Le chef de file du nouveau réalisme est décédé : hommage à Arman
Né à Nice le 17 novembre 1928, Armand Pierre Fernandez, alias Arman, est décédé samedi 22 octobre 2005 à New York d’un cancer, à l’âge de 76 ans. Le sculpteur avait la double nationalité française et américaine. Signataire puis chef de file du nouveau réalisme, son œuvre a été marquée par les accumulations, les empilements, le détournement et la compression d’objets manufacturés...
Les Parisiens et les voyageurs qui transitent par la gare Saint-Lazare connaissent au moins deux des œuvres d’Arman, installées sur le parvis : l’une représente des valises et des sacs de bagages entassés, l’autre des horloges. Arman s’est constitué témoin critique de la société de consommation au travers d’une œuvre monumentale, en découpant, empilant et entassant, transformant et assemblant aussi bien des poubelles que des vélos, des fers à repasser que des fourchettes : en 1992, il a empilé 120 fourchettes baptisées les Gourmandes.
Plus récemment, il participait de bon cœur à la sollicitation des verriers qui ont demandé à des artistes de renom d’imaginer le conteneur à verre du 3ème millénaire, et ce afin de promouvoir le recyclage du verre d’emballage. Une exposition itinérante inaugurée à Paris en 1998 et qui poursuit sa route, en s’installant dans toutes les villes de France.
Les colères de l’artiste sont célèbres.
La plus retentissante a lieu en 1975, à New York, lorsqu’il détruit à la hache et au marteau un intérieur bourgeois dans une galerie d’art. Mais il ne se contente pas de malmener, casser ou brûler des pianos à queue, des violons, ou des fauteuils. Le sculpteur doit également sa notoriété à des œuvres qui dénoncent la destruction due à la guerre. Il compile par exemple des masques à gaz ; et sa plus grande sculpture en volume est réalisée en 1995 sur la place de Beyrouth (Liban) : elle représente sur une hauteur de quelque trente mètres, une accumulation de 6 000 tonnes de béton, de chars et de canons qui symbolisent quinze ans de désastre.