Incinération : les écolo sont contre le projet Vasselle

Le 27/05/2009 à 19:13  

Incinération : les écolo sont contre le projet Vasselle
Alain Vasselle "Les Verts de l'Oise sont contre le projet d'incinérateur du sénateur Vasselle (voir aussi notre dépêche), et pour une refonte écologique du plan départemental de prévention et de gestion des déchets de l'Oise". Tel est en substance le message que nous fait passer Isabelle Maupin, Porte-parole des Verts de l’Oise...

Aujourd'hui, l'Oise dispose de 300 000 tonnes de capacités d’enfouissement, auxquelles s’ajoute un incinérateur d’une capacité de 172 500 t, brûlant environ 145 000 t par an (84% de la capacité). La quantité prévisible de déchets de l'Oise destinés aux installations de stockage (décharges) ou d'incinération sera en moyenne de 405 000 tonnes par an jusqu'en 2023 (chiffre présenté lors de la réunion de la commission du plan du 3 juin 2008 - cabinet Merlin). A cela s’ajoute la généreuse autorisation préfectorale (pour les exploitants) d’importer 25% de déchets d’autres départements (100 000 t), autorisation que le Conseil général n’est pas obligé de poursuivre, car les investissements des contribuables isariens n'ont pas vocation à financer le traitement des déchets industriels des départements voisins.

Sur la base de ces chiffres, "on peut affirmer que les capacités existantes dans l'Oise ne seront pas à saturation avant 2020, hors mesures de prévention, et bien au delà de 2020 en tenant compte des mesures de prévention (même en conservant 25% du volume de déchets importés de d'autres départements !).

L'Oise dispose donc des moyens de gérer les déchets ménagers et assimilés sur le long terme sans avoir à prévoir de nouvelles décharges, ni de nouvel incinérateur, n'en déplaise à M. Vasselle et à ses amis marchands d'incinérateurs.

A partir de ce constat, la position des Verts de l'Oise est très claire : compte-tenu des capacités disponibles, notre département va pouvoir faire preuve d'ambition pour mettre en place une politique volontariste et écologique de réduction à la source de ses déchets, d'augmentation de la part des déchets triés et de développement du recyclage et des valorisations écologiques des matières présentes dans nos déchets. Les positions toujours défendues par les députés Verts européens ont finalement été adoptées par le Parlement Européen le 17 juin 2008 : dans le domaine de la gestion des déchets, il s'agit désormais de "privilégier, par ordre de priorité, la prévention, la préparation en vue du réemploi et le recyclage". Les grandes orientations communautaires fixent en outre une réduction d’ici 2020 de 20% des émissions de CO2 par rapport à la référence 1990. Dans le secteur des déchets, cela implique de récupérer systématiquement le méthane dégagé par les centres d’enfouissement, les plateformes de compostages et de réduire la place de l’incinération dans le dispositif départemental de traitement des déchets. En effet, incinérer, c’est déstocker du carbone dans l’atmosphère, sans même avoir recyclé (papier) ou méthanisé les 60% de matière organique constituant les déchets incinérés.

incinérationPas de nouvel incinérateur et pas davantage de nouvelle centrale au gaz !

En effet, plutôt que de stériliser des terres agricoles pour brûler à Verberie (dans une centrale coûtant 550 M d'euros) du gaz qui a parcouru des milliers de km, mieux vaut produire et brûler dans un centre de gestion des déchets le gaz issu tout simplement de la décomposition de nos déchets organiques !

Objectifs à fixer dans le nouveau plan départemental de prévention et de gestion des déchets

Créer en 2010 un Service public départemental de gestion des déchets, afin d’organiser la prévention des déchets dans l’Oise et mettre en place une politique dite « zéro déchet ». Il n’apparaît pas nécessaire de conserver les syndicats mixtes existant. La coordination des politiques communales et intercommunales de traitement des déchets sera transférée au niveau départemental. Pour prévenir la diffusion de futurs déchets et favoriser le recyclage des matières issues de notre consommation, le Conseil général doit devenir le pilote à part entière. Le département pourrait mettre en œuvre un projet politique ambitieux de refonte du système de gestion des déchets en s'orientant vers l'objectif « zéro déchet ».

