La grippe aviaire transforme les palmipèdes en combustible…
Début janvier, la France a lancé une politique d'abattage massif des palmipèdes, au nom du principe de précaution : 556 communes du sud-ouest sont touchées par cette mesure drastique qui fait de ces animaux des déchets, lesquels doivent être traités de manière spécifique, un traitement qui débute dans les usines d’équarrissage transformant ces animaux en farine, avant que celle-ci ne serve de combustibles dans les cimenteries…
L'abattage préventif et massif de canards mis en place depuis janvier dans le sud ouest (Landes, Gers, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne) nécessite évidemment une organisation spécifiques pour traiter les déchets qui résultent de ces mesures drastiques.
Après que les palmipèdes aient été euthanasiés à l'abattoir (quatre sites ont été réquisitionnés dans ou à la limite des zones concernées), les carcasses sont acheminées à l'équarrissage (il existe une quinzaine d’unités de ce genre en France qui traitent chaque année, des dizaines de milliers de tonnes de carcasses, tous animaux confondus), une étape incontournable qui vise à transformer les cadavres d’animaux. La procédure mise en œuvre est très stricte : transportés par camions équipés de contenants étanches ou bâchés et soumis à des règles de biosécurité très rigoureuses, chaque camion est d’abord entièrement désinfecté avant de quitter l’abattoir afin de ne pas risquer de propager le virus lors de l'acheminement vers les usines d'équarrissage (et seront d’ailleurs nettoyés et re désinfectés au départ de l’usine) ; là, chaque jour, des milliers de palmipèdes sont broyés, cuits à haute température et à haute pression, avant d’être transformés en farines qui seront ensuite stérilisées. Ces farines ne devant pas être utilisées dans l’alimentation animale, elles font office de combustibles du fait de leur haut pouvoir calorique et sont le plus souvent utilisées en cimenteries, grosses consommatrices d'énergie, qui depuis une vingtaine d'années, servent de principal exutoire via la « valorisation énergétique » des déchets animaux.
Avec la crise de la vache folle, les cimentiers (qui avaient été réquisitionnés par la puissance publique) avaient ainsi, jusqu'en 2003/2004, écoulé jusqu'à 400 000 tonnes de carcasses bovines par an (quand cette industrie exprimait un besoin d'un million de tonnes de déchets énergétiques pour mener à bien ses productions) : si cette période est révolue, l'industrie cimentière continue à écouler environ 120 000 tonnes de farines animales par an provenant de l'équarrissage. La nouvelle crise sanitaire, résultant de la grippe aviaire, génère des quantités bien moindres, bien que ce sont des centaines de milliers de palmipèdes qui sont tués depuis ce début janvier : l'équivalent de 1000 tonnes de canards sont écoulées chaque mois sous forme de combustibles, dans les fours cimentiers qui assurent une combustion à 2000°, une température qui selon l'Ademe détruit 100% des molécules organiques.
Il reste que la principale source d'approvisionnement énergétique autre que fossile, ce sont les 250 000 tonnes annuelles de CSR, fabriqués à partir de déchets industriels et ménagers ne pouvant être triés et valorisés ailleurs, pour les cimentiers.