Le BVP dit non à une campagne publicitaire sur l'achat éco-responsable
Influencer le comportement d'achat du consommateur en l'incitant à se détourner de certains produits qui ne sont que des emballages en plus alors que l'on peut aisément les remplacer ( dosettes café, rasoirs jetables, lingettes nettoyantes... ) est nécessaire pour diminuer la quantité de déchets produits. Pourtant, alors que le Smictom des Châtelets ( Côtes d'Armor) lance sa campagne d'affiches publicitaires pour inciter le consommateur à réfléchir et à réaliser des achats éco-responsables, le Bureau de Vérification de la Publicité vient d'émettre un avis négatif. Curieux comportement, alors qu'en fin de semaine ce même organisme va signer avec le ministère de l'Ecologie et du développement durable une charte d'engagement en faveur d'une publicité responsable...
La récente Semaine du Développement Durable était l'occasion pour le Smictom des Châtelets ( 136 000 habitants) de faire la promotion de gestes à l'égard de la prévention des déchets. C'est ainsi que sa campagne publicitaire comportait sept visuels incitant les citoyens à réfléchir au moment de leurs courses pour qu'ils fassent des choix de consommation permettant de satisfaire les mêmes besoins en générant moins de déchets. Chaque affiche comportait des incitations à privilégier les produits réutilisables par rapport aux produits à usage unique (ex. rasoir à lames remplaçables versus rasoir jetable), les produits sans emballages (ex. eau du robinet versus eaux embouteillées) ou encore les alternatives simples (ex. : serpillière versus lingettes). Tout cela semblait bien fondé, mais c'était sans compter les sages du BVP qui ont décidé d'émettre un avis négatif. Pour motiver leur décision, ils ont indiqué que cette campagne est "de nature à porter gravement atteinte à des secteurs économiques", ajoutant en particulier que "certains emballages, formes de produits, marques" sont "identifiables". Du coup, certaines sociétés telles que Métrobus, qui gère les espaces publicitaires sur les bus de l'agglomération, ont refusé d'apposer cinq de ces visuels sur sept. Heureusement, d'autres afficheurs ont accepté de les diffuser.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. France Nature Environnement a rappelé que le BVP s'engage cette semaine en faveur d'une publicité responsable, et qu’un des engagements du Grenelle a pour objectif de « taxer les produits fortement générateurs de déchets ». Son responsable déchets, Bruno Genty a même déclaré que « Le BVP ferait bien de mettre son énergie à défendre une publicité éco responsable et non une publicité éco alibi !». Il souligne que "le BVP a par le passé fait preuve d’un certain laxisme envers certains annonceurs, en invoquant des manques de moyens et un rôle uniquement consultatif, il est scandaleux, de le voir s’opposer à des messages éco responsables émis par une collectivité en direction des citoyens » et conclut ainsi : « Ce n’est pas aux marchands de dicter –ni même de suggérer- aux collectivités et aux citoyens ce qu’ils peuvent dire ou penser. Conseiller les citoyens afin qu’ils puissent réduire leur production de déchets est une action éco-responsable jusqu’à preuve du contraire ! ».
En même temps, cette décision du BVP peut aussi être interprétée comme un signal fort positif. En effet, il se pourrait bien que le marketing des producteurs ait bien du mal à faire face à la montée en puissance d'un comportement écologique et respectueux du consommateur. Surtout que celui-ci est une priorité à encourager afin d'initier la nécessaire réduction des quantités de déchets.
Visuel sur les rasoirs jetables
Visuel sur l'eau en robinet
Visuel sur le café