Italie : la Campanie s’illustre dans le ramassage des déchets
Ce qui est frappant est sans acun doute la propreté des rues. A Mercato San Severino, petite ville de Campanie, près de Salerne et non loin de Naples, qui croule volontiers sous les déchets, le spectacle ne peut échapper à l'oeil. Les trottoirs sont nets. Pas de tas, ni de sac ou autre détritus à terre. Les seuls conteneurs qui ornent la ville sont ceux destinés à la collecte du verre ...
"On a laissé les conteneurs à verre parce que le verre est fragile et aussi parce qu'organiser le collecte en porte à porte peut poser des problèmes", explique le premier adjoint au maire, Giovanni Romano. C'est lui qui, en qualité de maire, en 2001, a lancé le tri sélectif. Avec une particularité : la quasi-disparition des conteneurs dans les rues. "Les gens sont trop paresseux. Ça ne pouvait pas marcher. Nous avons choisi le modèle du ramassage à domicile : nos éboueurs passent chez l'habitant. Chacun est tenu de remettre, selon un calendrier précis, le plastique ou le carton, les déchets "humides" ou encore la partie non recyclable des ordures ménagères."
Le ramassage à domicile est complété par un système qui permet de récompenser ceux qui participent à cet effort collectif. "Sur les sachets, l'usager applique un code barre que nos employés enregistrent. A la fin de l'année, la facture "ordures" sera plus ou moins réduite en fonction des remises", souligne Giancarlo Troiano, responsable des impôts de la municipalité. "Seraient-ce des martiens ?" interrogeait, récemment, le quotidien Corriere della Sera qui a consacré un article à cette commune du sud qui parvient à réaliser 65 % de tri sélectif.
Le vrai problème, en fait, qui se pose est celui de savoir ce que l'on fait des déchets récupérés... La Campanie est en retard dans la construction de sites de traitement adéquats. Ainsi, la partie « humide » des ordures de Mercato San Severino, celle qui devient compost, doit être envoyée en Sicile moyennant un coût quatre fois supérieur à ce qu'il serait si la région disposait d'un centre adapté à proximité.
Ouf! Le plastique a trouvé sa solution aux alentours de Naples. Paradoxalement, l'usine, spécialisée dans le recyclage des bouteilles en plastique, fonctionne à moins de 50 % de ses capacités : 10 000 tonnes sur 22 000 possibles. "Sur les 10 000 tonnes traitées, 7 000 viennent du reste de l'Italie et quelquefois même de l'étranger, raconte Antonio Diana, un responsable du site. Quand je vois les montagnes d'ordures sur les trottoirs de certaines villes de la région, je m'arrêterais bien pour embarquer les bouteilles de plastique..."
Cela étant, le tri sélectif à grande échelle dans la région n'est pas pour demain. Le choix de quatre nouvelles décharges décidé par le gouvernement risque d'engendrer de nouveau affrontements entre populations locales et forces de l'ordre. Dans une région qui représente à elle seule, 43 % du "territoire pollué" d'Italie, personne ne veut une seule décharge supplémentaire.
Et la situation devient préoccupante. Fin juin, la Commission européenne a adressé un premier avertissement écrit à l'Italie pour "infraction à la législation communautaire en matière de déchets", avec une demande de renseignement sur les mesures prises "pour protéger la santé humaine et l'environnement dans la région".
Vendredi 6 juillet, le gouvernement a annoncé le changement de commissaire à "l'urgence ordures" en Campanie... C'est sans doute une bonne chose. Sauf que l'urgence dure depuis 14 ans...