est en droit de se poser la question. Ce soir avait lieu un point presse afin d'annoncer des fiançailles qui ne vont peut-être pas plaire à tout le monde...

Semardel, entreprise bien connue basée en Ile de France et son homologue allemande, la 3ème société municipale de gestion des déchets et d'énergie du pays, MVV Umwelt, deux entités à capitaux majoritairement publics, ont officialisé une alliance ayant pour objectif de tout faire pour prendre du poids sur le marché français de l'incinération des déchets ménagers, largement maitrisé par le secteur privé. Marc Rajade et Mickael Class, respectivement responsable de leur entité, ne cachent pas leur satisfaction, n'hésitant pas à justifier leur pacte, expliquant que le secteur privé est fort "peu concurrentiel". Pour faire court, aujourd’hui, environ 30% des incinérateurs français sont exploités par Veolia, 30% par Sita (Suez Environnement), 20% par Tiru (groupe EDF), le reste étant partagé par Idex, Séché Environnement, Cnim, Pizzorno et puis, des régies publiques locales. Les 127 incinérateurs installés en France produisent actuellement 11 térawattheures d'énergie (un tiers sous forme d'électricité et deux tiers sous forme de chaleur, approximativement).

Le montage juridique prévoit que chacune des deux entreprises gardera son périmètre existant ; elles constitueront "une coentreprise en plus". L'idée est de pouvoir participer à "la compétition pour l'obtention de marchés consacrés à l'exploitation d'incinérateurs et de centrales à biomasse en France", nous a expliqué Eric Chevaillier, Directeur commercial de Semardel.
MVV, l'entreprise publique de la ville allemande de Mannheim, gère actuellement 15 unités thermiques en Allemagne; elle en bâtit deux en Tchéquie et en Grande-Bretagne (à Plymouth). Semardel, détenu par des collectivités locales de l'Essonne (à 75%) et par la Caisse des Dépôts, exploite déjà les incinérateurs de Vert-le-Grand (Essonne) et de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques).

L’idée on l’aura bien compris, consistera à convaincre les collectivités qui disposent d’un incinérateur, à passer par un interlocuteur public (disposant maintenant d’une présence européenne) plutôt que privé : l'appui de MVV permettra selon lui d'importer en France des solutions techniques optimales d'outre-Rhin. Pour Eric Chevaillier, "il y a de vraies opportunités pour être meilleurs"…
"Cette alliance va permettre aux collectivités locales françaises de bénéficier des avancées technologiques et industrielles qui ont permis aux villes allemandes de développer de manière spectaculaire leur production d'énergie alternative", font valoir, de concert, les deux sociétés.
Cette annonce est présentée comme une "bonne nouvelle pour les collectivités locales qui vont bénéficier des compétences d'un compétitueur supplémentaire", à même de fournir une "qualité optimale de traitement", tout en présentant une "offre publique" avec une "vision publique de la gestion des déchets", assurant une préservation du patrimoine de la collectivité locale, et ce, à moindre coût : outre Rhin, l'intervention de MVV Umwelt est facturée à environ - 30% du tarif courant observé chez nos voisins. La joint-venture escompte pouvoir damer certains pions avec des coûts d'ores et déjà affichés : "très compétitifs"...