Le déchet coûte cher aux entreprises comme aux particuliers ; une idée à mettre en avant afin d’inciter à réduire, réduire et réduire encore les quantités à éliminer…
Cela étant dit, l’objectif concernant les OM est clairement fixé et facile à mémoriser : -7% par Français dans les 7 ans qui viennent.
Beaucoup moins bien établi, est le score à battre pour ce qui est des déchets provenant des activités économiques. Etrange quand on y pense puisque la loi Grenelle avait indiqué des chiffres concernant l’ensemble des masses produites : - 15% de déchets incinérés ou stockés entre 2008 et 2012, et un taux de recyclage atteignant 75%...
Il est sans doute plus facile de quantifier les déchets des ménages (crise ou pas, on mange tous les jours, pour faire court), ce qui est peut-être moins le cas des déchets industriels, dont les quantités sont peut-être beaucoup plus fluctuantes parce que plus directement dépendantes de la situation économique du pays et donc du quotidien des entreprises…
On retiendra néanmoins que malgré la crise, la production totale des déchets a enregistré une hausse à 355 millions de tonnes (donnée arrondie), soit + 3% par rapport aux tonnages de 2008. Selon les projections qui sont établies, il parait que le PIB du pays enregistrera une progression de 1,5% entre l’an prochain et 2020. Aussi, il y aurait du mouron à se faire question réduction des volumes de déchets produits…
D’où l’idée d’expliquer les choses autrement : le déchet coûte pour être évacué puis traité. Réfléchir avec pour objectif d’en produire moins serait une source d’économies non négligeables.
Selon une étude de l’Ademe, il n’est pas rare que les entreprises ignorent même les montants cumulés de ce que coûtent leurs déchets. Une enquête de 2010 établit d’ailleurs que 50% des entreprises connaissent avec précision ce qui est réglé au prestataire privé ou au service public : de l’ordre de 0,5% du chiffre d’affaires, ceci correspondant aux coûts externes. Pour ce qui touche aux coûts internes, liés à la manutention et au tri des déchets, aux coûts des pertes (chutes de production), aux coûts des emballages, on est généralement dans le flou artistique. Or, dixit l’Ademe, l’ensemble « représenterait jusqu’à 40 fois le montant de la seule facture de gestion des déchets pour une entreprise ». C’est bel et bien à ce niveau qu’il faudrait pouvoir faire autrement et mettre en œuvre de vraies politiques de prévention. Si l’impact de celles-ci permettait de vendre moins cher les produits, ou bien de limiter les licenciements, ou encore de permettre aux salaires de progresser sans dépenser plus, vous imaginez l’intérêt que pourraient avoir de pareilles pratiques…
Il va sans dire que ça ne plairait pas à tout le monde : les chutes neuves, quand elles ne peuvent pas réintégrer les process de production, sont vendues à des entreprises qui pratiquent le recyclage. Moins chères évidemment que ce que la matière a couté à l’entrée. Mais c’est mieux que rien, comme on dit…
S’il est évident que les grandes entreprises maitrisent ces politiques, c’est beaucoup moins systématique dans les petites et moyennes sociétés qui manquent de personnel et d’espace pour trier ; elles ont encore tendance à envoyer en vrac, les déchets produits, en décharge ou en incinération.
Cela étant si l’on fait une petite revue de détail, on s’aperçoit que les producteurs de CSR, par exemple, facturent les déchets nécessaires pour la production de ces combustibles de substitution (plastiques, cartons et autres déchets de bois), au même prix que la mise en décharge de ces DIB, afin de capter les matières. Pour l’entreprise productrice de ces déchets, c’est une opération qui ne lui coute pas plus cher. Sauf qu’elle a la satisfaction de participer au recyclage.
De la même manière dans le secteur du recyclage des gravats et déchets de démolition : les recycleurs facturent à l’entrée ces déchets inertes dont ils ont besoin pour produire les graves recyclées ; mieux les déchets des entreprises du BTP sont triés, moins il leur en coute pour les évacuer chez les recycleurs…
Pas très incitatif... du moins selon la Fnade. La fédération nationale des activités du déchet serait partisane d’inciter davantage les entreprises à trier avec un moyen radical qui consisterait à ne taxer que les déchets qui finissent en centres de stockage quand ils n’auraient rien à y faire dès lors qu’ils seraient recyclables. Petit pavé dans la mare ? On ne sait. Cela étant cela va à l’encontre de la philosophie de la TGAP… Encore quelques semaines à attendre : en septembre en effet, le ministère aura sans doute tranché et pris quelques positions…