La mise en œuvre d'une politique « zéro déchet » est incompatible avec le choix de construction d'un nouvel incinérateur dans le département, car les collectivités devraient s'engager à l'alimenter, ce qui va à l'encontre de toute stratégie de réduction des déchets. La prévention et la réduction à la source, le tri et le recyclage nécessitent un fort investissement des élus et des citoyens. C’est un enjeu d’intérêt général, à forte résonnance collective, qui nécessite une bonne adaptation au contexte local. Le tri doit être facile et pratique pour les particuliers comme pour les entreprises. Les ambassadeurs du tri pourraient aider les particuliers à choisir des poubelles adaptées au mode de tri choisi par les collectivités et à l'espace dans lequel ils vivent, notamment en habitat vertical".

réduction des déchets La pesée embarquée doit être généralisée. Elle est basée sur une redevance incitative. A la différence de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, la redevance incitative est assise non plus sur la valeur foncière du logement, mais sur le poids et/ou le volume de déchets présentés par chacun. Dans la Communauté de communes des Portes d’Alsace, près de Mulhouse, en l'espace d'un an, le volume des déchets produits par ménage a été divisé par deux puis par trois, pour atteindre aujourd'hui 96 kg/hab et par an. L'habitant ne paie que les déchets résiduels non triés.

Concernant les fermentescibles l'objectif doit être à terme de détourner la totalité du gisement des poubelles de résiduels. Environ 35% des déchets ménagers sont des fermentescibles, près de 60% si l’on y ajoute le papier et les cartons. La récupération de la matière organique est essentielle pour notre indépendance énergétique future (production de gaz naturel non importé de l’autre bout de la planète), mais aussi pour l’amendement et la reconquête de la fertilité des terres agricoles. La matière organique mérite beaucoup mieux que l’enfouissement ou l’incinération en mélange avec des déchets comprenant des métaux lourds et une multitude de produits chimiques !

Selon les Verts de la région, diverses actions sont possibles :

En habitat horizontal : compostage individuel avec mise à disposition gratuite ou distribution à faible coût de composteurs individuels en bois. Mise en place d’un compostage de quartier avec distribution gratuite du compost mûr… réutilisable dans les balconnières, potagers, jardins.

En habitat vertical, les fermentescibles peuvent également faire l'objet d'une collecte séparée. Ils peuvent être traités directement chez le particulier dans la cuisine (lombricompostage, efficace et sans odeur), ou apportés dans les points d'apport volontaire spécifiques au pied des immeubles.

Deux unités de méthanisation peuvent être envisagées, à proximité de Beauvais pour accueillir les fermentescibles de cette agglomération, ainsi que dans le bassin creillois, à proximité de l’incinérateur de Villers-Saint-Paul, qui bénéficie d’une excellente desserte ferroviaire pour la livraison des déchets. Le biogaz issu de ces installations peut être valorisé sans difficultés dans des réseaux de chaleur, mais aussi par des flottes de bus ou sur la ligne ferroviaire Creil-Beauvais. La mise en place d’une liaison ferroviaire Creil-Beauvais avec automotrice à turbine alimentée au biogaz issu de la fermentation des déchets de l’Oise aurait une valeur pédagogique et symbolique très forte pour les isariens !

déchets fermentescibles Les déchets non fermentescibles :

Le développement de la consigne des bouteilles en verre dans les points de vente, soit par apport volontaire dans des récupérateurs automatiques dans les grandes surfaces, soit par une récupération manuelle dans les petits commerces doit être fortement incité.

Les points de vente de produits emballés (à commencer par les magasins de plus de 300 m²) devront mettre à la disposition de la clientèle, en entrée/sortie de magasin, des bacs/conteneurs de récupération des emballages. Le contribuable n’a pas à payer la collecte d’emballages que les consommateurs pourraient laisser sur place après achat ou rapporter au magasin la fois suivante. La plupart des emballages ont pour objectif de faciliter la promotion, la mise en rayon ou la protection antivol des produits à l'intérieur du magasin, pas leur utilisation à domicile. La plupart des emballages sont jetés dès l’arrivée au domicile et le rangement des courses. La pratique du dépôt ou du retour des emballages dans les magasins de distribution est généralisée en Allemagne. Pourquoi pas dans l'Oise ?

Les mesures ci-dessus seront très efficaces si la population y trouve un intérêt financier. Ce sera le cas avec la mise en place de la pesée des poubelles.

Ce nouveau plan départemental doit avoir pour objectif de gérer les déchets sans prévoir ni nouvel incinérateur, ni nouvelles décharges. Construire aujourd’hui un nouvel incinérateur dans l'Oise ne peut être qu'un cadeau fait à une multinationale (sur le dos des contribuables), au mépris des objectifs de réduction des déchets, souhaités par la population et prévus par la loi. Le Conseil Général de l'Oise doit passer d'une logique d'élimination des déchets à une logique de valorisation des ressources.

Les Verts de l’Oise réaffirment les priorités en matière de réduction des déchets ménagers et industriels. Ils militent également pour les solutions de traitement des déchets les plus respectueuses de l’environnement.

Les Verts de l’Oise soutiennent les associations et riverains qui s’opposent au projet d’un incinérateur supplémentaire inutile sur le territoire du SYMOVE.

Voir aussi : Rassemblement Europe Ecologie Nord Ouest