Incinération : pas besoin de nous tirer dessus à boulets rouges
L’InVS a récemment publié les résultats définitifs de son étude sur l’évaluation du risque de cancers (voir notre depêche ) lié à l’exposition aux incinérateurs d’ordures ménagères entre 1972 et 1985. Cette étude fait une nouvelle fois l’objet d’interprétations multiples et partielles. Dans ce contexte, Novergie entend rappeler deux points clés :
Les conclusions portent sur une situation passée dont les résultats ne sont pas transposables au parc d’incinérateurs actuels
Les conclusions ne remettent pas en cause les résultats livrés en 2006, à savoir qu’il n’y a pas de lien de causalité entre incinérateurs et cancers
Cette étude est à remettre en perspective par rapport à l’étude d’imprégnation réalisée par l’Afssa en 2006 concluant à « l’absence d’exposition aux dioxines des riverains d’incinérateurs ». D’autres études européennes semblent fortement confirmer cette hypothèse et notamment celle publiées par le Ministère de l’Environnement
Allemand en 2005 qui stipule que « l’incinération des déchets n’est plus du tout significative en matière d’émissions de dioxines, de poussières et de métaux lourds alors même que les capacités d’incinération ont doublées depuis 1985 ». l’Agence de protection de la Santé Britannique déclare, quant à elle, que « les incinérateurs aux nouvelles normes européennes n’ont pas d’impact sanitaire ».
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’incinération avec valorisation énergétique a fait l’objet de nombreux débats lors du Grenelle de l’Environnement et que cette filière a été largement réhabilitée au sein de la filière déchets, en complément du recyclage et de la valorisation matière.
Novergie, pôle spécialisé de SITA, gère 38 installations de valorisation énergétique des déchets en France et suit de nombreux projets de développement européens.
Les conclusions de l’InVS restent inchangées, à savoir pas de lien de causalité prouvé entre incinérateurs et cancers
L’étude de l’InVS, dont les premiers résultats ont été publiés en Septembre 2006, porte sur l’impact sanitaire d’anciennes installations en fonctionnement dans les années 70-80 dans 4 départements : Bas-Rhin, Haut-Rhin, Isère, Tarn. Elle se base sur une observation statistique des registres des cas de cancers dans ces 4 départements.
Les résultats observés notent « une relation statistique significative entre le lieu de résidence sous un panache d’incinérateur de 1972 à 1985 et l’augmentation du risque de certains cas de cancers ». Cet excès de risque statistique, de l’ordre de quelques pourcents tous cancers confondus, est jugé « modeste » par les épidémiologistes, ne permet pas « d’établir un lien de causalité entre incinérateurs et cancers et ne nécessite aucune recommandation de santé publique ».
Comme en 2006, la synthèse définitive du rapport 2008 conclut que cette approche porte sur une « situation passée et que les résultats ne peuvent être extrapolés au parc d’installations actuelles dites de nouvelle génération ».
Cette étude InVS, malgré les interprétations multiples, a permis de lever le doute sur l’impact sanitaire des installations nouvelle génération. Quant à la situation passée, la faiblesse de l’impact de cette activité ne conduisait pas d’après l’InVS « à recommander des décisions de santé publique ».
Les rapports publics disponibles en France ou à l’étranger concordent
Etude d’imprégnation AFSSA 2006 : absence de sur-exposition des populations vivant à proximité d’incinérateurs l’AFSSA a réalisé une étude d'imprégnation par les dioxines (prélèvement sanguins et urinaires) autour de 8 sites proches d’un incinérateur, répartis dans plusieurs départements français et dans des zones géographiques et alimentaires contrastées.
Globalement l’étude met en évidence que les riverains d’incinérateurs – d’ancienne ou de nouvelle génération – ne sont pas plus exposés aux dioxines que la moyenne française, elle-même située dans les valeurs européennes les plus faibles.
(Source : étude d’imprégnation par les dioxines des populations vivant à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères)
Académie de Médecine et Comité de la Prévention et de la Précaution
Réalisant une synthèse de l’ensemble des études menées, un rapport du Comité de la Prévention et de la Précaution demandé par le Ministre de l’Environnement et publié en octobre 2004 jugeait sans risque les incinérateurs: « il n’y pas d’argument solide à ce jour permettant de conclure à un risque accru de cancer quel qu’en soit le type, pour les résidents à proximité d’une UIOM. » L’Académie de Médecine a également souligné dans un rapport de juin 2005 que « le risque d’exposition aux dioxines de la population française est très inférieur à la norme OMS » qui se situe à 4 picogrammes par kg de poids corporel.
(Source : les incinérateurs d’ordures ménagères : quels risques, quelle politique ? CPP Décembre 2004)
Ministère allemand de l’Environnement
A la suite de son rapport de septembre 2005 intitulé « waste incineration, a potential danger ? », le Ministère de l’Environnement Allemand a pris la décision de favoriser l’implantation d’incinérateurs d’ordures ménagères avec valorisation énergétique.
Après avoir mené des études environnementales poussées, ce rapport met en évidence que l’impact des unités d’incinération en matière d’émission de dioxines, de poussières et de métaux lourds est négligeable alors que l’Allemagne a doublé ses capacités d’incinération depuis 1985.
(Source : Waste incinération, a potential danger? Sept. 2005)
Health protection Agency, novembre 2005
Cette étude conclut que « les études épidémiologiques et d’évaluation des risques sanitaires montrent le faible d’impact des émissions d’incinérateurs d’ordures ménagères aux nouvelles normes européennes ».
(Source : Municipal Solid Waste Incineration, Health Protection Agency, Nov 2005)
Le suivi environnemental des installations confirme l’absence d’impacts
Afin de démontrer que les usines n’ont pas d’impact sur l’environnement, Novergie met en place un suivi des pollutions autour de ses sites. Novergie suit annuellement 70 milieux à l’aide de 9 catégories de « matrices » : jauges, végétaux, air, lait, sols, lichens, oeufs, mousse, eau de surface. En moyenne, une à trois matrices sont étudiées en fonction du contexte environnemental local et des demandes préfectorales.
Novergie recourt également à des tiers afin de suivre l’impact environnemental de ses activités : des comités de suivi dioxine regroupant association, élus et experts ont ainsi été créés afin de vérifier l’absence d’accumulation de dioxines dans l’environnement
Les résultats disponibles montrent que la teneur en polluants des milieux autour des sites ne varie pas au cours du temps. A titre d’exemple, à OCREAL, près de Montpellier, les relevés de dioxines dans les sols sont comparables à ceux réalisés en moyenne dans les sols français. De même, après 15 années de fonctionnement de l’usine de Valoréna, près de Nantes, aucun impact n’a été trouvé (en dioxines et métaux lourds) sur les sols superficiels autour de l’incinérateur.
Pour conclure, les polémiques liées à l’incinération des déchets ménagers en France font partie du passé dans les pays du Nord de l’Europe, qui ont vécu le même type de crise il y a 15 ans de cela. Les Pays-Bas en sont un exemple probant. Après un projet de moratoire de 1999 à 2003 sur le « mass burning », les Hollandais sont revenus sur leur décision et développent aujourd’hui très largement cette filière adaptée aux critères sociaux-démographiques du pays et prévoient d’installer, d’ici fin 2012, trois nouvelles unité de valorisation d’une capacité globale de un million de tonnes par an.
Après le recyclage matière, la valorisation énergétique des déchets constitue une réponse adaptée aux défis que constituent la réduction des émissions de GES et la préservation des ressources naturelles.