Banque de premier ordre en France mais aussi à l’échelle européenne, le Crédit Agricole possède un parc de plus de 12 millions de cartes bancaires en circulation. Si le moyen de paiement est pratique pour ses utilisateurs, ses composants métalliques et plastiques ne sont pas sans intérêt. D’où l’idée de miser sur la récupération et le recyclage des cartes hors d’usage, une opération de grande envergure qui permettra de récupérer, cash, des métaux rares, notamment. Mais ce n’est pas tout ! La Banque, qui veut aussi troquer le PVC de la carte contre du bioplastique…
Les dés sont donc jetés et la mise est d’importance : depuis quelques jours, en effet, le Crédit Agricole teste sa filière de collecte des anciennes cartes bancaires, dont la durée de vie est limitée à 3 ans maxi, pour des raisons de sécurité.
La phase expérimentale de cette collecte, qui est organisée dans six caisses régionales (Alsace-Vosges, Aquitaine, Centre-Est, Centre-Loire, Côtes d’Armor, Nord-Midi-Pyrénées), doit permettre de quantifier la proportion des clients qui ramèneront leur carte périmée (ou en opposition) en agence, au lieu de la jeter coupée en deux, ou en quatre, dans une poubelle.
Selon la banque, des enquêtes ont montré que les clients seraient plutôt favorables à cette initiative.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les cartes périmées suivent pour la plupart, le circuit des déchets ménagers, l’enfouissement comme l’incinération ne permettant pas de récupérer les pièces précieuses contenues dans la puce, à savoir les métaux. D’où l’idée de financer une toute nouvelle filière de récupération et de traitement dédiée, afin de permettre la valorisation matière des cartes bancaires usagées. On demandera aux clients de rapporter les cartes périmées en agence, lesquelles seront recyclées en collaboration avec une entreprise spécialisée : les composants métalliques contenus dans les anciennes cartes seront réutilisés dans la fabrication de nouveaux produits dans d’autres secteurs comme l’automobile, les télécommunications, ou le bâtiment…
L'enjeu est loin d’être mineur : il s’agira de recycler les métaux rares de la puce. Une première mondiale, selon la banque, qui souhaite également, du moins sur son réseau, que le PVC soit interdit bancaire au bénéfice du bioplastique…
Concrètement, dès le début 2014, toutes les caisses régionales de Crédit Agricole SA devraient avoir mis en place ce nouveau service de collecte et, d'ici 2017 le bioplastique PLA (acide polylactique) devrait avoir remplacé le PVC dans 100% des cartes de la banque : une façon de s’émanciper du plastique provenant du pétrole dont les prix n’iront pas à la baisse.
Conçu à partir d’amidon de maïs cultivé sur des parcelles non OGM aux Etats-Unis (variété de cultures d’application industrielle) puis transformé en Europe, ce matériau est déjà parfois utilisé pour la fabrication de certains emballages. Le Crédit Agricole précisant que les terres utilisées sont à usage agro-industriel depuis des années et que la surface requise est minime : à terme, pour produire 5 millions de cartes annuelles (sur 12 millions de cartes Crédit Agricole en circulation), 7 hectares suffiront.
« En France, nous n'avons pas trouvé de filière PLA à une échelle suffisante pour nos besoins », a précisé Stanislas Pottier, directeur Développement Durable de la banque, pour justifier le fait que le maïs utilisé pousse dans le Nebraska.
A terme, le Crédit Agricole entend soutenir la constitution d’une filière d’approvisionnement française. La carte bancaire conserve toutes ses propriétés en termes de solidité. Les réseaux Visa et Mastercard ainsi que le Groupement des Cartes Bancaires en France ont autorisé l’émission du matériau en PLA.
Pour ce qui est du recyclage à proprement parler, cette première phase permettra aussi, de valider le process industriel : les cartes, broyées, seront transportées en camion jusqu'à l'usine belge d'Umicore, un poids lourd en matière de recyclage des métaux : le cuivre et le nickel contenus dans la puce, à peine 5% du poids d'une carte (laquelle pèse 5,2 grammes) seront séparés du plastique.
Il va de soit que dans un premier temps, la revente des métaux récupérés ne couvrira pas les coûts ; le Crédit Agricole devra donc payer le recycleur. Répercutera-t-elle ces surcoûts sur le client alors que celui-ci fait cadeau de sa vieille carte? On ne sait. Toujours est-il que rapidement, le banquier prévoit une collecte de 10 tonnes de cartes par an, ce qui correspond environ 500 kilos de puces. A ce stade, la filière serait équilibrée.