Le point sur le marché et le recyclage du polyuréthane
Jean-Charles Caudron de l'Ademe a récemment publié une étude sur le marché du polyuréthane ainsi que sur les techniques de recyclage qui a le mérite de permettre d'accéder à une synthèse sur la situation actuelle. En bref, voici les principaux enseignements...
Le marché
Au niveau de la production, l'industrie des polyols et des isocyanates qui constituent les deux composants des polyuréthanes est entre les mains de quelques grands groupes chimistes.
Par ordre décroissant les applications du polyuréthane sont:
34% mousses flexibles bloc
28% pour des applications spécifiques:adhésifs, couchage, élastomères, liants, étanchéité, semelle, chaussure)
18% mousses rigides pour l'isolation en bâtiment application
12% en mousses flexibles moulées
8% en mousses rigides pour l'isolation électroménager
Sur le plan européen, l'utilisation est croissante grâce à la demande du consommateur (plus de confort pour l'automobile, les chaussures, l'ameublement, plus d'isolation dans les bâtiments): prévision de progression annuelle de 2,2% entre 2002 et 2006 en Europe de l'Ouest pour un volume produit de l'ordre de 2,9 millions de tonnes
En France, la consommation de polyuréthane atteint seulement 220 000 tonnes, inférieure à celle de l'Allemagne et de l'Italie.
Il n'y a pas de producteur et la principale utilisation réside dans la fabrication des sièges automobiles. Le marché Allemand est le plus important tant au niveau de la production que des applications. Cela s'explique aussi par la présence de Bayer et Basf. En Italie, les secteurs de la chaussure et de l'ameublement contribuent au dynamisme de la consommation.
En ce qui concerne les transformateurs, on a constaté une concentration des intervenants: Vitafoam exploite 15 usines en Europe, une vingtaine dans le monde, ce qui représente une consommation de l'ordre de 300 000 tonnes. Eurofoam est un acteur qui consomme aux environs de 250 000 tonnes.
Le recyclage
Depuis une dizaine d'années, plusieurs technologies ont été développées:
Au niveau physique
On a travaillé sur l'amélioration des procédés de broyage (micronisation) pour permettre le mélange et l'incorporation dans la matière vierge.
La technologie Mobius qui est soutenue par le chimiste Dow semble valable. Les succès récents avec le leader des mousses, rectitel, confirment cette appréciation.
Pour les mousses rigides et polyuréthanes Rim, des techniques de pressage avec liants sont aussi industrielles. Les applications sont pour les panneaux, pièces tridimensionelles.
Financièrement, ces applications ne permettent pas encore d'obtenir une valeur ajoutée suffisamment élevée.
Au niveau chimique
Les producteurs, transformateurs ont cherché activement des solutions et de nombreux brevets ont été déposés. Pourtant, le succès commercial n'est pas au rendez-vous...La technologie la plus prometteuse est celle du professeur Bauer mise en place chez Regra en Allemagne. Elle s'adapte à des gisements de taille différentes, et est viable économiquement.
En ce qui concerne les produits en fin de vie, les modèles économiques, et les investissements ne sont pas encore mis en place. Les efforts les plus significatifs se portent sur les sièges automobiles. Les résidus de broyage contiennent une fraction mousse qui peut facilement être isolée, mais il faut la laver et la dépolluer des contaminants organiques avant de pouvoir la transformer. Argonne Salyp sont les plus avancés.
La France est en retard sur ces activités de recyclage. Seule l'unité de Recticel de Langeac (technologie Greiner) est capable de récupérer les chutes de production, de les transformer en flocons afin de produire des mousses agglomérées.
Il faut citer l'initiative de l'Ecole Centrale de Paris et Tbi qui concernait la glycose des déchets de bouteilles de PET en vue de produire du polyol. L'unité de production a été détruite dans un incendie.
Pour en savoir plus: Rapport de l'Ademe sur le marché du polyuréthane et les techniques de recyclage pdf 154 pages