Le marché des déchets est entré dans une nouvelle ère
Dans les pays développés, la prise en charge des déchets a suivi une progression en 3 temps. Pendant des centaines d’années, la relative simplicité des activités humaines s’est traduite par des rebuts essentiellement organiques : en conséquence, les autorités locales se contentaient le plus souvent de les éloigner des lieux d’habitation, dans une logique de salubrité publique. A partir de la seconde moitié du XXème siècle, la préoccupation grandissante pour la préservation de l’environnement a donné lieu à de nouvelles pratiques visant à minimiser les impacts de l’élimination des déchets sur les zones d’habitation. La plupart des pays concernés sont désormais entrés dans une troisième ère, dans laquelle l’enjeu est de contribuer à la gestion de ressources devenues rares. Dans le dernier numéro de son magazine, Suez Environnement fait le point sur ces marchés prometteurs...
Le cadre réglementaire est un élément déterminant de la nature des activités de traitement des déchets et donc des services proposés par les opérateurs. A ce titre, l’Union européenne a joué un rôle précurseur en établissant, dès 1975, un cadre de gestion coordonnée des déchets dans les Etats membres. Une nouvelle directive a été adoptée en 2008 afin de stimuler l’effort de valorisation ; elle confirme ainsi une hiérarchie des modes de gestion des déchets en recommandant, par ordre de priorité : la prévention, la réutilisation, le recyclage, la valorisation biologique ou énergétique et l’élimination.
Elle fixe également des objectifs chiffrés concernant notamment le réemploi et le recyclage des déchets des ménages. Il appartient aux Etats membres de déterminer les moyens adaptés pour appliquer cette politique européenne. Plusieurs types d’instruments sont à leur disposition : instauration de dispositifs financiers incitant à la valorisation, taxation des tonnages éliminés, détermination de standards contraignants, comme l’obligation du tri préalable, etc.
Nouvelles exigences réglementaires, importance des volumes de déchets, augmentation du prix des matières premières... : les conditions semblent actuellement réunies pour privilégier les procédés de traitement les plus élaborés et renforcer la dimension industrielle du métier. Déjà, les unités de déconstruction des VHU, avec leur succession de robots automatisés, offrent le même type de spectacle qu’une chaîne de montage. Pour construire et exploiter les futures installations, il faudra pouvoir mobiliser des investissements importants et des compétences techniques adaptées. "Dans ce nouveau contexte, les opérateurs devront non seulement maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, mais aussi être capables d’innover en permanence pour rester présents sur ce marché de plus en plus exigeant", précise Suez Environnement.
A l’instar de la plupart des pays occidentaux, les pays émergents (Europe centrale et de l’Est, Afrique du Nord, Moyen-Orient, Chine) mettent en place, petit à petit, en fonction de leur croissance, un marché organisé de la propreté, instaurant une politique volontariste, une réglementation environnementale et une stabilité contractuelle. L’une des conséquences est généralement la mise en place d’une autorité compétente pour le traitement des déchets ; celle-ci peut choisir de déléguer tout ou partie de sa responsabilité à un opérateur privé comme Sita. Les entreprises qui sont responsables des déchets issus de leurs activités ont également cette possibilité.
Dans chaque pays, les opérateurs doivent tenir compte des particularités géographiques et culturelles. Les Pays-Bas, par exemple, où le sol se situe fréquemment au-dessous du niveau de la mer, ont choisi de privilégier l’incinération plutôt que l’enfouissement. Par exemple, Sita s’adapte à ces spécificités en confiant le pilotage et la réalisation des projets à des équipes recrutées sur place sous la forme d’une organisation s’apparentant à une confédération d’entreprises locales.