La filière du surf glisse sur la vague du recyclage
Que dire des voyages à travers le monde en avion, des envois de vêtements dans des sacs polybag à des milliers de kilomètres du lieu de fabrication?... Même si les surfeurs ne sont pas les seuls à le faire, ces pratiques ne sont pas sans impacts importants. Ces polybags par exemple, dont Eurosima- la fédération professionnelle des industriels de la glisse- estime l'utilisation à quelque 50 millions d'unités chaque année, rien que pour la filière européenne, contribuent à l'épuisement des ressources, à la diffusion de matières toxiques dans l'écosystème marin par décomposition dans les sols et les rivières. Le plus souvent, quand même, ces polybags finissent en déchèterie.
Des changements ont donc été opérés afin de réduire l'impact de ces polybags. Les industriels ont collectivement ramené de 50 à 40 microns l'épaisseur du film plastique, réduisant ainsi de 600 à 480 tonnes la masse de leurs déchets annuels. C'est un petit pas, mais qui gagne à être généralisé. Des réflexions ont aussi été menées autour de l'utilisation de certaines matières premières (polyéthylène, polypropylène) en vue de leur remplacement. Pour le moment, ni les bio-plastiques, ni les polyesthers fragmentables n'ont obtenu l'adhésion du secteur. Les premiers sont trop onéreux et les deuxièmes ne présentent pas un bilan écologique favorable...
C'est dans une démarche environnementale que Rip Curl, Quicksilver, Billabong et Volcom se sont portés volontaires, il y deux ans, pour participer au projet de la mise en service d'une filière de recyclage. Elle consiste à collecter des polybags dans leurs magasins et franchises, soit 300 points de vente en France, pour les rapatrier ensuite dans le Sud de l'Aquitaine où ils disposent chacun d'un centre logistique et de broyage. L'impact en carbone de cette solution peut laisser à désirer, mais au moins les polybags sont recyclés et valorisés en sacs-poubelle (par une entreprise locale). Les professionnels cherchent à étendre ce dispositif à d'autres marques.
En ce qui concerne les combinaisons en néoprène, les défis sont aussi importants. Le néoprène n'est pour l'instant pas remplaçable, et les déchets des matières en néoprène sont très polluants. Rip Curl s'est déjà mobilisé, il y a deux ans (voir notre article ici), sur le thème de leur recyclage. Des solutions sont aujourd'hui envisagées pour traiter les quelque 1 000 tonnes de déchets que produit chaque année la filière, auxquelles s'ajoute un stock de 20 tonnes de combinaisons usagées. Ces matières pourraient être prochainement valorisées en semelles de chaussure, en béton antifissure ou antibruit, en revêtement routier, en plaque d'étanchéité ou bien en roues de chariot. Les possibilités ne manquent pas ; une décision est attendue en 2011.