106 personnes sont concernées ; tout le monde est inquiet : le chômage technique risque fort de durer, encore, encore, encore… Combien de temps encore ??? Car enfin, cela fait plus d’un an que leur usine est en « activité partielle de longue durée »...
Les problèmes ne datent pas d’hier…
Le territoire de 17 hectares sur lequel s’étend cette usine centenaire, installée à Nanterre, qui emploie encore plus de 100 salariés, est très convoité. Proche de la Défense, desservi par le RER A et l’A86, le terrain intéresse de grandes entreprises qui souhaiteraient s’y installer…
Depuis des années, la rumeur de fermeture de cette papeterie, qui ne bénéficie plus d’aucun investissement de la part de son propriétaire, le groupe Smurfitt Kappa, plane sur la ville. La fermeture de l’usine, non encore officielle, semble toutefois de plus en plus inéluctable. Le 5 mars 2009, la ville de Nanterre annonçait la décision du groupe Smurfitt Kappa d’examiner les propositions d’évolutions des 17 hectares de l’emprise foncière arguant de leur refus d’investir dans la modernisation de l’usine devenue obsolète.
Le maire (PC) de Nanterre, Patrick Jarry, n’a pas manqué de piquer une belle colère, il y a plus de deux ans : le décret portant sur la création d’une zone d’aménagement différé (ZAD) sur l’emprise du territoire des Papeteries de la Seine (Journal Officiel du 4 mai 2008), transférait le droit de préemption des terrains des mains du maire, à celles du préfet…
Lors de la séance du 24 juin de la même année, le conseil municipal, saisi par l’Etat au printemps, avait d’ailleurs émis un avis défavorable. « Cette décision pourrait même être perçue comme une invitation à la fermeture des Papeteries de la Seine », avait d’ailleurs déploré le maire dans un communiqué du 6 mai, soulignant, une fois encore, que les Papeteries pratiquent le recyclage : 190 000 tonnes de papiers cartons par an, dont 38 000 tonnes en provenance de l’Ile-de-France…
Bref : on l’aura compris, le temps passe et rien ne se passe. Alors on craint, on craque. « On aurait dû recevoir un courrier pour la reprise début avril », a expliqué Frédéric Lasgy, délégué du personnel et de la CFDT à notre confrère le Parisien. Il faut un mois et demi pour remettre les machines en route. On n’a pas de nouvelles et une réunion sur l’avenir du site a été annulée la semaine dernière »…
Difficile de vérifier car le proprio, Smurfit Kappa, reste parait-il injoignable. Le directeur intérimaire de la Papeterie de Nanterre, a tout de même signalé que « Smurfit Kappa respecte le plan décidé par la direction : la période d’activité partielle s’achève le 31 mars ».
« Ce chômage technique s’explique par une rentabilité insuffisante aux yeux de nos dirigeants », affirme de son côté Frédéric Lasgy. La production est plus rentable dans les usines espagnoles et allemandes »…
« Mais cela nous dépasse et ne nous concerne pas de toute façon, reprend le syndicaliste. On touche encore nos salaires, mais on veut savoir ce que l’on fera le 1er avril. Si on perd notre boulot, on perdra aussi nos logements ». Près de 40 ouvriers sont logés dans de petites maisons ou appartements attenants à la Papeterie contre un loyer minime.
Site historique implanté à Nanterre depuis plus d’un siècle, la Papeterie produisait chaque jour, il n’y a pas si longtemps, 450 t de papier recyclé en bobines pour la fabrication de carton ondulé. Les besoins en papiers cartons recyclés ne manquent pas ; sauf qu’il paraît que le coût du traitement de l’eau, nécessaire à la fabrication des bobines, serait très (trop) élevé dans notre pays… La rentabilité serait dans ces conditions, difficile à maintenir…
Quoi qu’il en soit, cela fait deux ans que les salariés galèrent. En 2009 en effet, ils avaient été mis au chômage pendant 6 mois…
Les élus de la ville affichent leur soutien aux salariés en détresse. La majorité de gauche de Patrick Jarry, le maire de Nanterre, « soutient le personnel » en détresse, « dénonce avec force la manière dont Smurfit Kappa maltraite les salariés depuis près de deux ans », exige « des éclaircissements » de la part du groupe qui « a refusé toute proposition de dialogue avec la ville ». Telle est la teneur du communiqué dernièrement édité par la mairie.