Le président Beaumont s'est éteint et nous a quittés
La disparition de Claude Beaumont, à l’âge de 84 ans, ne peut que « secouer » le monde de la récupération et du recyclage. Le président d'honneur de Federec s’en est allé après avoir consacré quelques décennies à la vie syndicale qu’il affectionnait tant et à laquelle il était si attaché… De fait, le 23 juin dernier, sans le savoir, il intervenait pour la dernière fois, à l'occasion de l'assemblée générale annuelle de Federec Région Parisienne, en qualité de Président de la Commission des Finances de la fédération...
Susceptible, parfois irascible ou versatile mais toujours remarquablement intelligent, doué de bon sens et disposant d’une mémoire hors pair, Claude Beaumont savait tout de l’histoire de la profession et de la fédération mais aussi de l’histoire de France, de l’Art et des Belles Lettres. Erudit, manipulant grec ou latin avec aisance, il savait raconter et émouvoir, avec toujours le même « souci du détail ».
Il nous a quittés samedi 8 juillet au matin, à la suite d’une lourde intervention chirurgicale dont il avait lui-même fixé la date, afin de ne manquer aucune des assemblées générales des syndicats composant Federec.
C’était son Tour de France à lui.
Il n’en a raté aucun.
Passionné tout autant que passionnant Claude Beaumont n’était pas un homme ordinaire : bien souvent, il m'a confié qu'il aimait ou n’aimait pas ; complètement ou pas du tout. Il ne pouvait qu’épouser les causes et s’engager à fond, ou ne pas les connaître.
Le compromis n’était pas son fort et la compromission encore moins.
C’est ainsi qu’à 20 ans à peine, il prenait le maquis. On l’aura compris, on parle de la Guerre.
C’était en 1942. Dans le Vercors.
Quelques années plus tard, la France libérée lui permet de quitter la clandestinité et de diriger peu de temps après, une entreprise de négoce de textiles.
Et puis, avide de réussites qu’il souhaitait multiples, il s’engage dans une carrière syndicale qui sera son leitmotiv, tout au long de sa vie.
De fait, Federec s’est structurée en 1944. Elle est, encore à ce jour, unique dans le monde, du fait de sa composition mais aussi de sa façon de fonctionner.
Acteur incontournable de la Fédération, Claude Beaumont s’est rapidement impliqué dans cette organisation professionnelle qu’il a présidée de 1972 à 1979 et sur laquelle il a misé pour en faire un interlocuteur obligé. Avec le succès à la clé : aujourd’hui, elle participe largement à des réseaux de travail, de réflexion et de proposition, tant régionaux que nationaux ou internationaux.
Membre dès la première heure du syndicat Textiles, il est aussi le créateur quelques années plus tard, de celui des matières plastiques : il avait bien compris l’intérêt tout autant que le devenir de ce "nouveau" matériau susceptible d’être lui aussi récupéré puis recyclé…
L’une de ses fiertés (et il le rappelait aussi souvent que nécessaire, surtout aux petits nouveaux de la profession), aura été aussi, d’être l’un de ceux à qui l’on doit la création et le développement du BIR, Bureau International du Recyclage, organe rassemblant la récupération et le recyclage du monde entier, basé à Bruxelles tout près des instances communautaires… et dont il était Président Honoraire depuis de très nombreuses années.
Il n’a eu de cesse de remuer ciel et terre pour que le Congrès annuel du BIR ait lieu, au moins une fois, à Paris : et le pari a été gagné en 1977.
A cette époque, le monde est bouleversé par ce qu’il est convenu d’appeler les chocs pétroliers.
Claude Beaumont ne désarme pas : c’est une période pendant laquelle les pouvoirs publics s’intéressent au rôle économique des matières de récupération. Il profite de cette brèche et devient l’interlocuteur de l’Anred et de la Délégation aux Economies de matières premières. De fait, c’est à cette époque que l’on commence à prendre en considération ces matières collectées et soigneusement préparées par des professionnels souvent discrets et qui désormais devront apprendre à se montrer au grand jour. Le monde de la récupération devient celui du recyclage et celui des matières premières secondaires celui des matières premières tout court…
Juriste, il l’était résolument et passionnément aussi, peut être parce que la Guerre l’avait empêché en son temps, de poursuivre et achever des études brillamment commencées.
Qu’à cela ne tienne. Claude Beaumont sera Président du Tribunal de Commerce de Paris et pourra exprimer son désir de justice tout autant que ses compétences dans sa spécialité.
Homme de loyauté, il a été décoré de la Croix de Guerre, fait Chevalier de la Légion d’Honneur et nommé Officier de l’Ordre du Mérite. Mais pour ceux qui l’ont côtoyé et qu’il a honoré de son affection, il restera un Grand Monsieur, tout simplement.
Ses obsèques auront lieu jeudi 13 juillet, à 14 heures au cimetière Montparnasse, 3 boulevard Edgard Quinet (Paris 14ème).
A son épouse, ses enfants, petit-enfants et tous ses proches, nous transmettons nos sincères condoléances.