Jurisprudence : encore du rififi avec les refiom
Le stockage des Refiom à la mode allemande fait encore parler de lui... Suite au jugement de la Cour Administrative d'Appel de Versailles relatif à l'exportation de ces déchets vers la mine d'Hattorf, la Cour Administrative d’Appel (CAA) de Versailles confirme la requalification en « élimination » de l’opération qui consiste à stocker les REFIOM en mine de sel (voir notre exposé). Elimination et non valorisation : tel est le verdict énoncé, à la grande satisfaction de la Fnade et de ses adhérents…
La FNADE, avec quelques années de pratiques en matière de stockage de déchets, avait attiré l’attention des pouvoirs publics et de la presse sur des transferts pour le moins controversés, consistant à exporter des déchets dangereux en Allemagne sous couvert d’un artifice juridique de qualification de « valorisation ».
Le MEDAD contestait la qualification d’opération de valorisation retenue par des syndicats de communes pour le transfert transfrontalier de REFIOM (résidus d’épuration de fumées d’incinérateurs d’ordures ménagers) en vue du comblement de galeries désaffectées de la mine de sel d’Hattorf en Allemagne.
Les deux cours administratives d’appel de Douai* et de Versailles** sur l’appel interjeté par le MEDAD de deux jugements des juridictions de première instance de Lille et de Versailles, ont confirmé la décision du Préfet ou de la DRIRE objectant aux notifications d’exportation de REFIOM vers la mine de sel sous la qualification de valorisation.
Pour arriver à cette conclusion, les deux cours administratives d’appels se sont fondées sur les faits suivants :
La cour d'appel de Versailles a fondé son appréciation principalement sur le fait que les REFIOM ne permettent pas d'économiser des ressources naturelles, car ils se substituent à d'autres déchets, tels que des résidus miniers ou des gravois.
La cour d'appel de Douai a estimé que le comblement de la mine de Hattorf par d'autres matériaux que des REFIOM ne s'imposait pas à court terme et que les REFIOM ne convenaient pas particulièrement au comblement compte tenu du risque d'ennoyage inhérent à la mine et au danger présenté par les REFIOM.
La Cour administrative d’appel de Versailles a relevé que l’opération devait être requalifiée d’élimination alors même que la mine avait été désignée « par les autorités allemandes comme un centre de valorisation ».
Ainsi selon le juge administratif, nonobstant l’instruction au cas par cas de chaque dossier de notification, le comblement d’une mine de sel par des REFIOM ne peut être qualifiée d’opération de valorisation si des stériles miniers, donc d'autres déchets, sont disponibles en quantité suffisante en surface pour permettre le comblement des galeries désaffectées.
« En effet, les REFIOM, qui ne présentent pas d'aptitude particulière pour le comblement, compte tenu du risque d’ennoyage de la mine (sic : voir notre exposé), ne remplissent pas de fonction utile puisque d’autres matériaux, à savoir les stériles, peuvent et devraient être utilisés pour le comblement, selon la directive 2004/35 du 15/3/2006 sur la gestion des déchets miniers.
Ces arrêts ont une portée d’ordre plus général puisque dix des douze mines actuellement recensées comme recevant des REFIOM pour des opérations de comblement, disposent de stériles miniers. Il est vraisemblable que le Conseil d'Etat se prononcera sur cette question, à la demande des syndicats de communes concernés.
Le pourvoi devant le Conseil d'Etat est non suspensif. La FNADE considère que ces deux décisions contribuent au développement durable étant donné les risques d'ennoyage des mines de sel et les conséquences environnementales en cas de dépôt de déchets dangereux », explique en substance la présidence de la Fnade.