Le Havre : l'ex décharge, se décharge de ses déchets, à la mer
Plus tard, des arrêtés avaient été pris par la Ville du Havre, afin notamment d'interdire la circulation des camions sur les chemins communaux, lesquels avaient été contestés par des entreprises qui avaient introduit des recours. Toujours est-il qu'au milieu des années 90, avec l'appui de l'Etat, on officialisait la fermeture de cette décharge, qui a néanmoins continué d'accueillir, de manière parfaitement illicite, encore un petit peu de déchets... jusqu'en 1999.
Avec le temps, falaises et déchets se sont mixés, imbriqués, sans que cela n'ait gêné quiconque et pour cause : les déchets abandonnés là appartenant à la famille des intertes, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, d'autant que le lieu dit Dollemard, est au milieu de nulle part, et que les conciences n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui.
Sauf que des phénomènes d'érosion couplés à des périodes de fortes tempêtes et de grandes marées ont mis à nu une autre déco, liée à ces décharges situées en pied de falaises : des caoutchoucs, ferrailles & métaux et surtout des plastiques (et oui, encore eux) sont mis à jour, s'échappent régulièrement de la masse frappée par les marées, et polluent la plage de galets, quand ils ne partent pas en mer... ou n'atterrissent vers la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine, à proximité du moins à vol d'oiseau.
La ville du Havre située non loin, s'est fortement mobilisée pour limiter les dégâts, en attendant mieux : elle finance depuis 2009, un ramassage hebdomadaire de ces plastiques, lequel est effectué par un chantier d'insertion, Aquacaux, les membres des équipes étant assujettis à des contraintes particulières, puisqu'ils ne peuvent pas utiliser d'engins classiques, faute d'accès possible, et ne doivent surtout pas tirer sur les déchets afin de les extraire en force (ce qui pourrait générer des éboulements) : une à deux tonnes par an sont ainsi récupérées, moyennant un coût de 22 000 euros par an. A dos d'hommes, les 5 ou 6 équipiers remontent à raison de 70 ou 80 kg au total par passage, les déchets qui se sont détachés, afin qu'ils ne partent à vau-l'eau... Et à chacune de leur descente, rebelote...
Il faut précisé que si ce dossier n'a jamais vraiment été enterré, il est revenu sur la table, aux lendemains de la tempête Eleanor : la plage s’est alors recouverte de déchets en un temps record...
Les pouvoirs publics (Ville, sous-préfecture, Région, Département ainsi que le Conservatoire du littoral) ont convenu, lors d'une réunion qui s'est tenue le 15 mars dernier, qu’il devenait nécessaire d'actualiser une étude menée afin de disposer d’un diagnostic environnemental du site de ces anciennes décharges de Dollemard, dont les résultats avaient été rendus en 2011 : ces travaux évaluaient différentes solutions possibles pour traiter le problème, les obstacles techniques à surmonter, avec évidemment un chiffrage financier correspondant : pour une extraction complète des déchets et la remise en état du site, l’étude tablait sur un coût hors taxe situé entre 17 et 21,5 millions d’euros (à la clé, une question : qui fevra payer? Vingt-quatre ans après la fermeture de la décharge, difficile de faire payer les vrais responsables), tout en pointant, entre autres, le risque "d'une déstabilisation de la falaise" en cas d'excavation.
Ce premier travail avait été lancé à l'initiative de la mairie quant à ce qu'il pouvait être mis en oeuvre pour gérer ces 400 000 tonnes de déchets, au moins, stockés au Dollemard, soit environ 217 260 m3.La quantité de déchets posant des problèmes environnementaux (plastiques, caoutchouc) est estimée à 3 950 tonnes et ceux posant des problèmes de sécurité (ferrailles & métaux) sont estimés à 11 850 tonnes. Pour consulter les conclusions de l'étude : cliquer ici. "La mise en œuvre d’une solution définitive prendra du temps", admettent les services de la ville qui ont concrétisé l'opération régulière de ramassage.
Le Ministère de l'Ecologie a fait savoir en juin dernier, qu'il demandera à l'Ademe et à l'Agence de l'Eau, la prise en charge de 70% du coût de cette nouvelle étude (entre 100 et 150 000 euros) ; les 30% restants seraient financés par la Ville du Havre, dont les services nous ont confirmé que le cahier des charges est prêt, que l'appel d'offres sera lancé à la rentrée, et que début 2019, dès lors que le marché de l'étude aura été attrribué, débutera ce nouveau travail qui devrait durer 6 mois, environ...