Incinération : les lichens de Valoryele ont parlé
La Commission Locale d’Information et de Surveillance (CLIS) de Valoryele, Centre de valorisation énergétique des déchets situé à Ouarville (Eure-et-Loir, 28), vient d'avoir lieu. Instance de concertation et de dialogue, elle a réuni les services de l’Etat (DRIRE, DDASS...), des associations pour la protection de l'environnement, l’exploitant Novergie (Groupe Suez) et le bureau d’étude Aair Lichens. Ce dernier, invité en qualité d’expert pour dresser le bilan de l’exploitation du site en 2006-2007, a présenté les résultats de la première campagne de surveillance de l’impact environnemental du site par les lichens...
La méthode lichénique avait été retenue en 2005 par la CLIS, les lichens étant des traceurs pertinents d’un impact industriel. "Etant totalement dépendants de l’air pour leur nutrition, les lichens peuvent retenir temporairement les métaux lourds et la dioxine. A ce titre, ils sont représentatifs de la qualité du milieu atmosphérique et d’un impact industriel contrairement au sol qui reflète une pollution cumulée et historique", a expliqué le Dr Giraudeau d’Aair Lichens.
Le plan de surveillance a donc consisté à analyser, en aveugle par des laboratoires indépendants et agréés, les lichens prélevés en plusieurs points sous le panache de l’usine, dans un périmètre de 5 km alentour. Cette aire d’étude a été définie par la zone d’influence potentielle des rejets générés par l’usine en tenant compte à la fois de la rose des vents et de l’étude de dispersion des rejets établie par modélisation. Commentant les résultats de cette première campagne, le Dr Giraudeau a déclaré que "les retombées en dioxines-furannes sont très faibles avec une limite de significativité pour le site de 4 pg/g I-TEQ, pour un seuil repère à 20 pg/g I-TEQ. Les retombées du site sont inférieures à ce qui peut être rencontré sous l’influence d’activités industrielles. Il n’y a, dans l’état actuel du suivi, aucun risque d’introduction de dioxines et furannes dans l’alimentation à ce niveau de retombées". L’analyse démontre également une absence de trace de métaux lourds aux différents points de prélèvements.
Cette première campagne de surveillance environnementale par les lichens corrobore les analyses en continu et semestrielles des rejets atmosphériques de l’usine : les teneurs en métaux lourds et en dioxines-furannes sont largement inférieures aux valeurs réglementaires en vigueur et les émissions de dioxines-furannes présentent des seuils jusqu’à 100 fois inférieures au seuil réglementaire. Des travaux vont être engagés en 2009 pour permettre l’injection d’un réactif (urée) dans les fours pour abattre les oxydes d’azote à 200 mg/Nm3.
Valoryele, filiale de Novergie, a traité 127 000 tonnes de déchets l'an passé. En raison d’un sinistre sur le groupe turbo-alternateur, module qui transforme la vapeur issue de la combustion des déchets en énergie, le centre a vendu 35 millions de kWh électriques (au lieu des 55 millions de kWh électriques en fonctionnement optimal) à EDF, soit l’équivalent d’une ville de 46 000 habitants fournie en électricité. Cette valorisation énergétique des déchets permet l’économie de 34 500 barils de pétrole. Le site valorise également 100% de ses mâchefers (soit 30 000 tonnes) en techniques routières : remblais ou sous-couches routières.