La « poubelle » francilienne a encore perdu du poids
In fine, il apparaissait aussi, que près de 2 millions de tonnes de déchets recyclables atterrissent dans les OMR, soit plus de la moitié du gisement. Le tout mettait en valeur qu'il restait fort à faire pour capter ces gisements afin de leur éviter les traitements classiques que sont l'enfouissement ou l'incinération.
2018... Comme chaque année, l'Observatoire régional des déchets en Île-de-France présente le bilan sur les déchets ménagers et assimilés qui désignent les déchets produits par les ménages et les déchets issus d'activités économiques. Si le temps de la collecte et du traitement des infos impose un léger décalage, ce suivi régulier permet d'observer les évolutions sur le long terme. Le premier constat qui « parle » est que les quantités de déchets ménagers diminuent (le Francilien a réduit ses déchets ménagers de 52 kg sur 15 ans, et de 10 kg par rapport à 2014), mais que le recyclage stagne...
Selon le rapport annuel de l'Observatoire régional des déchets en Île-de-France, ce sont au total, 5,48 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés qui ont été collectés en 2015, soit en moyenne 454 kg/habitant, contre 464 kg/habitant en 2014, et 506 kg/habitant en 2000. L'Ordif a pu établir que la poubelle moyenne annuelle du Francilien contient notamment 0,5 kg de biodéchets, 20 kg de verre, 35 kg d'emballages et papiers, et 289 kg d'ordures ménagères résiduelles. La baisse s'expliquerait surtout par la réduction des OMR (289 kg, soit -108 kg/habitant depuis 2000, -4,6 kg/habitant par rapport à 2014). En revanche, il est avéré que les quantités de déchets recyclables ont augmenté depuis 2000 (+4 kg/habitant pour le verre, +16 kg/habitant pour les emballages et papiers), mais stagnent depuis 2014 (respectivement +0,7% et +0,3%).
C'est en Seine-et-Marne que cette baisse des ordures ménagères résiduelles a été la plus marquée, avec -7 kg/habitant entre 2014 et 2015, ainsi que dans les Hauts‑de-Seine et le Val-d’Oise avec -6 kg/habitant.
Si cette réduction peut bien évidemment s'expliquer par "la prévention", un message régulièrement martelé via les campagnes de communication et de sensibilisation qui ont pu favoriser "une prise de conscience chez les Franciliens sur la nécessité de mieux consommer et de moins jeter", nul doute que "la crise économique", avec à la clé, les déficits constatés dans bien des porte-monnaies aura certainement (et parfois sérieusement) impacté "le niveau de consommation des ménages, d'où il découle les quantités de déchets ménagers produites et par conséquent collectées".
A ces élements probants, s'ajoute le détournement d'une fraction des OMR, une donnée qui n'a pas échappé à l'Ordif : "il peut y avoir une baisse artificielle des tonnages, liée au détournement des ordures ménagères résiduelles vers d'autres circuits de collectes, exercés hors service public à travers des structures de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et des distributeurs".
Les déchets occasionnels, composés d'encombrants et de déchets divers, confiés notamment aux déchetteries, s'évaluent à environ 110 kg/habitant (dont 49 kg d'encombrants, 28 kg de déchets verts et 23 kg de déchets de construction et démolition), ce qui représente au total 1,33 million de tonnes collectées dans les déchetteries franciliennes, soit une biasse constatée de près de 61 000 tonnes par rapport à 2014.
Au 1er janvier 2016, la région Ile-de-France comptait 174 déchetteries fixes, soit une installation pour 69 000 habitants, contre une pour 14 000 en moyenne sur l'ensemble de la France, et plus de 50% des déchets étaient incinérés. Et l'Ordif de conclure qu'avec seulement 27% des déchets recyclables orientés (en 2015) vers le recyclage, "l'Ile-de-France dispose d'un fort potentiel de recyclage supplémentaire", équivalent à 2 millions de tonnes par an de déchets recyclables encore mixés aux ordures ménagères, parce que non triés.